Serge Savard, Guy Lapointe, Larry Robinson et tous les grands défenseurs que j'ai vus évoluer dans l'uniforme du Canadien ont déjà commis des erreurs. Des petites, des moyennes, des grosses, des coûteuses.

Des fois, c'était leur faute. D'autres fois, un attaquant trop pressé de se lancer vers la zone ennemie ou coupable d'une mauvaise lecture était le responsable.

C'est sans doute arrivé dans l'intimité du vestiaire et Dieu sait qu'avec leur statut ils pouvaient certainement se permettre de le faire. Mais je ne me souviens pas les avoir vu lever les bras au ciel, hocher la tête et se rouler les yeux pour se plaindre de l'erreur commise par un ou l'autre de leur coéquipier.

Encore très loin du statut d'un des trois membres de ce «big three», P.K. Subban s'est permis pareilles réactions tellement souvent cette saison qu'on peut difficilement tenir le compte.

Encore hier, après s'être rendu coupable d'une autre passe aussi molle que suicidaire qui a offert aux Penguins leur deuxième but, Subban cherchait quelqu'un vers qui lancer le blâme.

Une fois au banc, il s'est fait rappeler à l'ordre. Par Randy Ladouceur d'abord, par Randy Cunneyworth ensuite. Il n'y a pas eu de cris et je n'ai pas été en mesure de lire sur les lèvres. Mais à voir les gestes de la main qu'esquissait Ladouceur, il était clair que le responsable des défenseurs ne voulait rien entendre des explications et des doléances de son jeune défenseur. Au lieu de plaider coupable, de prendre son trou et d'apprendre de l'erreur commise pour éviter de la répéter, Subban en a rajouté. Il s'est calmé un brin après l'intervention du grand boss, mais a repris de plus belle lorsque Cunneyworth est retourné au milieu du banc.

Cette attitude est déplorable. Pis encore, elle nuit au jeune homme, car elle porte ombrage à tout ce qu'il fait de bien sur la patinoire. Et Subban fait beaucoup de bonnes choses sur la patinoire.

Sauf qu'au rythme ou il écope les mauvaises pénalités, au rythme où il multiplie les mauvaises passes et surtout avec sa façon bien à lui de chercher un ou des coupables au lieu d'assumer ses responsabilités, il ouvre la porte à des critiques qui sont bénignes quand elles viennent des partisans et des journalistes. Des critiques beaucoup plus sérieuses lorsqu'elles viennent de ses coéquipiers et de ses entraineurs. Si ses coéquipiers le pointent de plus en plus du doigt, les entraineurs ont sévi pour une rare fois hier en limitant son temps d'utilisation. Une très bonne idée. Car bien plus que les critiques, il s'agit peut-être là de la seule façon de lui faire comprendre raison. Peut-être...