Si j'avais eu le choix, c'est à New York que j'aurais passé la fin de semaine. Pas pour échapper à la pluie froide et à la grisaille. Encore moins pour me préparer mentalement et physiquement à faire le pied de grue devant les bureaux de la LNH en vue de la reprise des discussions, demain, entre les dirigeants de la Ligue et les représentants des joueurs. Des discussions qui prendront fin avec l'annonce de l'annulation d'un autre pan de la saison 2012-2013 si elles sont aussi improductives que celles de la semaine dernière.

J'aurais aimé passer le week-end à New York pour plonger dans la faune du Yankee Stadium. Pour vivre, bien assis entre ceux qui adulent les Yankees et ceux qui les détestent, les deux premiers matchs de la série de championnat dans la Ligue américaine. Une finale que les Tigers de Detroit dominent 2-0. Pour avoir une idée de ce que goûtent les insultes et les injures servies par les fans des Yankees quand leurs favoris ne répondent pas aux attentes.

Si elles goûtent mauvais de l'autre côté de l'écran de télé, elles doivent être vraiment infectes lorsqu'elles défilent au milieu des chips, peanuts et Cracker Jacks noyés dans la bière qui coule à flots dans les gradins malgré la froidure.

Les Yankees et leur masse salariale de 195 millions n'ont pas le droit à l'erreur. Ses vedettes non plus. Surtout elles.

De toutes les vedettes des Yankees, Alex Rodriguez est la cible de prédilection des fans. Des fans qui frappent pas mal plus fort sur Rodriguez que l'homme détenant un contrat de 275 millions ne frappe la balle depuis le début des séries. Vous avez bien lu. Rodriguez a empoché cette année 30 des 275 millions figurant à son contrat de 10 ans qui prendra fin en 2017.

Dérision

Lorsqu'il s'est présenté au marbre en fin de neuvième manche, avec deux retraits, Rodriguez était menacé d'un quatrième retrait en quatre présences. Avec deux prises contre lui, il aurait pu être passé dans la mitaine pour la troisième fois du match.

Je crois sincèrement que les fans souhaitaient voir A-Rod mettre un terme au match. Avec son bâton appuyé sur l'épaule droite en prime.

Quand il a frappé son simple, ils l'ont toutefois applaudi. Pas sûr que ça venait du coeur. Même que je suis convaincu du contraire. Limité à deux coups sûrs en 22 présences en séries jusque-là, passé dans la mitaine 12 fois, A-Rod a été applaudi bien plus par dérision qu'autre chose.

Et c'est pleinement mérité. Car, avec la perte de Derek Jeter, qui s'est fracturé une cheville en fin de match samedi, les Yankees et leurs fans devaient compter sur le réveil de Rodriguez pour niveler les chances dans la série.

Rodriguez est resté bien endormi.

Tout comme Robinson Cano qui a établi, hier, un record du baseball majeur avec une séquence de 0 en 25 au cours d'un même automne. Pas fort!

La finale de la Ligue américaine se transporte maintenant vers Detroit. Peut-être qu'A-Rod, Cano et les autres vedettes des Yankees en profiteront pour rebondir et surprendre les Tigers.

Peut-être!

Mais ne retenez pas trop votre souffle.

Les Tigers ne devraient pas pécher par excès de confiance. Leur gérant Jim Leyland est trop bon et trop expérimenté pour ouvrir la porte à un tel comportement.

Et aussi, et surtout, parce que Justin Verlander sera sur la butte lors du troisième match, mardi. Une très mauvaise nouvelle pour les Yankees.

Une plus mauvaise nouvelle encore pour Alex Rodriguez, qui est déjà très mauvais comme le confirme sa moyenne de ,125 depuis le début des séries. Mais qui est plus mauvais encore avec un seul coup sûr en 21 présences contre les lanceurs droitiers. Et Verlander, qui a signé deux victoires en deux matchs, qui n'a accordé qu'un point et sept coups sûrs en 16 manches, et qui a retiré 22 frappeurs sur des prises, lance justement de la droite.

Saut de l'ange

Parallèlement à la plonge des Yankees, avez-vous vécu le plongeon de Felix Baumgartner?

Quel spectacle!

Pour être franc, j'ai cru pendant un moment que c'était plus un autre grand coup de marketing de Red Bull qu'autre chose.

Mais non!

Seul devant la télé pendant une bonne partie de l'ascension, j'ai été rejoint par le reste de la famille lorsque la nacelle s'est retrouvée à 39 kilomètres du plancher des vaches. Quand la porte de la cabine a glissé vers la droite, toute la famille a fait le saut.

Quand Felix Baumgartner a donné l'impression d'hésiter avant de détacher ses sangles de sécurité et les tuyaux qui le reliaient au réservoir d'air comprimé, les gorges étaient serrées.

Quand il a plongé vers la Terre, c'est nous qui avons eu le vertige.

Les images, belles et saisissantes lors de l'ascension et des derniers instants qui ont précédé le saut, sont devenues sombres et inquiétantes lorsqu'on a vu Baumgartner tournoyer dans tous les sens alors qu'il tombait vers la Terre à la vitesse du son.

Il a repris le contrôle, le parachute s'est déployé, et tout s'est finalement très bien déroulé.

La prochaine fois que j'aurai la trouille dans la première descente du Goliath à La Ronde, j'aurai une pensée pour Felix Baumgartner. Ça devrait m'aider à contrôler ma peur. Du moins, je l'espère...