Ceux qui anticipaient des débordements patriotiques de la part des partisans américains se sont trompés. Ils ont été sans tache et sans reproche.

Après avoir salué à grand coup de USA! USA! USA! l'arrivée de Rory McIlroy, Graham McDowell, Jim Furyk et Brandt Snedeker, les partisans ont assisté dans un silence respectueux aux deux premiers coups de départ. Exception faite de quelques «hors-la-loi» qui se sont permis de prendre des photos avec leur cellulaire au risque de se faire prendre par les membres de la brigade anticellulaire qui déambulaient au milieu de la foule toute la journée, tout s'est bien passé. Vraiment!

Et vous savez quoi? Les partisans américains et européens se sont trouvé des points en commun. Dès 8h, alors qu'un chocolat chaud aurait été de mise pour combattre le froid qui enveloppait Medinah, ces «ennemis» plongeaient à qui mieux mieux dans les grands bacs de bières vendues à fort prix.

Même cette surconsommation matinale de cold beer n'a pas entraîné de débordements. Du moins, je n'en ai pas vu.

Il faut dire qu'en matinée, les joueurs de l'équipe américaine n'offraient pas grand-chose à leurs partisans pour célébrer. Même qu'à un certain moment, il n'y avait que du bleu sur les tableaux de résultats éparpillés sur le terrain. Du bleu qui confirmait des avances européennes dans chacun des quatre duels.

Phil Mickleson et Keegan Bradley, la meilleure équipe américaine hier, a amorcée la remontée. Le vétéran et son jeune protégé ont éclipsé complètement (4 et 3) Luke Donald et Sergio Garcia, qui n'avaient encore jamais perdu en carrière en 14 matchs disputés en coups alternatifs.

Mickelson et Bradley ont donné le ton. Zach Johnson et Jason Dufner l'ont suivi.

Contre Lee Westwood et Francesco Molinari qui jouaient sans âme, sans émotion, sans conviction, les Américains ont offert une deuxième victoire à leurs partisans.

Rory McIlroy et Graham McDowell ont tout fait pour laisser Jim Furyk et Brandt Snedeker revenir de l'arrière. Même que si Rory n'avait pas joué de chance - son coup de départ au 18e est revenu près de l'allée au lieu de s'enfoncer dans le bois - les Américains auraient pu ajouter une troisième victoire.

«Il vaut parfois mieux être chanceux qu'être bon», a d'ailleurs reconnu Rory après sa courte victoire.

C'est un fait.

Mais quand, en plus d'être chanceux, tu es le meilleur joueur du monde, tu réussis une sortie de fosse de sable comme celle réalisée par McIlroy au 18e. Sortie qui a offert un roulé «facile» à son coéquipier pour sceller la victoire.

En battant le duo de Woods et Stricker, Ian Poulter et Justin Rose ont nivelé les chances après les quatre matchs de la manche matinale.

Bon! Tout ça était bien beau, mais ça manquait d'enthousiasme. D'émotion. De plaisir.

Bubba Watson a amorcé le party. Arrivé au tertre numéro un pour frapper le premier coup de départ de la session d'après-midi, Bubba n'a pas attendu que la foule se taise pour s'élancer.

Au contraire! Watson s'est retourné vers la foule, qu'il a invitée à faire du bruit, plus de bruit, encore plus de bruit. Et quand il a été satisfait du niveau de décibels, il s'est retourné et s'est élancé.

Les résultats ont été instantanés.

À son premier match en carrière en Coupe Ryder, son coéquipier Webb Simpson a signé un oiselet dès le premier trou. Le premier d'une série de 10 signés en 14 trous pour Simpson et Watson. Ils en auraient certainement ajouté quelques-uns, mais après 14 trous, Peter Hanson et Paul Lawrie ont soulevé leurs casquettes à défaut de jeter l'éponge. Il faut dire que les pauvres gars avançaient sur les genoux depuis le début de la ronde.

Aussi inspirés qu'en matinée, Mickelson et Bradley ont battu McIlroy et McDowell qui semblaient un brin blasés en après-midi. Allez savoir pourquoi. Car ce n'est pas comme s'ils avaient cassé la baraque en avant-midi.

Dustin Johnson et Matt Kuchar ont aussi réglé le cas de Justin Rose et de Martin Kaymer en 16 petits trous.

Une chance que Colsaerts était là.

Sinon le party lancé par Bubba Watson aurait viré en massacre à Medinah. Un massacre sportif. Bien sûr!

À 5-3 en faveur des USA, tout n'est pas joué. Mais le capitaine européen José Maria Olazabal devra mieux jouer ses cartes qu'en après-midi hier.

Car si l'on peut comprendre qu'il tenait à faire jouer tous ses joueurs dès la première journée - Davis Love III a fait la même chose -, il est très difficile à comprendre qu'Olazábal ait pris le risque de se passer du talent de Luke Donald, de l'émotion d'Ian Poulter et de l'expérience de Sergio Garcia en même temps. Se passer de l'un des trois, je veux bien. De deux des trois, peut-être. Mais se passer des trois, c'était risqué. Trop risqué. La séance d'après-midi l'a d'ailleurs démontré.

Ça recommence ce matin... aux aurores! Et ça va encore durer toute la journée. Yé!

Nicolas Colsaerts tient tête à Tiger Woods et permet à l'Europe d'éviter l'humiliation

On savait qu'il frappait loin. Aussi loin sinon plus que tous ses coéquipiers européens et ses adversaires américains. À son tout premier match en carrière en Coupe Ryder, le Belge Nicolas Colsaerts a prouvé qu'il était également capable de caler des coups roulés.

Et comment!

Colsaerts a réussi huit oiselets en plus d'ajouter un aigle pour permettre au duo qu'il complétait avec Lee Westwood de battre Tiger Woods et Steve Stricker avec un trou d'avance au terme des 18 trous.

«C'est certainement l'une des meilleures performances sur les verts que j'ai vues depuis le début de ma carrière», a reconnu Tiger Woods, qui a ajouté deux défaites à sa fiche en Coupe Ryder hier à Medinah.

Cette performance exceptionnelle du Belge a permis aux Européens d'éviter un balayage en après-midi. Après avoir nivelé les chances 2-2 en matinée, les Européens ont encaissé trois revers sur les quatre matchs disputés en après-midi. Ils tirent donc de l'arrière à l'aube de la deuxième journée de compétition. Une journée qui, comme celle d'hier, sera marquée par quatre matchs en coups alternatifs ce matin, suivis de quatre autres selon la formule meilleure balle en après-midi.

Colsaerts a amorcé le match avec trois oiselets en cinq trous. Il aurait facilement pu en ajouter un quatrième alors que sa balle, au troisième trou, a fait un tour complet de la coupe au lieu d'y plonger. Colsaert s'est aussi offert un aigle - deux coups sous la normale - en atteignant le trou numéro 10 - une normale 5 de 578 verges - en deux coups, avant de caler son roulé.

Du sang-froid

En plus de démontrer sa puissance et sa précision sur les verts, Nicolas Colsaerts a démontré une solide concentration et une tout aussi solide force de caractère. Car après une ronde médiocre en avant-midi, Tiger Woods a disputé un grand match de golf en après-midi. Limité à deux oiselets sur les neuf premiers trous, Tiger en a réussi cinq en deuxième moitié de parcours. Au 17e, alors que les Européens n'avaient qu'un trou d'avance, Tiger a effectué un coup du tonnerre sur cette normale 3 très difficile - 193 verges -, logeant sa balle à quelques pieds du trou en route vers un oiselet facile.

Loin de paniquer, Colsaerts a répliqué avec un solide coup de départ. Mieux encore, il a calé un roulé d'une bonne vingtaine de pieds pour signer son 9e oiselet de la journée.

Avec ses 10 coups retranchés à la normale, Colsaerts a disputé la meilleure ronde. Et de loin. Plus impressionnant encore, le golfeur Belge a été contraint à se défendre seul contre Woods et Stricker. Car après avoir disputé un match médiocre en matinée, le vétéran Lee Westwood, qui devait «protéger» son jeune coéquipier, a été plus mauvais encore dans l'après-midi.

«C'est ce qui rend notre défaite plus difficile encore à accepter. Non seulement Nicolas a réussi pratiquement tous ses coups roulés, mais il en a calé plusieurs de plus de 15 pieds. C'était vraiment très impressionnant», a conclu Tiger Woods, qui profitera d'un congé ce matin en vertu d'une décision du capitaine Davis Love III. Ce sera la première fois en sept présence en Coupe Ryder que Tiger Woods sera laissé de côté.