Alain Vigneault aurait accepté sans hésiter l'invitation de revenir à Montréal pour y diriger le Canadien.

«Il n'y a que 30 jobs d'entraîneur-chef dans la LNH. Quand tu as la chance d'en avoir une, tu prends tous les moyens pour la garder. Si tu te retrouves sans emploi et qu'une équipe t'offre l'occasion de revenir dans ce cercle très fermé, tu ne peux la refuser», m'a lancé Vigneault lorsque je l'ai joint en début de soirée hier à Gatineau où il vient de rentrer pour y passer l'été.

Mais Montréal, c'est aussi l'obligation de gagner, la pression des partisans, l'omniprésence, voire l'acharnement des médias. Après avoir composé avec tout ça lors de son baptême à titre d'entraîneur-chef dans la LNH - il est arrivé à la barre du Canadien à l'automne 1997 et a été congédié le 20 novembre 2000 - aurait-il vraiment accepté de composer à nouveau avec tous ces à-côtés pas toujours agréables?

«Il n'y a pas plus de pression à Montréal qu'il y en a à Vancouver. La météo et le hockey y sont les deux préoccupations principales. Quand il fait beau et que l'équipe gagne, tout va pour le mieux. Quand il ne fait pas beau et que l'équipe perd, ça chiale. On s'habitue. Le Canadien et Montréal demeurent une organisation et un marché de pointe dans la LNH. C'est bien évident que j'y serais retourné si j'avais été disponible et qu'on m'avait offert le poste.»

Mais voilà! «Coach V» comme il est surnommé à Vancouver n'est pas disponible. Et il ne l'a jamais vraiment été. Dès le lendemain de l'élimination des Canucks aux mains des Kings de Los Angeles, le directeur Mike Gillis a contacté Vigneault pour lui dire qu'il était en sécurité. Que s'il n'en tenait qu'à lui, il serait à la barre de l'équipe l'automne prochain.

Gillis devait d'abord s'assurer de garder son job. Il a dû patienter deux bonnes semaines avant d'obtenir l'absolution de son propriétaire Francesco Aquilini. Et une prolongation de contrat en prime... Canucks.

Bonne nouvelle pour Vigneault et les Canucks

Aussitôt bien en selle, Gillis a établi avec Vigneault les paramètres d'une prolongation de contrat de deux ans dont l'annonce a été confirmée hier.

«Je suis allé au golf avec mes parents et l'une de mes filles», m'a répondu Vigneault lorsque je lui ai demandé comment il avait fêté cette nouvelle.

Une bonne nouvelle pour l'entraîneur-chef qui pourra s'offrir le plaisir d'aller jogger dans Stanley Park pour les trois prochaines années.

Une bonne nouvelle aussi pour les Canucks qui n'auraient pas été en mesure de trouver un meilleur entraîneur-chef pour remplacer Vigneault et ses adjoints qu'il s'est assuré de garder avec lui: son complice Rick Bowness dont il était l'adjoint lors de la naissance des Sénateurs, à Ottawa, en 1992 et Roland Melanson que Vigneault a invité à Montréal pour s'occuper des gardiens de l'organisation.

Depuis qu'il a hérité du poste d'entraîneur-chef à Vancouver, les Canucks trônent en tête du classement de la LNH ou flirtent avec le premier rang pour les victoires, les points récoltés, les buts marqués et le différentiel en saison régulière.

En séries? «On a disputé autant de matchs que les équipes qui en comptent le plus. Mais il nous manque le gros trophée. La quête de la Coupe Stanley sera au centre de notre motivation. Et si notre élimination en première ronde a été très difficile à accepter, j'ai l'impression que dans deux semaines, les Kings deviendront la troisième équipe de suite - après les Blackhawks de Chicago et les Bruins de Boston - à soulever la Coupe Stanley après nous avoir éliminés.»

Mince consolation, mais consolation quand même.

L'après Luongo

Alain Vigneault se retrouvera derrière le banc d'une très bonne équipe encore l'an prochain. Une équipe qui sera en meilleure santé qu'elle ne l'était en séries avec les blessures qui minaient deux de ses piliers: Daniel Sedin et Ryan Kesler.

Une équipe qui sera aussi en meilleure santé administrative alors que le dossier Roberto Luongo sera réglé.

«Ce fut une décision très difficile de garder Roberto (Luongo) sur le banc au profit de Cory (Schneider). Mais nous étions rendus là. La transition devait se faire. Roberto a demandé à être échangé et mon patron (le DG Mike Gillis) s'occupera de ça. Roberto a été excellent pour moi et pour les Canucks. C'est encore un gardien d'élite. Mais comme coach, je peux t'assurer que nous partirons sur des bases très solides l'an prochain encore avec Cory entre les poteaux.»

Surtout qu'en refilant le contrat de Luongo à une autre formation - les Maple Leafs de Toronto semblent favoris pour remporter ce derby - les Canucks seront soulagés d'une ponction de 5,3 millions de dollars par année pour les 10 prochaines années sous le plafond salarial.

Une économie qui leur permettra d'offrir à Alain Vigneault du renfort à l'attaque et à la ligne bleue afin de lui donner la chance de combler l'une des deux préoccupations des fans des Canucks à Vancouver. Dame Nature s'occupera de l'autre...

Photo: Reuters

Alain Vigneault.