Avec le retour au jeu remarqué d'Andrei Markov et une victoire inattendue, voire inespérée, aux dépens des Canucks de Vancouver, plusieurs partisans du Canadien se sont remis à rêver hier.

Ils ne devraient pas rentrer au bureau en scandant que le Canadien causera la surprise de l'année et se taillera une place en séries éliminatoires.

Ça non!

Mais sur les réseaux sociaux et les courriels qui m'ont rejoint en Floride, l'allusion «si Markov avait été là toute l'année, je vous le dis que nous serions en playoffs» sifflait aussi fort que les bourrasques venues du large.

Tant qu'à jouer au «si», jouons pour vrai: si Andrei Markov avait amorcé la saison en santé au lieu de rater les 68 premières parties, le Canadien n'aurait pas sorti Chris Campoli de son salon en septembre dernier en lui offrant 1,75 million. Le Canadien n'aurait pas eu à faire l'acquisition de Tomas Kaberle avec ses qualités et ses défauts et, surtout, ses deux prochaines années de contrat à 4,25 et 4,5 millions par année.

Si Markov avait amorcé la saison en octobre et non en mars, l'attaque à cinq du Canadien aurait été moins anémique qu'elle l'a été toute l'année et vous savez quoi? Jacques Martin serait toujours l'entraîneur-chef du Canadien.

Mais aussi, mais surtout, si Andrei Markov avait passé l'année sur la patinoire plutôt qu'au centre de toutes sortes de rumeurs, de mystères et d'informations contradictoires, Carey Price afficherait de bien meilleures statistiques et il ne serait pas hanté, une fois encore, par les comparaisons avec son ancien coéquipier Jaroslav Halak.



Comparaisons injustes

Les deux gardiens devront composer avec ces comparaisons pendant toute leur carrière. C'est acquis. Comme il est acquis que sur le plan des petits chiffres, Price perd sur toute la ligne dans le duel qui l'oppose actuellement à Halak. Malgré 19 matchs de plus que le gardien slovaque, Price totalise le même nombre de victoires: 24. Les moyennes de buts alloués (1,84 contre 2,45) et les taux d'efficacité (92,8% contre 91,5%) favorisent le gardien des Blues.

Mais voilà!

Enjoués, avec raison, de faire bien paraître celui qu'ils auraient voulu voir demeurer à Montréal au lieu d'être expatrié dans le Midwest américain, les fans de Jaroslav Halak oublient de souligner que son coéquipier à St.Louis, Brian Elliott, domine la LNH avec sa moyenne de 1,61 but alloué par match et son efficacité de 93,8%.

Ça n'enlève rien à la valeur des performances de Halak. C'est un fait. Mais les résultats d'Elliott, un gardien dont personne ne voulait l'an dernier et qui a signé un contrat à deux volets avec les Blues, témoignent du fait que l'équipe qui évolue devant Halak et lui et qui applique le système efficace de Ken Hitchcock contribue aussi à faire de cette équipe la meilleure équipe défensive de la LNH.

Avant l'arrivée de Hitchcock, Halak affichait un dossier d'une victoire et six revers avec une moyenne de 3,37 et une efficacité de 85,6%. Des statistiques dont il n'était certainement pas le seul responsable. Mais Elliott s'en tirait beaucoup mieux avec ses cinq victoires et une seule défaite.

À Columbus, où il a bloqué 32 des 33 tirs des Blue Jackets hier, Halak a remporté son 23e gain (23-4-5) depuis le changement d'entraîneur. Sa moyenne de buts alloués a fondu à 1,50 par match et son efficacité dépasse le taux de 94%. Halak a signé sa huitième victoire de suite hier. Il en totalise neuf à ses dix derniers départs.

Les Blues ont accordé un seul but dans leurs cinq derniers matchs et deux ou moins dans leurs dix dernières parties.

Des chiffres à faire rêver Carey Price?

Des chiffres dont rêverait tout gardien de la LNH. Des gardiens qui aimeraient évoluer derrière un rempart aussi solide.

Pas question de prétendre que Carey Price, Ryan Miller ou Martin Brodeur trôneraient au sommet de la LNH à la place d'Elliott ou Halak s'ils défendaient la cage des Blues. Car Halak, il y a deux ans, a su profiter du travail de ses coéquipiers et du système implanté par Jacques Martin à son arrivée à Montréal, tandis que Price a fait patate.

Mais une équipe qui n'affiche que 330 revirements depuis le début de la saison donne un sérieux coup de main à ses gardiens.

À Montréal, les joueurs du Canadien en ont commis 674 cette année. C'est plus du double.

Ça n'excuse pas les mauvais buts accordés par Carey Price et les soirées où il semblait se contenter de faire acte de présence. Cela permet toutefois d'appuyer les statistiques de circonstances, qui permettent d'en faire une analyse moins émotive et assassine.

Cela dit, Carey Price aurait tout intérêt à profiter du retour de Markov pour connaître une bonne fin de saison. Ça l'aiderait un brin, ou deux...

Tiger en bas de ses chaussures

Dire que je m'attendais à plus serait un euphémisme. Loin de répéter son exploit de dimanche dernier, Tiger Woods a soulevé un vent d'inquiétude en pliant bagage au Championnat Cadillac. Tiger s'est blessé au talon du pied gauche. Il a d'ailleurs changé de chaussures après le neuf d'aller. Si vous avez suivi sa ronde, vous avez été en mesure de remarquer qu'il était tombé de ses Nike bien avant. Les coups roulés faisaient défaut dès jeudi. Et quand l'élan a flanché, que ce soit à cause du talon ou non, c'était fichu. Ce l'était dès samedi, cela dit. Mais bon! Selon la version officielle, le genou tient bon. C'est ça de gagné. Car la compétition est tellement féroce et vient de partout aujourd'hui - et non des quelques rivaux d'avant-hier que Tiger a besoin d'être en pleine forme, et plein de confiance, si ceux qui croient encore en ses chances de reprendre sa place parmi les meilleurs golfeurs de la planète verront cette confiance être récompensée. Prochaine étape: le «Masters»!

Photo: AP

Jaroslav Halak a 23 victoires depuis que les Blues ont changé d'entraîneur.