Impossible de contester la sélection des quatre nouveaux élus au Temple de la renommée du hockey. De fait, la cuvée 2012 s'élève au rang de grand cru.

Plus flamboyant que les trois autres nouveaux membres qui lui succéderont au cours de la cérémonie, Pavel Bure a marqué le hockey à titre de franc-tireur redoutable. Ses 437 buts enfilés en 702 rencontres seulement et ses deux conquêtes du trophée Maurice-Richard (en 2000 et en 2001), remis au champion buteur de la saison, le confirment avec éclat. Bure a aussi sa place parmi les plus rapides patineurs de l'histoire. «Mon père était un sportif professionnel, mes gènes devaient donc être bons. Mais j'ai aussi beaucoup travaillé pour maximiser le talent naturel de patineur dont j'ai hérité», a expliqué Bure à un amateur qui lui demandait comment il arrivait à être si vite sur ses patins.

Exception faite de la vitesse, Joe Sakic, Mats Sundin et Adam Oates n'ont rien à envier à Bure.

Au fil de sa carrière de 20 ans dans la LNH, Sakic s'est hissé parmi les joueurs les plus complets de l'histoire du hockey.

Même s'il n'a pu donner de Coupe Stanley aux Torontois, Mats Sundin est sans l'ombre d'un doute le plus grand joueur de l'histoire des Maple Leafs.

De retour à Toronto - où il se sent tout aussi chez lui qu'à Stockholm, dans sa Suède natale -, Sundin a d'ailleurs eu droit à l'ovation la plus nourrie lors du match des légendes disputé hier au Air Canada Center.

«J'aurais vraiment voulu terminer ma carrière à Toronto [elle a pris fin après une courte escale à Vancouver], mais c'est ici que j'ai atteint les 500 buts en carrière lors d'une soirée de trois buts, dont le dernier marqué en prolongation. Ça demeure un de mes plus beaux souvenirs», a indiqué le capitaine des Leafs de 1997 à 2008.

Sundin avait toutefois froissé les amateurs, en matinée, lorsqu'il a admis avoir été partisan du Canadien quand il était jeune, en raison de la présence dans l'uniforme tricolore de son héros d'enfance Mats Naslund.

Il s'est vite repris en promettant une Coupe Stanley aux Leafs, qui ne l'ont pas gagnée depuis 1967. «Ce n'est qu'une question de temps», a lancé Sundin, en se gardant bien de préciser la durée de l'attente...

Un duo invincible

Quant à Adam Oates, sa 6e place au palmarès des meilleurs passeurs de l'histoire de la LNH, grâce à 1079 mentions d'aide - Wayne Gretzky domine avec 1963 -, l'assurait depuis le premier jour de sa retraite d'une place de choix au Temple.

«J'ai aussi marqué quelques buts», a répliqué Oates en riant à un amateur qui le confinait au rôle de fabricant de jeu.

Originaire de Toronto, Oates, qui n'a jamais été repêché, a enfilé 341 buts en 19 ans de carrière. S'il n'a jamais pu compter sur un tir aussi redoutable que celui d'une de ses idoles de jeunesse, Bobby Hull, il a eu le plaisir d'être le plus grand complice de son fils Brett, auteur de 721 buts en carrière dans la LNH. C'est d'ailleurs avec Hull sur son flanc droit, alors qu'ils évoluaient à St. Louis, qu'Oates a connu ses meilleurs moments. «On se sentait invincibles sur la patinoire. Nous étions tellement complices qu'on se moquait de nous en disant qu'on ne connaissait même pas le nom des gars qui évoluaient à l'aile gauche sur notre trio.»

La rencontre annuelle entre les nouveaux membres et les amateurs, qui ont le loisir de poser mille et une questions, amène chaque année son lot de confessions parfois touchantes, parfois cocasses.

Aussi gentilhomme que talentueux, Joe Sakic a fait preuve pendant la rencontre d'un sens de l'humour qu'il cachait jalousement durant sa carrière. Quand un amateur l'a louangé pour avoir donné de l'eau à son fils pendant les célébrations de la première Coupe Stanley (1996) et d'avoir permis à Raymond Bourque de soulever en premier le précieux trophée lors de la deuxième conquête, en 2001, Sakic a offert une version plus honnête des choses. «Je dois avouer que j'avais aussi soif que mon fils. Dans le cas de Raymond, il aurait dû attendre pas mal plus longtemps si je n'avais pas eu la chance de la soulever cinq ans plus tôt.»

Sakic a aussi admis avoir déjà célébré un but marqué par un adversaire. «Je crois que c'était mon 13e match en carrière. On jouait contre Los Angeles et j'affrontais mon idole Wayne Gretzky pour la première fois. J'étais gelé devant lui. Il a gagné une mise en jeu et a marqué tout de suite après. C'était le plus beau -1 de ma vie...»

Admis au Temple de la renommée en raison des buts qu'ils ont marqués et des victoires qu'ils ont offertes à leurs équipes, Bure, Oates, Sakic et Sundin ont tour à tour admis avoir déjà laissé tomber les gants. Sans grand succès.

Combat de quatre secondes

«Je l'ai fait lors de mon deuxième match en carrière. Le combat a duré quatre secondes et les gars se sont payé ma tête pendant l'entracte», a indiqué Oates.

«Ça m'est arrivé quelques fois, mais je n'étais pas doué. Je me souviens d'une bagarre au cours de laquelle je m'étais fait frapper 84 fois, je crois. Je ne me souviens pas contre qui je m'étais battu», a ajouté Mats Sundin.

«Contre Dave Hannan. Moi, je m'en souviens», a aussitôt enchaîné Joe Sakic - qui s'est battu une seule fois en carrière, contre Doug Gilmour.

À un tout petit bonhomme venu les rejoindre sur l'estrade pour leur demander des trucs qui l'aideront à atteindre la LNH, les quatre nouveaux membres ont répondu: «Travaille ton patin, accrois tes habiletés, écoute tes parents et tes entraîneurs, mais surtout, amuse-toi!»

Le petit bonhomme est reparti en disant «merci».

Ce soir, ce sera au tour du monde du hockey de les remercier en leur ouvrant les portes du Temple de la renommée.