Plus encore que l'identité du prochain entraîneur-chef, de celle du premier choix au prochain repêchage ou des chances du Tricolore de rebondir et d'accéder aux séries dès l'an prochain, la question qui revient le plus souvent chez les partisans croisés ici et là est la suivante: «Qu'est-ce que Geoff Molson attend pour congédier Pierre Gauthier?»

Et je vous fais grâce des qualificatifs pas vraiment gentils qui épicent habituellement cette question.

Propriétaire du Canadien, Geoff Molson est le seul à connaître la réponse. À moins qu'il n'ait encore rien décidé.

Personnellement, je ne peux croire qu'il arrive à une autre conclusion que celle de congédier Gauthier. Le garder en poste serait une erreur qui prolongerait la grogne populaire à l'endroit du Tricolore au lieu de la calmer.



Fiasco complet

Après le fiasco complet de cette saison, Gauthier ne mérite pas la confiance de son propriétaire. Pas plus que celle des partisans.

Le fiasco est évident sur la patinoire.

Il l'est sur le plan des affaires également. Rarement a-t-on vu autant de sièges vides au Centre Bell. Le Canadien a évolué dans un mélange d'indifférence et de sarcasme affiché par des partisans non seulement déçus, mais frustrés, qui remettent même en cause la pertinence de payer le très gros prix pour encourager une équipe aussi moche.

Le fiasco, finalement, touche l'image de marque de cette organisation, plus malmenée encore sur la place publique que sur la patinoire avec le congédiement de Jacques Martin, un geste inutile sur le plan hockey et mal avisé sur le plan des communications.

Le boulet Markov

Oui, les blessures ont fait mal au Canadien encore cette année. Mais si Gauthier a refusé de tenir compte de ces blessures avant de congédier Martin, il n'a pas le droit de les utiliser aujourd'hui pour plaider sa cause.

Surtout qu'il est directement associé à la blessure qui a eu le plus de conséquences néfastes sur la patinoire. Gauthier a offert à Andrei Markov un contrat absurde - trois ans et 17,25 millions - alors que le genou blessé et fragile du défenseur russe commandait la plus élémentaire des prudences. Le fait que Markov ait raté les 68 premières parties de la saison en a fait la preuve par... 68. Et Gauthier ne s'est pas aidé en répétant dans chacune de ses très et trop rares apparitions publiques que tout allait bien dans la réadaptation de Markov.

Une chance!

Équipe, image, confiance

Les embauches de Chris Campoli et Tomas Kaberle n'ont rien fait pour aider la cause de Gauthier. Et bien qu'il ait assaini l'atmosphère au sein du vestiaire en envoyant Michael Cammalleri à Calgary, Rene Bourque est loin d'avoir fait oublier les buts marqués par celui-ci.

Cela dit, Gauthier n'a pas que des erreurs à sa fiche avec le Canadien. Les transactions réalisées avant la date limite souriront au Tricolore dans le cadre des deux prochains repêchages. Ou dans le cadre d'une transaction impliquant l'un ou l'autre de ces deux choix de première ronde et cinq choix de deuxième dont le Canadien dispose pour les deux prochaines années.

L'embauche d'Erik Cole à titre de joueur autonome représente un très bon coup, tout comme la transaction qui a amené James Wisniewski l'an dernier pour pallier les absences d'Andrei Markov - encore lui - et de Josh Gorges.

Mais le directeur général du Canadien de Montréal ne peut se contenter d'être simplement un homme de hockey. À moins d'être excellent. Ce qui n'est pas le cas ici.

Le directeur général du Tricolore doit aussi être le pilier qui a le mandat de protéger son image de marque. D'inspirer la confiance chez les partisans, le respect dans le vestiaire et aux quatre coins de la Ligue.

Sur tous ces points, Gauthier, malgré ses qualités et son intelligence, échoue lamentablement.

Au lieu d'être un phare vers qui on se tourne, Gauthier se terre dans le brouillard et refuse de dissiper celui-ci. Il a la fâcheuse habitude de balayer d'un revers de main toutes les questions auxquelles les partisans attendent des réponses pour être rassurés.

Résultat: loin d'inspirer la confiance, Gauthier est rabroué, voire ridiculisé sur la place publique. Pas toujours d'une manière juste, c'est un fait. Mais toujours par sa faute, en raison de la politique du silence qu'il impose avec une main de fer. Cette politique d'une autre époque, d'un autre régime, lui vaut non seulement d'être discrédité par les fans et contesté par les journalistes, mais lui coûte aussi très cher sur le plan de la crédibilité dans le vestiaire. On s'y moque de cet homme autoritaire et de ses directives sommant les joueurs à limiter au minimum leurs conversations avec les journalistes. Encore chanceux qu'il ne les interdise pas comme il le fait pour tous les membres de l'état-major à l'exception de lui et de son entraîneur-chef.

Geoff Molson ne doit pas seulement reconstruire son équipe de hockey. Il doit aussi retrouver la confiance et la fierté de ses partisans tout en redorant l'image ternie de son organisation sous le règne de Gauthier. Il n'a pas le choix: il doit retourner Pierre Gauthier dans les coulisses, là où il est efficace et heureux, et donner le poste de directeur général à un homme capable d'assumer tous les aspects reliés à ce job difficile.

À lui maintenant de trouver cet homme.

Photo: André Pichette, La Presse

Après le fiasco complet de cette saison, Pierre Gauthier ne mérite pas la confiance de son propriétaire.