C'est parce qu'il ne savait plus à quoi s'attendre de son équipe match après match que le directeur général du Canadien Pierre Gauthier a congédié Jacques Martin le 17 décembre dernier.

Un mois plus tard, rien n'a changé. Le Canadien est toujours aussi imprévisible. En fait, il l'est un peu moins qu'il ne l'était. Sauf que les partisans peuvent maintenant s'attendre la plupart du temps à une défaite. Difficile de parler d'une grande amélioration.

En 16 matchs sous la gouverne de Randy Cunneyworth, le Tricolore affiche déjà neuf défaites en temps réglementaire. Trois seulement de moins que les 12 encaissées par Jacques Martin en deux fois plus de parties disputées (32). Bien que ce ne soit pas toujours une récompense, le Canadien a su ajouter des points dans des causes perdantes neuf fois cette saison. Deux seulement depuis le changement d'entraîneur, qui devait pourtant relancer l'équipe.

Au hasard d'une bonne performance d'un gardien, comme ce fut le cas samedi à Toronto avec Carey Price, et dimanche dernier avec Peter Budaj aux dépens des Rangers, d'une soirée de quatre buts de Lars Eller ou d'une soirée misérable du gardien adverse, le Canadien a aussi gagné. C'est un fait.

Mais bien honnêtement, ces victoires vous convainquent-elles des chances réelles d'un retour de vos favoris dans la lutte pour une place en séries? Où prolongent-elles le supplice en relançant les signes vitaux de votre club alors que vous attendez plutôt son dernier souffle?

Ragaillardi par une récolte de trois points sur les quatre disponibles en fin de semaine et par un entraînement populaire au cours duquel ils ont reçu l'appui inconditionnel de jeunes partisans qui ont pris le Centre Bell d'assaut, hier matin - le Tricolore n'allait quand même pas être hué lors d'un entraînement promotionnel -, le Canadien est en congé aujourd'hui.

Demain, il se préparera à affronter Detroit mercredi. Les Red Wings: un club prévisible dans la victoire alors que le Canadien est ô combien prévisible dans la défaite.

L'occasion sera bien choisie pour renverser ces tendances et raviver les espoirs - aussi minces soient-ils - d'accéder aux séries ou de confirmer que le Canadien est bel et bien un club condamné à perdre plus souvent qu'il ne gagnera cette année.

La vraie réponse se fait attendre

Après avoir parlé à Jacques Martin la semaine dernière, puis avoir lu et entendu les réponses offertes dans le cadre des nombreuses entrevues qu'il a accordées, je cherche toujours le ou les vrais motifs qui ont mené à son congédiement.

Comme l'ont confirmé les 16 derniers matchs, la question de l'imprévisibilité du club ne tient pas la route.

Quant à un possible soulèvement dans le vestiaire, Martin, comme la très grande majorité des joueurs- surtout les vrais leaders - ont balayé de la main ce scénario.

Les insuccès du club? On veut bien. Mais le Canadien frappait à la porte des séries lorsque la tête de Martin a roulé. L'équipe est ce matin plus près de la 15e place dans l'Est que d'une place en séries.

J'ai encore tendance à croire que l'ordre est venu d'en haut. Inquiet d'une grogne populaire attisée par des doléances et des condamnations médiatiques nettement exagérées, comme les dernières semaines l'ont démontré, Geoff Molson, peut-être poussé par des partenaires tout aussi inquiets, a peut-être imposé cette décision à Pierre Gauthier. Peut-on vraiment se fier à messieurs Molson et/ou Gauthier pour y voir clair? Autant qu'à la chance de voir les Hurricanes et les Blue Jackets s'affronter en finale de la coupe Stanley.

Alors quoi?

Pierre Gauthier souffrant d'un syndrome du contrôle absolu de tout ce qui l'entoure, certains observateurs croient qu'il s'est laissé impressionner par les quatre victoires qui ont suivi le congédiement-surprise de Perry Pearn. Si le Canadien avait réagi à cet électrochoc avec des gains consécutifs contre les Flyers, les Bruins battus deux fois coup sur coup, et les Sénateurs, peut-être qu'il réagirait de la même façon au congédiement de Martin.

Si monsieur Gauthier a fait ce calcul, il a raté son coup. Complètement. Car non seulement a-t-il envoyé un entraîneur sans expérience à l'abattoir, mais ce DG n'a pas la prestance nécessaire pour fouetter des joueurs qui se retiennent pour ne pas se moquer de lui lorsqu'il déambule près du vestiaire, qu'il leur adresse la parole ou qu'il se faufile entre eux sans même les voir.

Le prochain DG devra commander plus de respect. Beaucoup plus.

Quoi? Vous dites que Geoff Molson vient de lui offrir publiquement toute sa confiance, ce qui tend à écarter les possibilités d'un remue-ménage imminent au septième étage? Il avait offert le même genre d'appui à Jacques Martin une semaine avant d'entériner son congédiement. Le compte à rebours doit donc être commencé...

Un grand dimanche de sports... de salon

Qui a dit que les sportifs de salon ne couraient aucun risque de blessure bien assis devant leur télé?

Un botté de précision imprécis avec quelques secondes à écouler a décidé de l'issue du match Patriots-Ravens dans la NFL. Des Patriots qui s'en vont encore au Super Bowl. Des Ravens qui méritaient mieux que de perdre de la pire façon qui soit au football.

Quelques minutes plus tôt, deux buts sans riposte des Bruins en tirs de barrage avaient confirmé leur victoire de 6-5 aux dépens des Flyers. Heureusement qu'on avait eu le temps de se remettre du but d'Evgeni Malkin, encore lui, qui avait permis à ses Penguins de battre les Capitals 4-3 en prolongation plus tôt en après-midi.

En passant, avez-vous vu les statistiques des Flyers en fusillade? Avec les Hurricanes de la Caroline (0-4), ils sont les seuls toujours en quête d'une victoire en tirs de barrage cette année (0-3). Daniel Brière (2), Claude Giroux et James Van Riemsdyk (1) sont les seuls ayant marqué. Devant les buts, Ilya Bryzgalov n'a pas encore effectué un seul arrêt (cinq buts accordés en cinq tirs) et Sergei Bobrovsky a stoppé un des trois tirs qu'il a affrontés.

Il y a donc de l'espoir pour Carey Price et le Canadien...

Photo: Marco Campanozzi, La Presse