Principale conclusion de ma première expérience à un gala de combats extrêmes: le UFC 154 n'a fait que des gagnants samedi soir au Centre Bell... ou presque.

Georges St-Pierre a repris le trône réservé au plus grand porte-étendard de ce sport. Parce que oui, il s'agit d'un sport. Un sport disputé par des athlètes, voire de grands athlètes. Le sportif québécois le plus connu du monde a livré un combat acharné pour chasser Carlos Condit d'un trône que l'Américain est loin de lui avoir cédé facilement.

Les quelque 17 000 fanatiques de ce sport présents au Centre Bell ont aussi gagné. Ils ont vécu une grande soirée, un grand gala.

Evenko et la brasserie Molson ont gagné, alors que plus de 3 millions de dollars ont été dépensés aux guichets de l'amphithéâtre et qu'il s'est bu deux fois plus de bière que lors d'un important match du Canadien.

La ville de Montréal sort aussi gagnante, alors que 70% des amateurs entassés dans les gradins venaient de bien plus loin que les couronnes nord et sud. Ils venaient de Toronto, des autres provinces canadiennes, de plusieurs États américains et de plus loin encore.

«Un gala comme celui de ce soir a des impacts importants pour Montréal. C'est gigantesque l'UFC. Cette organisation est présente aux quatre coins du monde. Montréal - avec Albuquerque - est la ville qui a tenu le plus grand nombre de galas (cinq) à l'extérieur de Las Vegas. D'autres suivront. Une soirée comme celle de samedi offre une visibilité importante à Montréal. Des amateurs qui ont suivi l'UFC 154 à la télé ou sur l'internet - un des principaux canaux de communication de l'UFC - viendront ici un jour. Et ceux qui sont venus passer un, deux, ou trois jours à Montréal contribuent à remplir les hôtels, les restaurants et les bars. C'est un succès sur toute la ligne», assurait Jacques Aubé, premier vice-président et directeur général d'evenko, le volet spectacle du Canadien.

Image difficile à défendre

Dana White, le grand prêtre de l'UFC, une multinationale qui compte ses revenus en milliard, et ses disciples ont également gagné samedi soir. Ils pourront utiliser de grands pans du gala pour tenter de convaincre ceux qui crachent sur les combats extrêmes, et leur faire comprendre que ce sport est moins barbare qu'ils ne le prétendent.

Car, de bons moments, des attaques spectaculaires, des démonstrations de souplesse et de forme physique exceptionnelle, ainsi que des esquives savantes, il y en a eu tout plein.

L'ennui pour White et ses disciples: le gala a aussi donné des munitions aux très nombreux détracteurs qui ont bien des raisons de crier victoire eux aussi en dénonçant ce sport encore ce matin.

Avant même l'arrivée des premiers gladiateurs, la cage qui sert d'arène n'aide pas à ébranler les préjugés. Vrai qu'il serait impossible de recourir à des câbles, comme en boxe traditionnelle, en raison des luttes au sol qui marquent régulièrement les combats. Mais une clôture «Frost»? Franchement! Comme l'UFC nage dans l'argent, on pourrait trouver mieux. Ou moins disgracieux.

Le sang? Il a giclé dès le premier round et maculait le tapis de l'octogone lors du dernier affrontement.

Si c'est laid? Bien sûr. Mais le sang est une réalité avec laquelle tous les sports de combat doivent composer.

Ça ne veut pas dire de tout accepter. Ça non!

J'ai encore sur le coeur l'assaut inutile de Johny Hendricks, un aspirant redoutable à la ceinture de Georges St-Pierre, qui a achevé Martin Kampmann d'un coup de poing au menton alors que son adversaire était déjà K.-O. et étendu sur le dos.

Un coup légal, m'ont indiqué des habitués de l'UFC. Un coup qui ne devrait pas l'être si l'UFC veut se défaire de son image de sport barbare.

Remarquez que sur cet assaut, l'arbitre n'a pas été fort. Il aurait eu le temps d'intervenir. Mais il ne l'a pas fait. Comme il ne s'était pas interposé plus tôt en soirée pour que cesse la cascade de coups derrière la tête - c'est illégal même en combats extrêmes - assénée par Alessio Sakara au Québécois Patrick Côté.

Au moins, Sakara a été disqualifié.

Il faudrait peut-être faire de même avec l'arbitre.

Les coups de pied à la tête? Les coups de coude au visage, des coups de genou dans les côtes?

C'est dur. Ça peut même être bestial par moment. Mais c'est la nature de ce sport que ses adeptes aiment avec une passion débordante. Que ses détracteurs détestent avec une haine tout aussi débordante.

On boude ou y retourne?

L'UFC 154 n'a pas chassé tous mes préjugés lorsque je suis entré au Centre Bell samedi. Il en a toutefois attaqué plusieurs.

Assez pour y retourner?

Certainement. Car, après avoir vu pour la première Georges St-Pierre se battre, il sera difficile de résister à l'envie d'assister à son prochain combat.

St-Pierre est un grand athlète. Il l'a prouvé, son adversaire également, dans ce combat de cinq rounds de cinq minutes chacun. Pour ce que St-Pierre et Condit ont fait pendant 25 minutes, pour les échanges et les coups encaissés, pour les prises et les esquives pendant leurs longues séquences au tapis, il faut être bien plus qu'un voyou ou un bagarreur de rue.

St-Pierre est un gentilhomme à l'extérieur de l'octogone.

Mais au-delà de tout ce qu'il est capable d'exécuter une fois dans l'arène, GSP et tous les combattants que j'ai vus à l'oeuvre samedi affichent plus de respect les uns envers les autres que les joueurs de la LNH entre eux sur la patinoire.

Je sais. Il est bien difficile de parler de respect alors que ces combattants ont, comme seul plan de match, de mettre knock-out leur adversaire ou de le contraindre à l'abandon par soumission.

Mais c'est le genre de controverse qui fait des combats extrêmes et de l'UFC un sport et un championnat qui, à défaut de faire l'unanimité sur sa vertu ou son immoralité, ne laissent personne indifférent.

Alouettes et LNH

Sortie par la petite porte des Alouettes et d'Anthony Calvillo, retour par la grande porte de la F1 aux États-Unis. Reprise des négociations difficiles dans la LNH. On échange sur tout ça sur mon blogue.