Cent quatre millions de dollars. C'est tellement de fric qu'on remarque à peine les 400 000 $ qui accompagnent tous ces millions au bout du contrat qui lie Sidney Crosby et les Penguins de Pittsburgh jusqu'à la fin de la saison 2025. Aussi bien écrire jusqu'à la fin de sa carrière.

Ce contrat sera accroché bien en vue en haut de la porte principale du marché des joueurs autonomes qui s'est officiellement ouvert à minuit une seconde dans la nuit d'hier à aujourd'hui. Un marché qui est officieusement ouvert depuis une bonne semaine alors que des échanges sont en cours entre les joueurs disponibles et les équipes qui les courtisent. Un marché qui, sans doute encore cette année, permettra de constater à quel point les propriétaires sont frappés d'une fièvre contagieuse lorsque vient le temps de dépenser aveuglément une partie de leur fortune une fois le 1er juillet arrivé.

Loin de moi l'intention de dénigrer le contrat signé par Sidney Crosby. Meilleur joueur de hockey du monde, porte-étendard du hockey dans la LNH, Crosby mérite ce genre de contrat. Mérite au sens business du hockey et non en matière de gros bon sens.

Son coéquipier Evgeny Malkin vaudra presque autant. Un peu en retrait suivront le capitaine des Devils du New Jersey, Zach Parise, et le défenseur vedette des Predators de Nashville, Ryan Suter.

Membres de l'élite de la LNH, ils «méritent» d'être payés en conséquence. Le fait qu'ils soient les deux seules vedettes dignes de ce nom offertes cet été devrait toutefois entraîner une surenchère qui leur permettra de faire sauter la banque.

Sans oublier Martin Brodeur, dont la présence inattendue sur le marché des joueurs autonomes pourrait lui valoir un contrat bien plus lucratif que celui que les pingres Devils - ils seront peut-être en faillite dès lundi - lui ont offert. À moins qu'ils n'aient rien offert encore.

Couverts d'or plutôt que de sable

Une fois les dossiers des Parise, Sutter et Brodeur réglés, chèrement réglés - si bien sûr ces trois joueurs ne s'entendent pas avec leur club respectif avant l'ouverture du marché des joueurs autonomes -, c'est là que les folies commenceront. Les vraies. Les dangereuses.

Frustrées d'avoir perdu les deux principaux joueurs convoités en dépit des fortunes qu'elles leur faisaient miroiter, ces équipes se tourneront vers des joueurs moins imposants et importants qu'elles couvriront d'or alors qu'ils auraient dû se contenter de sable.

C'est comme ça que Scott Gomez et bien d'autres avant lui se sont couverts d'or à New York... et ailleurs.

C'est comme ça que Brian Gionta, un valeureux soldat et un bon capitaine, et Michael Cammalleri, un bon marqueur de buts sans plus, ont touché des gros lots qu'ils ne méritaient pas vraiment lorsqu'ils ont été courtisés par le Canadien.

C'est comme ça que Pierre-Alexandre Parenteau, un Hullois gentil comme tout, un très bon joueur de hockey de surcroît, obtiendra le gros lot malgré le fait que plusieurs de ses 38 buts et 120 points récoltés au cours des deux dernières saisons soient attribuables à la très belle complicité dont il profitait à Uniondale avec John Tavares et Matt Moulson.

C'est comme ça que des joueurs bien ordinaires toucheront des millions auxquels ils ne devraient pas même rêver.

Et dire que ces damnés propriétaires, par la bouche du commissaire Gary Bettman, nous demanderont ensuite de les appuyer dans la guerre qu'ils livreront aux joueurs pour reprendre le contrôle des salaires dans la LNH.

Que restera-t-il pour Montréal?

Dans un monde idéal, le Canadien serait toujours une puissance de la LNH. Montréal et le Centre Bell seraient des destinations prisées des joueurs de la LNH.

Fort de ses trois bonnes étoiles, le Tricolore pourrait espérer profiter du marché des joueurs autonomes pour embaucher Parise et/ou Sutter.

Parce que la réalité est bien différente, le Tricolore et ses partisans doivent se contenter d'en rêver.

Le Canadien est un club de dernière place.

Bien que l'entrée en scène de Marc Bergevin et tout ce qu'il a accompli depuis deux mois pour relancer l'équipe et l'organisation attirent l'attention autour du circuit, il faudra une remontée au classement pour convaincre des joueurs importants de migrer vers le nord.

D'ici là, le Canadien devra se contenter de ce qui reste.

Dimanche, il fouillera dans la section en vrac afin de trouver des joueurs de troisième et quatrième trios pour compléter sa formation.

Le gros ailier nécessaire pour relancer Tomas Plekanec pourrait s'appeler Parenteau. Ce serait une belle prise pour le Tricolore. Mais pas à n'importe quel prix.

Ryan White est déjà sous contrat. Travis Moen sera de retour, c'est un joueur polyvalent qui aide bien plus qu'il ne nuit. Je me serais bien passé de Petteri Nokelaïnen et je ne peux croire que le Canadien gardera Brad Staubitz. Mais pour satisfaire Michel Therrien qui voudra deux trios de soutien bien plus féroces que ceux de l'an dernier et des années précédentes, le Canadien embauchera des joueurs fiers, fougueux, responsables et utiles. En plein le genre de joueur qu'était et est encore Mathieu Darche.

Je vais attendre quelques jours avant de commenter le traitement insensé que le Canadien vient de réserver à Darche. Pour l'instant, je suis tellement outré que les mots pourraient dépasser ma pensée. J'espère seulement que le Lightning de Tampa Bay profitera de l'occasion pour faire une place à Darche et que ce dernier fera la preuve par 1000 que le Canadien s'est trompé et a surtout manqué de classe en le jetant à la rue comme il l'a fait...