Bien qu'écourtée, la saison du Canadien s'annonçait très longue après le revers gênant aux mains des Maple Leafs, le 19 janvier, lors de la grande soirée d'ouverture.

Après cinq matchs, c'était tout le contraire: le Tricolore et ses partisans ne se contentaient plus de rêver de victoires. Ils les célébraient. Le retour en force et en forme d'Andreï Markov, l'éveil de l'attaque massive, l'effervescence des jeunes Galchenyuk et Gallagher, le brio de Carey Price, le caractère affiché sur la glace par Brandon Prust et dicté par Marc Bergevin et Michel Therrien donnaient des résultats, ma foi, presque inespérés.

Après huit matchs, le Canadien flirtait même avec le premier rang de l'Association de l'Est, qu'il pouvait atteindre en battant les Bruins de Boston.

C'était peut-être trop beau.

En effet, ce matin, au lendemain d'un congé que bien des partisans auraient voulu qu'on annule, le Canadien souffre encore des contrecoups du revers de 6-0 encaissé samedi aux mains des damnés Maple Leafs. Comme si ce n'était pas assez, il ne s'était pas encore remis des deux autres qui l'ont précédé.

Rêveurs hier, les partisans sont aujourd'hui rappelés à l'ordre.

Oui! Le Canadien a changé. C'est évident. Il forme un club plus dynamique, plus agressif, plus combatif que l'an dernier. Mais comme l'ont clairement démontré les trois dernières défaites, le Tricolore demeure un club vulnérable. Presque fragile.

Correctifs à apporter

Non seulement Carey Price a encaissé six buts samedi, mais ses coéquipiers se sont fait hacher menu avec seulement 23 mises en jeu gagnées sur les 71 disputées (32%).

C'est difficile de contrôler la rondelle lorsqu'on la perd dès la mise en jeu. Et on brûle beaucoup plus d'énergie à tenter de la voler à l'adversaire qu'à la contrôler.

Sur les 11 matchs disputés cette saison, le Canadien n'a eu que deux fois le dessus sur le plan des mises en jeu. C'est désolant. L'équipe a évité le pire lors des huit premiers matchs, mais cette statistique - plus importante que bien des observateurs ne le croient - l'a rattrapée lors des trois dernières parties. Cette lacune hantera encore souvent le Canadien si aucun correctif n'est apporté.

Parlant de correctifs, Michel Therrien a profité de la déconfiture de samedi pour multiplier les essais dans ses trios. Le temps est venu d'en adopter quelques-uns. Eller ou Galchenyuk à la place de Desharnais? Pacioretty avec les deux jeunes? Cole sur la galerie de presse? Je ne sais pas. Mais Therrien doit brasser la soupe avant qu'elle ne colle au fond du chaudron. Et elle commence à coller...

Andreï Markov a démontré des signes d'essoufflement, alors il faudrait peut-être réduire un brin son temps d'utilisation afin de maximiser son rendement.

Dernière chose: pourquoi avoir laissé Carey Price devant le filet en troisième période, même si le match était perdu depuis longtemps? Peut-être même depuis la 59e seconde de la première période, quand Leo Komarov a marqué le premier des six buts des Leafs.

Price n'était pas fatigué, samedi. Je le sais très bien! De fait, j'étais de ceux qui croyaient qu'il aurait dû affronter les Sabres à Buffalo, jeudi.

Mais dans une cause perdue, samedi, peut-être valait-il mieux le soustraire au carnage et à la dérision. Je dis ça juste comme ça...

Calendrier favorable

Ça ne veut pas dire de paniquer. Au-delà de la dégelée encaissée samedi et des avances gaspillées lors des deux revers qui l'ont précédée, le Canadien affiche tout de même 13 points au classement.

Treize points sur une possibilité de 22 alors qu'on approche du quart de la saison, c'est mieux que rien. Et c'est sans doute mieux que ce que bien des observateurs anticipaient à l'aube de la saison.

Mais parce que le Canadien profitait d'un calendrier favorable avec 8 de ses 11 matchs dans le confort du Centre Bell, ces 13 points sont un brin décevants. Surtout qu'à compter de demain, le Canadien jouera plus souvent sur la route qu'à la maison. Avec cinq matchs sur la route et le même nombre à la maison, la séquence de dix matchs qui commence demain à Tampa Bay n'est pas trop ardue.

Celle qui suivra le sera: du 3 au 27 mars, le Tricolore disputera 8 de ses 11 matchs sur la route. La saison se jouera là. C'est là qu'il maintiendra ses chances d'accéder aux séries - ou qu'il les minimisera. Et c'est ce qui rend les points échappés depuis le début de l'année plus difficiles à accepter - et à rattraper.

Grabovski devant la LNH

Mikhail Grabovski devra répondre aux questions des responsables de la sécurité des joueurs à 11h ce matin. Le centre des Leafs devra expliquer pour quelle raison - si raison il y a - il a décidé de mordre l'avant-bras de Max Pacioretty lors d'une des nombreuses échauffourées qui ont marqué le duel de samedi. Si l'attaquant du Canadien avait présenté un légendaire hot-dog «all dress» du Centre Bell à son adversaire des Leafs, on pourrait comprendre Grabovski d'avoir mordu à belles dents. Mais un avant-bras? Couvert de sueur? Avec quelques poils en guise d'assaisonnement?

Non!

En plus, mordre un adversaire est - avec le tirage de cheveux - le crime le plus «odieux» du hockey.

Josh Gorges et tous les joueurs du Canadien ont condamné avec raison la pâle imitation de Mike Tyson dont Grabovski s'est rendu coupable.

Il restera à la Ligue de sévir.

Puisque l'interrogatoire se déroulera par téléphone, la suspension ne dépassera pas cinq matchs. Personnellement, j'en imposerais trois. On verra! La suspension n'est pas automatique - Alexandre Burrows s'en est tiré l'an dernier même s'il avait mordu l'un des 10 doigts de Patrice Bergeron.

Grabovski devra répondre de sa morsure, mais son coéquipier Colton Orr n'a rien à craindre. Oui, il a bien tenté d'arracher le genou de Tomas Plekanec. C'était évident. Mais comme il n'y a pas eu d'impact, les responsables de la sécurité des joueurs ne peuvent punir le taupin des Leafs sur la simple base de ses intentions. Je sais. Ça paraît mal.

Si Orr avait touché Plekanec sans pour autant le blesser, je suis convaincu qu'il aurait été convoqué, voire suspendu. Mais parce qu'il est passé dans le vide, il s'en sortira.

C'est une mauvaise nouvelle pour le hockey. J'en conviens. Mais le fait qu'il ait raté Plekanec demeure une très bonne nouvelle pour le Canadien et ses fans, qui n'ont pas perdu leur meilleur joueur de centre.