Marc Bergevin a accentué le virage québécois et francophone du Canadien en confirmant les embauches de Donald Dufresne et Vincent Riendeau à titre d'adjoint de Sylvain Lefebvre, nouvel entraîneur-chef des Bulldogs de Hamilton.

Si l'on ajoute à ces trois embauches celles de l'entraîneur-chef Michel Therrien avec le grand club, de Clément Jodoin qui sera l'un de ses adjoints, de Patrice Brisebois et de Martin Lapointe à titre de responsables du développement des jeunes aspirants du Tricolore, sept Québécois francophones - et un unilingue anglophone, Scott Mellanby qui est toutefois originaire de Montréal - ont été rapatriés au bercail par le nouveau directeur général du Canadien. De cette équipe, six ont fait partie du Tricolore.

Bravo!

Un autre s'ajoutera si les spéculations entourant l'embauche de Jean-Jacques Daigneault à titre d'adjoint responsable des défenseurs du grand club s'avèrent fondées. Sans oublier le ou les recruteurs québécois qui pourront être sollicités une fois le repêchage qui se déroulera en fin de semaine à Pittsburgh terminé.

Ces changements radicaux multipliés au cours des dernières semaines confirment la mainmise de Marc Bergevin sur les opérations hockey. Ils confirment aussi la philosophie d'entreprise entérinée par le propriétaire Geoff Molson.

Serge Savard froissé

Bien que souhaités par bon nombre de partisans et d'observateurs, autant de changements apportés en si peu de temps provoquent aussi du mécontentement.

Les anciens capitaines Vincent Damphousse et Guy Carbonneau, de même que Benoît Brunet, qui a toujours été un valeureux soldat pour le Canadien, ont été laissés de côté. L'un ou l'autre aurait facilement pu hériter du job confié à Scott Mellanby. Ce dernier jouit toutefois d'un étroit lien de confiance avec Marc Bergevin, ce dont ne bénéficient pas les trois autres.

Croisés au cours des derniers jours, Brunet, Carbonneau et Damphousse se sont bien gardés de critiquer les décisions du nouveau manitou des opérations hockey.

Il en est tout autrement pour Serge Savard.

Appelé en renfort par Geoff Molson pour sauver le Canadien du naufrage en fin de saison, le Sénateur a joué un rôle de premier plan dans l'embauche de Marc Bergevin à titre de directeur général.

À cause de son statut dans l'histoire du Canadien - à titre de joueur bien sûr, mais aussi de directeur général qui a mené le Tricolore aux deux dernières Coupes Stanley - de sa prestance, de son calme, de la confiance qu'il inspire, Savard a aussi su par sa seule entrée en scène calmer la grogne, voire la panique, provoquée par la saison de misère qu'a connue le Canadien l'hiver dernier.

S'il a été au centre de l'embauche de Bergevin, le Sénateur a ensuite été un brin écarté. Même deux...

Vrai que Bergevin a fait sienne la volonté de Savard de ramener des anciens autour du Centre Bell. Mais il appert que les suggestions offertes par le grand Serge quant aux anciens à ramener n'ont pas été suivies.

Une source très proche du Sénateur m'a d'ailleurs confirmé qu'il remettait en question la nature de son association avec le Canadien en raison justement du manque de considération accordé à ses suggestions. Dans son entourage, on se demande même si l'appel à l'aide qu'on lui a lancé se limitait à un coup de marketing bien orchestré, bien plus qu'à un engagement direct dans la relance du club.

Crawford avant Therrien? Faux!

Depuis l'annonce de l'embauche de Michel Therrien à titre d'entraîneur-chef, une rumeur persistante flotte autour de la LNH. Une rumeur selon laquelle Serge Savard serait intervenu avec fracas, le 2 juin, pour faire renverser la décision de Marc Bergevin qui avait initialement donné l'emploi d'entraîneur-chef à Marc Crawford et non à Michel Therrien.

J'ai parlé de cette rumeur à Marc Bergevin. Sa réaction a été vive: «J'ai toujours gardé confidentiels les détails reliés au processus d'embauche de mon coach. Mais cette information est complètement fausse et je tiens à le dire. Je ne sais pas d'où ça sort, mais il n'y a absolument rien de vrai dans ça.»

Les dernières étapes du processus d'embauche rendent d'ailleurs invraisemblable ce scénario: d'après mes informations, seuls les candidats encore en lice, Crawford et Therrien ont rencontré la garde rapprochée de Bergevin le vendredi premier juin. Le lendemain, Rick Dudley, Scott Mellanby et Larry Carrière ont fait part de leurs suggestions personnelles à leur patron. Les suggestions favorisaient unanimement Michel Therrien. Des suggestions qui confirmaient la préférence de Marc Bergevin en faveur de Therrien, préférence qu'il s'était bien gardé de confier à ses adjoints.

Après une dernière nuit de réflexion, Bergevin s'est rendu le dimanche au domicile de Michel Therrien pour lui confirmer son choix. La nouvelle est sortie le lundi 4 juin, quelques heures après la troisième rencontre de la finale de la Coupe Stanley opposant les Devils et les Kings à Los Angeles.

S'il a froissé quelques anciens, dont Serge Savard, en procédant à la relance du Tricolore, Bergevin a toutefois prouvé qu'il est un homme de décisions. Un homme d'action. Cela dit, il demeure toujours un directeur général néophyte. Et bien qu'il puisse compter sur l'appui et l'expérience de sa garde rapprochée, il est essentiel que le Canadien garde Serge Savard à titre de conseiller.

Car, si les suggestions du Sénateur n'ont pas toutes été suivies au cours des dernières semaines, ses conseils seront précieux lorsque le Tricolore patinera dans le sable ou la mélasse encore l'an prochain et peut-être l'autre d'après...

Photo: André Pichette, La Presse

Les changements radicaux multipliés au cours des dernières semaines chez le Canadien confirment la mainmise de Marc Bergevin sur les opérations hockey.