Claude Giroux jouait au basketball en compagnie de Wayne Simmonds lorsque je l'ai croisé dans le garage du Wells Fargo Center une heure avant le match. Bien qu'il semblait détendu pendant qu'il échangeait des paniers avec son coéquipier, Giroux était déjà en mission. Non seulement avait-il établi un plan d'attaque, mais il s'était assuré de pouvoir le mettre à exécution.

«Claude est venu me voir avant la rencontre. Il m'a dit: je ne sais pas qui tu as l'intention d'envoyer sur la patinoire pour commencer le match, mais je veux être là. Quand le meilleur joueur de hockey au monde prend la peine de te demander cette première présence, tu la lui donnes», a indiqué l'entraîneur-chef des Flyers, Peter Laviolette, après le match.

Ce match, les Flyers l'ont gagné facilement (5-1), remportant du coup le dernier des six assauts ayant marqué la guerre de la Pennsylvanie. Une guerre dont le capitaine Sidney Crosby, le gardien québécois Marc-André Fleury et leurs coéquipiers des Penguins sortent meurtris.

«Je nous croyais vraiment capables de gagner la Coupe cette année. Nous avions les effectifs pour y arriver. Mais l'exécution n'y était pas», a convenu un Crosby dépité après l'élimination de son équipe.



Giroux éclipse Crosby

Contrairement à Crosby et aux Penguins, Giroux et les Flyers ont pris les choses en main, hier. Et ils ne les ont pas échappées.

Après avoir obtenu le mandat d'ouvrir la rencontre, Giroux n'a eu besoin que de 32 secondes pour donner une très bonne idée du plan qu'il avait élaboré.

Au cours de ces 32 secondes, Giroux a remporté la mise en jeu initiale aux dépens de Crosby, il a envoyé «Sid the Kid» cul par-dessus tête avec une solide mise en échec avant de déjouer Fleury à l'aide d'un bon tir pour donner les devants 1-0 à son équipe. Une avance que les Flyers n'ont jamais perdue.

«Claude était possédé avant le match. Je ne l'avais jamais vu comme ça. Dix secondes avant la première mise en jeu, il est revenu près du banc pour me dire: surveille mon premier shift. Le match s'est joué là. C'est rare qu'on puisse dire ça, mais le point tournant du match est vraiment cette première présence de Claude», assurait Daniel Brière après la victoire.

En plus de marquer le premier but du match, Giroux a ajouté deux passes. Ces trois points et un rendement de +3 au cours de son après-midi de travail ont une fois encore confirmé sa domination dans le cadre du duel qui l'opposait à Crosby. Le capitaine des Penguins a non seulement été blanchi hier, mais il a terminé son après-midi de travail avec un rendement de -3.

«Claude a joué dans l'ombre des meilleurs joueurs de la LNH toute l'année. En plus d'être excellent, Claude a aussi été notre leader toute l'année. Il l'a prouvé une fois encore aujourd'hui. Cette série entre nous et les Penguins a démontré que Claude est à la hauteur des Crosby et Malkin», a poursuivi Brière, qui a marqué l'un des cinq buts de son équipe. Un but enfilé 36 secondes après qu'Evgeni Malkin eut redonné un brin d'espoir aux Penguins (3-1) et à leurs partisans. Un brin d'espoir que Brière a écrasé en redonnant une avance de trois buts aux Flyers. Brayden Schenn a marqué dans un filet désert pour sceller l'issue de la rencontre. Scott Hartnell et le défenseur recru Erik Gustavsson ont complété la marque pour les Flyers.

Giroux complète donc la première ronde avec une récolte de six buts et 14 points, un nouveau record pour un joueur des Flyers au cours d'une seule série. Daniel Brière (2010) et Bill Barber (1980) partageaient l'ancien record, qui était de 12 points.

«Je n'étais pas seul sur la patinoire. Jaromir (Jagr) et Scott (Hartnell) ont disputé un gros match à mes côtés. Ils ont joué du bon hockey toute l'année. On avait disputé deux mauvais matchs et il fallait gagner aujourd'hui. On ne voulait pas retourner à Pittsburgh. Car ce sont eux qui auraient eu le momentum. Il fallait partir fort. On l'a fait. La foule a embarqué et nous avons joué le hockey qui nous a permis de gagner toute l'année», a commenté la première étoile de la rencontre.

Bryzgalov et Fleury

Croisé sur la galerie de presse avant le match, le futur retraité Ian Laperrière assurait que l'équipe qui compterait sur le meilleur gardien gagnerait le match.

Loin d'être excellent, affichant même une tenue chancelante devant le filet, Ilya Bryzgalov a réussi 30 arrêts hier. Ses coéquipiers en ont toutefois fait 10 de plus stoppant 40 tirs des Penguins. C'est énorme. Quant aux rondelles qui se rendaient au gardien russe, elles venaient très souvent de l'extérieur.

Bien qu'ils aient profité d'une attaque massive pour marquer leur seul but, les Penguins ont été blanchis lors des quatre autres supériorités numériques. Ils ont été littéralement muselés par le travail excellent des Giroux, Talbot et Couturier, sans oublier les défenseurs Braydon Coburn et Matt Carle, qui ont excellé autour de leur gardien autant à court d'un homme qu'à forces égales.

À l'autre bout de la patinoire, Fleury a donné plus de munitions à ses détracteurs, qui lui imputent l'entière responsabilité de la sortie hâtive des Penguins.

Victime de 26 buts sur les 157 tirs auxquels il a fait face lors des six rencontres contre les Flyers, Fleury a terminé la série avec une moyenne de 4,63 buts accordés par match et une efficacité de 83,4%.

«Je vais laisser aux autres le soin de me critiquer et de commenter mes performances, a murmuré Fleury après la partie. C'est évident que c'est décevant. Nous avons une bonne équipe, nous avions connu une très bonne saison et tous les gars étaient en santé. On ne voulait pas que ça se termine comme ça», a complété le gardien québécois.

Coéquipier et proche ami de Fleury, Kristopher Letang s'est porté à la défense de son gardien. «Je suis pas mal tanné d'entendre des critiques à son endroit. C'est de la grosse bullshit. Marc-André fait partie de l'élite de la LNH et je le prendrais dans mon équipe avant n'importe quel autre gardien. On a mal joué lors des trois premiers matchs. On s'est mis en arrière 0-3. On est revenus et on croyait en nos chances. Mais on n'a pas assez bien joué aujourd'hui pour gagner et il n'y avait plus de marge de manoeuvre», a conclu Letang.

Les Penguins ont encaissé hier une élimination dès la première ronde pour la deuxième année consécutive. De fait, les Penguins se sont contentés d'une seule série remportée depuis leur dernière conquête de la Coupe Stanley au printemps 2009.

Photo: AP

Claude Giroux a récolté six buts et 14 points en première ronde contre les Penguins, un nouveau record pour un joueur des Flyers au cours d'une seule série.