Dans le fond, c'était prévisible. Après nous avoir surpris contre les Flyers de Philadelphie et les Bruins de Boston, coup sur coup, les Rangers de New York deux fois plutôt qu'une et être passé à un cheveu de se payer Sidney Crosby et les Penguins de Pittsburgh, on aurait vraiment dû croire aux chances du Canadien de faire mentir tous ceux, et ils étaient très nombreux, qui assuraient que les Red Wings de Detroit feraient de «l'écrapou» avec le Tricolore.

C'est tout le contraire qui s'est produit. Après une période, le Canadien menait 4-0. C'était difficile à croire. Plus difficile encore à comprendre. Traversant la patinoire du Centre Bell avec l'air sévère qui le caractérise, Mike Babcock, entraîneur-chef des Red Wings, semblait dépassé par la période dont il venait d'être témoin. Randy Cunneyworth semblait tout aussi médusé. Mais bon! Il n'allait pas s'en plaindre. Peu importe la ou les raisons le retrait de dernière minute du capitaine et pierre angulaire Nicklas Lidstrom, la tempête magnétique qui a déferlé au cours des dernières heures, une ou deux nuits trop tumultueuses des Red Wings dans les bars de Montréal, sans oublier quelques bonds favorables de la rondelle, le Canadien a su tirer avantage de tous ces facteurs extérieurs.

De plus, c'est important de le souligner, le Canadien a disputé un bon match de hockey. Vrai que les Wings n'étaient pas au sommet de leur forme. Mais on ne peut quand même pas tenir le Canadien responsable de ça. Il a profité de l'occasion, oui, mais il ne s'est pas contenté des largesses des Red Wings. Il a poussé plus fort encore. Comme s'il savait que, devant un géant qui dormait à poings fermés, mais qu'il était en train de réveiller, trois, quatre, cinq, voire six buts d'avance n'étaient peut-être pas suffisants.

Beaucoup plus facile que prévu, ce match a permis aux entraîneurs de donner deux ou trois tours de vis à P.K. Subban, qui a passé la deuxième période au grand complet sur le banc après avoir fait 12 présences au premier tiers. Pourquoi cette mesure disciplinaire? Parce que Subban, qui est parmi les meneurs de la LNH pour les pénalités mineures cette saison, s'est rendu coupable d'une très mauvaise pénalité en fin de première. Le favori de la foule est revenu en troisième pour apaiser la grogne populaire...

Le Canadien amorce la pause du match des Étoiles le coeur léger et l'âme en paix. Les choses pourraient se compliquer pas plus tard que mardi, lorsque les misérables Sabres de Buffalo feront escale au Centre Bell. Où sont les gros clubs quand on en a besoin?