Parce que je suis un gars positif, comme tout le monde le sait, et que le 3 juillet, tous les partisans de toutes les équipes - ou à peu près - ont le droit, sinon le devoir, d'être positifs, je vais me joindre à tous ceux qui assurent que le Canadien est meilleur aujourd'hui qu'il ne l'était à la fin de la dernière saison.

Comme le Canadien a terminé au 15e et dernier rang dans l'Est et au 28e rang du classement général, ce serait le «boutte du boutte» qu'il ait régressé.

Mais bon!

Avec Carey Price qui vient d'assurer sa sécurité financière et celle de tous ceux qu'il voudra bien prendre sous son aile - 39 millions pour six ans -, le Canadien est solidement ancré devant le filet.

P. K. Subban s'ajoutera bientôt à la liste des clients heureux de Marc Bergevin. Le jeune défenseur devra sans doute imiter son ami le gardien et accepter un contrat de transition avant de toucher le gros lot. À moins qu'il ne décide de jouer dur - ce qui serait étonnant.

Autour d'eux, une nouvelle équipe est en train de prendre forme. Une équipe capable de se rendre jusqu'à la Coupe dès l'an prochain, comme m'a demandé un commis de dépanneur, dimanche soir?

Je veux bien croire que la Saint-Jean et la fête du Canada en sept jours, ça étourdit son partisan du Canadien. Mais il faudrait se garder une petite gêne, quand même.

J'ai beau être rempli de bonnes intentions et vouloir être optimiste, mais je suis d'abord et avant tout un gars réaliste. Et le gars réaliste aurait tendance à lancer comme prédiction qu'il y a plus de chances que la Coupe Stanley ne soit pas disputée en raison d'un lock-out l'an prochain qu'elle soit soulevée par Brian Gionta et ses coéquipiers du Canadien.

Excusez-la!

Armstrong, Bouillon, Prust

Quoi penser des joueurs autonomes attirés par Marc Bergevin lors de sa première visite au marché à titre de directeur général du Canadien?

Que Brandon Prust ne vaut pas les 10 millions qu'il empochera au cours des quatre prochaines saisons.

Que les statistiques offensives, mais surtout le nombre de matchs disputés par Colby Armstrong, ont périclité dangereusement au cours des trois dernières années.

Que Francis Bouillon a le coeur pour jouer dans la LNH jusqu'à 100 ans, mais à 36 ans, les jambes suivront-elles tous les soirs?

Malgré ces bémols, ces trois joueurs améliorent le Canadien.

Plus solides, plus expérimentés, ils seront meilleurs et plus utiles que tous les Aaron Palushaj, Blake Geoffrion et autres Andreas Engqvist qui n'avaient pas d'affaire à Montréal l'an dernier et qui seront à leur place l'an prochain à Hamilton.

Un ajout de talent offensif aurait aidé davantage le Canadien. C'est évident! À 12 millions pour quatre ans, Pierre-Alexandre Parenteau aurait été une très belle prise. À 16 millions pour quatre ans, comme l'Avalanche du Colorado a accepté de lui verser, Parenteau passait d'un beau risque à un coup - ou coût, si vous préférez - trop risqué pour être tenté.

Jaromir Jagr? Plusieurs partisans en ont rêvé. Marc Bergevin les a réveillés hier.

Zach Parise? Ça ne valait même pas la peine d'y penser.

Cela dit, le talent en attaque du Canadien, c'est à Sarnia, avec Alex Galchenyuk, et à Hamilton, avec Brendan Gallagher, Michael Bournival et autres espoirs, qu'il se développera l'an prochain. Il faudra leur donner du temps. Aux attaquants, comme aux défenseurs Nathan Beaulieu et Jarred Tinordi, ainsi qu'aux autres qui doivent apprendre à jouer au hockey dans les rangs professionnels avant de se retrouver à Montréal.

Acheter du temps

À défaut de pouvoir acheter des joueurs vedettes capables d'aider l'équipe dès le mois d'octobre, Marc Bergevin a donc acheté du temps avec les Armstrong, Bouillon et Prust.

Ce faisant, il a aussi acheté des joueurs qui permettront à son entraîneur-chef Michel Therrien de donner une dimension plus physique au Tricolore.

Avec Travis Moen qui s'est entendu pour quatre ans (7,4 millions), Ryan White qui devrait finalement être en santé l'an prochain, Prust et Armstrong, Michel Therrien comptera sur des troisième et quatrième trios qui brasseront, à défaut de pouvoir marquer des buts. Ce sera ça de gagné. Car l'an dernier, les troisième et quatrième trios ne brassaient personne. Et ils n'étaient pas plus capables de marquer...

Mais 10 millions pour quatre ans à Brandon Prust, qui encaissait 800 000 $ l'an dernier avec les Rangers, ça frise le ridicule. Je ne blâme pas Prust, qui s'est laissé porter par la surenchère. Je blâme les propriétaires. Car des contrats ridicules comme celui de Prust, il s'en est signé plusieurs encore cette année. Trop!

Armstrong? Le Scott Gomez en moins pire des Maple Leafs de Toronto depuis deux ans - des Leafs qui ont racheté sa dernière année de contrat (trois ans pour 9 millions) afin de se débarrasser de cette plaie dans leur masse salariale -, il ne coûte pas cher. Autant en argent (un million) qu'en temps (une année). Et comme Michel Therrien l'a déjà dirigé avec les Penguins de Pittsburgh, peut-être qu'il saura le sortir de sa torpeur des deux dernières années.

Quant à Francis Bouillon, le Canadien a fait coup double, sinon triple, avec ce vétéran défenseur.

Marc Bergevin a d'abord réparé l'affront innommable que Bob Gainey a servi au défenseur québécois en le jetant aux vidanges - il ne lui a pas déposé d'offre de contrat - après l'avoir forcé à jouer blessé en séries contre Boston.

Il a aussi solidifié sa brigade défensive avec un soldat qui dira toujours présent, qui ne se plaindra jamais, qui ne reculera jamais. Un autre disciple de Michel Therrien.

Le troisième aspect, et non le moindre: Francis Bouillon comblera le vide linguistique laissé par le départ de Mathieu Darche. Ça n'excuse pas l'attitude cavalière démontrée par le Canadien à l'endroit de Darche. Ça non! Mais ça met un baume sur les plaies. Pas celles de Darche, mais celles de bon nombre de partisans et aussi de plusieurs journalistes.

Photo: Reuters

Brandon Prust ne vaut pas les 10 millions $ qu'il empochera au cours des quatre prochaines saisons. Mais, avec Colby Armstrong et Francis Bouillon, il améliore malgré tout le Canadien.