Lorsque j'ai entendu la nouvelle selon laquelle Georges Laraque avait l'intention de faire un retour dans la LNH, je me suis mis à rire. À rire d'un rire qui donne des crampes à l'abdomen.

Vous voyez le genre...

Après avoir repris mon souffle, je me suis dit que les ventes de sa biographie avaient peut-être besoin d'un survoltage. Que le Gros Georges, dont l'ego est plus gros que son tour de taille et que les tours de ses biceps combinés, avait besoin d'un coup de publicité pour rivaliser avec les manifs qui l'ont mis à l'arrière-scène de l'actualité.

«Tu peux bien rire, mais je suis sérieux. Je suis très sérieux», m'a assuré Laraque lors du premier entretien téléphonique que j'ai eu avec lui hier.

Trois heures plus tard, Laraque m'a rappelé pour s'assurer qu'il était venu à bout de mon scepticisme. «Tu n'es pas le seul à douter. C'est bien correct. Et j'ai un message à tous ceux qui rient de moi et qui ne croient pas que je sois capable de revenir: vous me donnez une motivation supplémentaire de revenir. Si j'avais écouté ceux qui ont toujours douté de moi et aux yeux de qui je n'étais qu'un gros nègre, je n'aurais jamais atteint la LNH, où j'ai joué 12 ans.»

Faire oublier le 20 janvier

La dernière fois que j'ai vu Big Georges en chair et en os, il pesait plus de 300 livres. Un végétalien obèse, je ne croyais pas que c'était possible.

«Je pesais 320 livres, en fait. Je n'avais jamais été aussi lourd. Et c'est là que je me suis mis à penser à revenir au jeu. Ça me donnait un objectif pour me remettre en forme. Je suis de retour à 250 livres. Je suis en grande forme. Je viens de courir 90 kilomètres à coups de 10 kilomètres par jour dans le relais Montréal-New York.»

Et le dos? Ce dos qui le faisait tant souffrir et qui l'a gardé loin de la patinoire et de son rôle de matamore pendant son séjour à Montréal, au cours duquel il se contentait d'empocher le salaire généreux de 4,5 millions pour 4 ans que Bob Gainey lui avait consenti.

«Mon dos est complètement rétabli. Je suis en forme comme dans mes belles années.»

Mettons que le corps va bien. Et que le moral est bon. Pourquoi diable vouloir ainsi revenir au jeu plus de deux ans après s'être fait sacrer à la porte du vestiaire du Canadien?

«À cause de ça justement. Quand je pense à ma carrière, c'est toujours la date du 20 janvier 2010 qui vient me hanter. Gainey m'a mis dehors sans raison. La première année, j'en menais large, je dérangeais, c'est vrai. Mais la deuxième année, j'avais pris mon trou. Je veux revenir pour faire oublier le 20 janvier en prouvant que je peux encore faire le job.»

Job de bras

Le job, c'est, bien sûr, un job de bras. Un job que Laraque se dit prêt à faire. Même s'il ne joue pas tous les soirs. Même s'il n'a joué que deux ou trois présences par rencontre. Même s'il est limité au rôle dans lequel les Penguins voulaient le confiner lorsque Laraque leur a tourné le dos pour accepter le contrat complètement fou que le Canadien lui offrait. «Je suis prêt à tout pour revenir.»

Laraque veut revenir. Grand bien lui fasse. Mais pour revenir, il devra convaincre une organisation de lui offrir l'occasion de revenir. Ce qui est loin d'être acquis.

Son agent - Rich Winter - profitera du repêchage les 22 et 23 juin à Pittsburgh pour frapper à plusieurs portes.

Avec les retours dans la LNH de Bob Hartley et de Michel Therrien, il est clair que Laraque frappera aux portes des Flames de Calgary et du Canadien.

«Avec le Canadien, j'ai joué pour Guy Carbonneau et Jacques Martin, deux coachs qui ne voulaient rien savoir d'un gars comme moi. Je ne pouvais me rendre utile. Des gars comme Mike et Bob savent m'utiliser. Ils sont capables de tirer le meilleur d'un gars comme moi. Si le Canadien me fait signe, vous allez voir un autre gars. Premièrement, je n'ai pas besoin d'argent. Si j'en avais besoin, j'irais jouer en Russie où on m'offre un million par année sans impôt. Ça ne m'intéresse pas. Je veux revenir dans la LNH. Idéalement, ce serait à Montréal. Et comme je jouerais pour le salaire minimum et pour un contrat d'un an, personne ne pourrait me traiter de voleur en s'attardant uniquement à mon salaire, comme c'était le cas il y a trois ans.

«Si je jouais à Montréal, surtout pour un gars comme Michel [Therrien], Carey [Price], P.K. [Subban] et les vedettes seraient tranquilles. Pas mal plus qu'avec Brad Staubitz...»

Intelligent et beau parleur, Laraque a presque réussi à me convaincre hier. Presque.

Réussira-t-il à convaincre le Canadien ou une autre équipe? On verra!

«N'oublie jamais une chose. Un gars qui est en mission est capable de faire de grandes choses. En plus, j'ai réussi tout ce que j'ai entrepris dans ma vie. Je peux t'assurer une chose: le premier gars qui se retrouvera devant moi si on me donne la chance de revenir dans la LNH verra à quel point je suis sérieux. Après ça, ceux qui doutent ne douteront plus.»