Après une absence de plus de 30 ans, les Éperviers planent à nouveau dans le ciel de Sorel et de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ). S'il n'en tient qu'à François Beauchemin et Marc-André Fleury, les Éperviers feront renaître le hockey junior au Colisée Cardin dès le mois de septembre prochain.

Originaires de Sorel-Tracy, le défenseur des Ducks d'Anaheim et le gardien des Penguins de Pittsburgh et des associés qui se tiennent dans l'ombre pour le moment sont à la tête d'un groupe qui a profité des derniers mois pour planifier le projet.

Armés d'une étude de marché et de garanties financières solides, Beauchemin, Fleury et leurs associés ont déjà convaincu la Ville de faire équipe avec eux.

Lundi dernier, le maire Réjean Dauplaise et les huit conseillers ont adopté à l'unanimité un investissement de 2,5 millions visant à compléter la rénovation du Colisée.

«L'idée de faire revivre les Éperviers nous emballe. Mais on ne s'embarque pas les yeux fermés. Le projet est solide. François (Beauchemin), Marc-André (Fleury) et les gens engagés ne sont pas des deux de pique. Ils sont solides sur les plans de la crédibilité et du financement. Leur engagement a facilité notre approbation», a indiqué le maire Dauplaise, un fidèle des Éperviers qui ont fait vibrer Sorel de leur entrée dans la LHJMQ en 1969 jusqu'à leur déménagement à Verdun en 1977. Ils sont revenus à Sorel en 1979-1980 avant de quitter la région pour de bon pour s'établir à Granby.

Raymond Bourque est le porte-couleurs le plus célèbre de l'histoire des Éperviers. Pierre Larouche et ses compagnons de trio Michel Déziel et Jacques Cossette, ont régné sur la LHJMQ au début des années 70. Pierre Mondou, Lucien Deblois et Steve Kasper ont aussi endossé l'uniforme des Éperviers.

Modernisation

Les 2,5 millions investis par Sorel-Tracy serviront à moderniser les infrastructures: les bandes et baies vitrées doivent être changées. Les bancs des joueurs doivent être modifiés. Des vestiaires, bureaux et un gymnase devront aussi être aménagés.

«Il est hors de question d'emprunter. Je ne veux pas dépasser les coûts en raison des intérêts qui nous seraient imposés. Nous pigerons donc dans nos surplus pour payer les factures. C'est pour cette raison que les travaux seront étalés sur une période de deux à trois ans. Le Colisée étant utilisé par nos jeunes, les rénovations serviront à toute la population», assurait le maire de Sorel-Tracy.

Ça prend une équipe

Les futurs Éperviers comptent sur des investisseurs solides, un bassin potentiel de plus de 50 000 partisans, un nid tout neuf.

Tout ça est bien beau.

Mais ça prendra une équipe pour occuper ce nid. Car pour l'instant, les Éperviers n'existent que sur papier seulement.

Mais bon! Comme l'oiseau de proie qui donne son nom à leur équipe, Beauchemin, Fleury et leurs associés flottent au-dessus de la LHJMQ à la recherche d'une proie sur laquelle foncer.

Les Titans d'Acadie-Bathurst, le Rocket de L'Île-du-Prince-Édouard et les Foreurs de Val-d'Or sont dans la ligne de mire des futurs Éperviers. À titre de parents pauvres des 18 formations du circuit Courteau, l'une ou l'autre de ces équipes pourrait être vendue et déménagée à Sorel.

«Contrairement à Jocelyn Thibault et à ses associés à la tête des Phoenix de Sherbrooke, Marc-André et François ne veulent pas partir à zéro avec un club d'expansion. Ils veulent faire l'acquisition d'une équipe», a confirmé Gaston Therrien qui coordonne, avec Yanick Lévesque, le projet pour les deux joueurs de la LNH et leurs associés.

Défenseur-vedette des Remparts de Québec et ancien entraîneur dans la LHJMQ avec Rimouski - il y a dirigé Vincent Lecavalier - Val-d'Or, Rouyn-Noranda et Montréal, Therrien est aujourd'hui président de la Ligue de hockey Midget AAA. Il est aussi commentateur à RDS où travaille également Yanick Lévesque.

C'est Therrien qui a présenté le plan d'affaires au commissaire Gilles Courteau mercredi matin au bureau de la LHJMQ.

Une série de conditions

Joint à Bathurst hier après-midi, Gilles Courteau a refusé de spéculer sur les chances des Éperviers de joindre son circuit dès l'automne prochain. Il s'est aussi empressé de couper court aux spéculations quant à sa visite à Bathurst, qui héberge l'une des équipes en difficulté visées par le groupe sorelois.

«Aucun propriétaire ne m'a encore signalé son intention de vendre son équipe. Une fois saisi d'une telle proposition, il est clair que j'étudierais les dossiers d'acquisition comme celui que j'ai reçu mercredi. Le groupe de Sorel est certainement sérieux. Le projet semble bien monté. Mais je dois d'abord l'étudier. Ce qui me prendra quelques semaines. Si le dossier est bon, qu'une équipe devient disponible et que cette équipe les intéresse, je soumettrai le plan de déménagement aux gouverneurs pour obtenir leur approbation», a défilé le commissaire Courteau.

Malgré cette série de conditions, il n'est pas impossible que les Éperviers puissent reprendre leur envol dès septembre. Il semble toutefois hors de question qu'un déménagement soit annoncé lundi, alors que l'appui de Sorel-Tracy sera confirmé par le maire Dauplaise à l'hôtel de ville.

S'ils obtiennent l'équipe qu'ils convoitent, les futurs propriétaires des Éperviers adopteront les couleurs des Canucks de Vancouver ou des anciens Whalers de Hartford.

Il leur faudra aussi trouver un directeur général et un entraîneur-chef. Des postes que Gaston Therrien assure n'avoir aucune intention de pourvoir malgré son expérience de plusieurs années dans la LHJMQ.

«Je suis passé à autre chose. Vous pouvez barrer mon nom. Il y a plein de candidats intéressants autour de la ligue qui sont disponibles ou le deviendront. On va d'abord s'assurer d'obtenir l'équipe et on s'occupera du coach et du DG ensuite. Rendu là: mon mandat sera effectué.»