Parce qu'il était éliminé depuis un bon moment, parce que sa saison a été minée d'insuccès répétés autant sur la glace qu'à l'extérieur de la patinoire, le Canadien se devait de laisser une bonne impression à son dernier match de la saison devant ses partisans.

Il l'a fait.

Et de plusieurs belles façons.

Il n'a pas battu un gros club en renversant les Maple Leafs de Toronto 4-1. Surtout que les Leafs ont été bien mal appuyés par le gardien Ben Scrivens qui s'est montré très généreux sur les premier et deuxième buts du Tricolore.

Mais il a gagné.

Et bien que le Canadien termine sa saison au tout dernier rang dans l'Est, à 14 points des Sénateurs d'Ottawa et d'une place en séries, les partisans ont ovationné leurs favoris plusieurs fois au cours de la rencontre.

La première ovation a tonné avant même le début de la rencontre. Elle a été offerte à Josh Gorges qui a reçu le trophée Jacques-Beauchamp à titre de 4e étoile de la saison. Un trophée ô combien mérité pour le défenseur qui a atteint le plateau des 250 tirs bloqués avec les quatre rondelles qu'il a stoppées hier.

La deuxième a suivi quelques secondes plus tard lorsque Carey Price, qui avait des allures de Johnny Cash habillé en cowboy et en noir du chapeau jusqu'aux pieds, est venu sur la patinoire pour recevoir son titre de joueur de l'année chez le Canadien.

À tous ceux qui contestent cette sélection, n'attaquez pas les journalistes. Partagez plutôt le blâme entre partisans, car vous êtes les responsables de cette sélection qui découle uniquement de la sélection des trois étoiles depuis le début de l'année.

Les festivités ne faisaient que débuter.

Car les partisans ont même chanté des Olé! Olé! Olé! en troisième période. Je vous l'assure.

Et du haut des gradins, plusieurs fans semblaient envieux à l'endroit des chanceux dont les numéros de sièges ont été tirés au cours de la rencontre et qui ont reçu en cadeau le chandail de match de l'un des 20 joueurs en uniforme.

L'heureux récipiendaire du chandail de P.K. Subban s'est même permis d'imiter le rituel que le défenseur du Canadien répète depuis l'an dernier avec Carey Price -échange de poignées de main à la hauteur des genoux- aux termes des victoires du Tricolore à domicile.

Si je ne me gardais pas une petite gêne, je vous dirais qu'il y avait une atmosphère de fête au Centre Bell.

On ne rit plus.

Comme si toutes les soirées mornes que ces partisans ont endurées au cours de cette trop longue saison qui, ironiquement, se termine trop vite, ne pesaient plus dans la balance.

Comme si la page était déjà tournée et qu'ils vivaient tous d'espoir en vue de la saison prochaine.

Je ne sais pas s'il s'agit d'un cas de mémoire sélective, d'amour aveugle ou d'optimisme démesuré, mais il me semble que les amateurs avaient le pardon facile.

À moins que ce soit moi qui suis trop tenace dans la critique.

Tableau effacé

Si les partisans, du moins ceux qui s'étaient déplacés au Centre Bell, semblaient avoir déjà tourné la page sur la saison qui s'achevait avant même que les 60 minutes soient écoulées, dans le vestiaire, cette page était bien tournée.

En fait non. Elle était nettoyée.

Sur le tableau accroché au mur situé à côté du gardien Peter Budaj, tableau sur lequel était inscrit le classement et les statistiques du Canadien et de ses rivaux, tableau qui était mis à jour quotidiennement, il ne restait que les noms des équipes. Bon! Celui du Canadien était toujours au dernier rang dans l'Est, mais les statistiques elles avaient disparu.

Peter Budaj, avec ses 30 arrêts, une deuxième victoire de suite à Montréal et un quatrième match de suite sans revers en temps réglementaire (2-0-0-2) a aussi fait bonne impression.

Les membres du premier trio? Ils ont été fidèles à leur saison. Pacioretty a atteint le plateau des 33 buts. Erik Cole: celui des 35 buts rejoignant ainsi Alex Kovalev pour le plus haut total de buts en une saison depuis les 38 marqués par Vincent Damphousse et Pierre Turgeon en 1995-1996.

Tomas Plekanec, qui a marqué à trois contre cinq au terme d'une longue échappée, a connu un autre fort match. Non seulement a-t-il inscrit le 2e but seulement cette saison dans la LNH à trois contre cinq -l'autre appartient à Matt Cooke des Penguins de Pittsburgh-, mais il s'agissait du premier du Canadien en pareille circonstance depuis un filet de Guy Carbonneau marqué le 24 mars 1983 contre les North Stars du Minnesota.

Même Brad Staubitz a fait bonne impression.

Non! Il ne s'est pas battu. Il a profité d'un filet désert alors que le gardien des Leafs était au banc à la faveur d'un sixième attaquant, pour marquer sur un long dégagement.

«Je n'ai pas vraiment visé, mais en même temps, je ne voulais pas rater la cible non plus», a lancé celui qui récoltait son premier point cette saison.

«J'ai marqué lors du tout dernier match de la saison l'an passé aussi. Je croyais que me servirait de tremplin pour cette année, mais j'ai du perdre mon momentum au cours de l'été», a lancé Staubitz à la blague.

Lorsque je lui ai fait remarquer qu'il pourrait narguer Plekanec et Pacioretty en indiquant que contrairement à eux, il n'a pas profité d'une largesse du gardien des Leafs pour marquer, Staubitz a ajouté une autre blague.

«J'avais offert une prime aux gars qui obtiendraient des passes sur mon premier but de l'année. En le marquant sans aide, je viens de réaliser une belle économie...»

Tout le monde était content pour Staubitz: son coach qui lui a offert l'occasion d'aller sur la patinoire pour le marquer, ses coéquipiers, les partisans et même les journalistes...

Mais je vous le demande comme ça, sans arrière-pensée ou méchanceté: avec un petit point et quelques bagarres à sa fiche, Staubitz mérite-t-il vraiment sans place avec le Canadien l'an prochain?

Ne répondez pas tout de suite...

Cela dit, il n'est pas le seul à avoir un statut précaire.

Parlant de statut précaire, le Canadien a retourné, dès après le match d'hier, les jeunes Louis Leblanc, Blake Geoffrion, Aaron Palushaj, Gabriel Dumont, Frédéric St-Denis et le gardien Robert Mayer au club-école à Hamilton. Ils seront en uniforme dès dimanche avec les Bulldogs qui ont encore quatre matchs à disputer en saison régulière.

C'est dimanche. Je vous en souhaite un très beau surtout que plusieurs familles profiteront du congé pascal pour se retrouver et s'offrir un gros dîner. Ce sera le cas chez les Gagnon même si je dois confesser qu'on n'a pas été très efficaces lors du carême...

Mais bon!

On reconnecte plus tard.