Il y a 18 ans aujourd'hui, les Rangers de New York remportaient une victoire de 4-2 aux dépens des Devils du New Jersey. Les Blueshirts donnaient ainsi raison à leur capitaine de l'époque, Mark Messier, qui avait promis cette victoire pour forcer la tenue d'un septième match au Madison Square Garden.

Deux jours plus tard, Stéphane Matteau, avec un but historique marqué en deuxième période de prolongation, catapultait les Rangers en finale de la Coupe Stanley grâce à une victoire de 2-1. Une fois en grande finale, les Rangers rapatriaient la Coupe à New York après une absence de 54 ans en défaisant les Canucks de Vancouver en sept longues parties.

Dix-huit ans plus tard, les Devils ont une chance de se reprendre. De savourer une douce revanche aux dépens de leurs ennemis de Manhattan, qu'ils pourront éliminer dès ce soir alors que les deux équipes se croiseront au Prudential Center.

Mais attention! Une défaite des Devils ramènerait à l'avant-scène le scénario de 1994 et le spectre de revivre la remontée qui a marqué l'histoire des deux équipes et dont le Tout-New York parle encore aujourd'hui.

Venger l'échec de 1994 est le moindre de ses soucis de l'entraîneur-chef des Devils, Peter DeBoer, et de la très grande majorité des joueurs des Devils. «J'avais encore des cheveux sur la tête en 1994. Ça vous donne une idée à quel point cela fait longtemps. Il n'y a aucun lien entre les deux finales. Je n'y accorde aucune importance», a lancé DeBoer lors d'une conférence téléphonique, hier.

Brodeur était là

C'est toutefois bien différent pour Martin Brodeur qui, avec son patron Lou Lamoriello, est le seul témoin encore actif de cette défaite historique. C'est à ses dépens que Stéphane Matteau a marqué le but qui lui a fait une place de choix dans l'histoire des Rangers et le coeur de ses partisans.

Un but et une défaite qui ont semé la haine viscérale que Brodeur cultive à l'endroit des Rangers depuis 18 ans.

Parce qu'il est un vétéran et qu'il affiche le calme qui le caractérise depuis toujours, Martin Brodeur s'est bien gardé de mousser l'importance de savourer une douce revanche aux dépens des Rangers.

«Il n'y a aucun lien entre les deux séries. Nous avons affaire à deux équipes bien différentes de celles qui s'affrontaient en 1994. Nous n'étions pas censés rivaliser avec les Rangers à l'époque. Ils avaient conclu des transactions pour se rendre jusqu'au bout. Nous étions vraiment les négligés. Et ils ont eu besoin d'une remontée spectaculaire pour gagner. Aujourd'hui, j'ai une approche bien différente. Avec tout le travail que nous avons accompli cette année pour redevenir un club gagnant, j'apprécie plus le fait d'être rendu là où nous sommes. Et je considère que les deux équipes sont au même niveau», a indiqué Brodeur.

Je veux bien croire Brodeur, mais je n'y arrive pas. Du moins pas complètement. Et si les Devils éliminent les Rangers ce soir, je suis convaincu que les commentaires et le sourire du gardien québécois confirmeront cette notion de douce vengeance.

Pas question d'imiter Messier

Mais avant de pouvoir parler de vengeance, il faut d'abord gagner. «Nous allons affronter une équipe désespérée qui jouera son meilleur match des séries, une équipe qui est déjà passée par là», a dit Brodeur.

Les Rangers sont effectivement revenus de l'arrière contre les Sénateurs d'Ottawa en première ronde pour gagner les sixième et septième matchs et ainsi remporter la série.

Les Rangers ont aussi donné une bonne frousse aux Devils, mercredi, en effaçant leur avance de 3-0 avant de s'avouer vaincus en fin de rencontre.

«Cette remontée nous servira de leçon», a convenu Brodeur, qui ne savait pas que Mark Messier avait garanti une victoire des Rangers avant le match décisif entre les deux équipes.

«J'ai appris ça après le match seulement. Je ne sais pas si d'autres étaient au courant avant la partie, mais cela n'a eu aucun effet sur nous. C'était toutefois courageux de sa part», s'est souvenu Brodeur, hier.

À quelques heures du match le plus important de la finale de l'Association de l'Est avant le septième, s'il y en a un, personne dans le camp des Devils ne jouera les Mark Messier. Dans celui des Rangers non plus. «Ne vous attendez à rien de ce genre de ma part», a lancé en riant l'actuel capitaine des Blueshirts, Ryan Callahan.

«Nous avons deux chances de gagner, mais j'espère qu'on en finira dès demain [ce soir], car je ne veux pas retourner là-bas», a lancé Dainius Zubrus, dont le commentaire a été le plus tranchant parmi ceux émis par les joueurs des Devils hier.

Quant à Peter DeBoer, il s'en remettra à ses vétérans pour compléter la préparation de son équipe en vue du match.

«J'ai la chance de compter sur des adjoints qui ont connu de grandes carrières et vécu de grands moments comme joueurs. Larry [Robinson] est au Temple de la renommée et Adam [Oates] y sera sans doute un jour. Ils m'aident énormément. Dans le vestiaire, nous avons des vétérans qui font la même chose avec les jeunes. Martin Brodeur, avec ses paroles et ses performances, a une influence très positive sur le reste de l'équipe. Ce n'est pas pour rien qu'il est le meilleur gardien de l'histoire du hockey.»

Un gardien qui, 18 ans jour pour jour après le but qui revient le hanter de temps en temps, pourra régler ses comptes avec les Rangers, passer en finale de la Coupe Stanley pour la cinquième fois de sa carrière et, qui sait, peut-être soulever le célèbre trophée pour la quatrième fois.

Photo: Reuters

Martin Brodeur est le seul joueur encore actif qui a participé à la finale de conférence entre les Devils et les Rangers. Il y a 18 ans, avant le sixième match, Mark Mesier avait assuré la victoire des Rangers, qui avaient tenu promesse.