Malgré le mois de préparation, l'intrusion des caméras du réseau HBO dans le quotidien des joueurs et des équipes et l'opération monstre de marketing mise de l'avant par la LNH, la Classique hivernale demeure un match de hockey.

Et c'est tout un match que les Rangers et les Flyers ont offert aux 46 967 partisans qui occupaient tous les sièges du Citizen Bank Park, le stade des Phillies, et les quelques millions d'autres qui l'ont suivi sur l'un ou l'autre des réseaux qui le diffusait aux quatre coins de la planète hockey.

Un match enlevant, physique, intense que les Flyers croyaient bien avoir en poche après qu'ils eurent pris les devants 2-0. Un match qu'ils ont échappé. Comme quoi ça n'arrive pas seulement au Canadien. Un match qu'ils ont finalement perdu alors que leur gardien Sergei Bobrovsky s'est montré presque aussi généreux qu'Ilya Bryzgalov qu'il remplaçait offrant aux Rangers la possibilité de marquer trois buts sans riposte.

«Ça fait trois fois de suite qu'ils nous battent cette année. Ce serait donc difficile de ne pas admettre qu'ils ont notre numéro, mais ce qui me choque le plus, c'est que nous sommes capables de les battre», a lancé un Maxime Talbot débiné après le match.

Tout comme Daniel Brière, qui a eu l'occasion de pousser le match en prolongation avec un tir de pénalité obtenu alors qu'il ne restait que 20 secondes à écouler en troisième. «J'ai essayé de surprendre Lundqvist (Henrik) entre les deux jambières, mais il a été plus rapide que moi», a convenu le Gatinois.

De tous les joueurs des Flyers, Jaromir Jagr était toutefois le plus déçu. Blessé à une jambe, il n'a effectué que 10 présences, dont deux en deuxième période et aucune au dernier tiers.

«J'ai été harponné à une jambe lors du dernier match et je ne pouvais patiner aujourd'hui», a laconiquement reconnu Jagr qui a été victime d'une imitation un brin sarcastique du col bleu Mike Rupp qui a salué le premier de ses deux buts en effectuant le salut militaire popularisé par Jagr. Un geste qui a déplu à plusieurs Flyers, mais pas vraiment au principal intéressé.

«Il a marqué non? En plus, c'était un beau but. J'aurais bien aimé que nous marquions par la suite pour répondre à ce geste, mais le but n'est pas venu. Nous les croiserons encore trois fois cette année je crois, j'aurai donc l'occasion de me reprendre», a simplement mentionné Jagr.

Glace parfaite... ou presque

Maxime Talbot disputait hier sa troisième classique hivernale. Un record. Malgré la déception reliée à la défaite, Talbot a convenu que c'était, et de loin, la meilleure des trois sur le plan des conditions.

«La glace était parfaite», a reconnu Talbot comme tous ses coéquipiers et adversaires croisés après le match.

Il faut dire que les conditions étaient idéales: rien à voir avec la pluie qui a transformé la patinoire en piscine l'an dernier à Pittsburgh. Rien à voir avec le froid intense qui rendait la glace trop friable l'hiver dernier lorsque le Canadien a croisé les Flames à Calgary dans le cadre de la Classique héritage.

«Je ne crois pas qu'on pourrait avoir mieux que ce que nous avons aujourd'hui. C'est couvert, le soleil ne frappe donc pas autant que samedi (12 degrés Celsius) et c'est frais (5 degrés au début du match)», a indiqué avec un sourire de fierté François Martindale responsable de la patinoire au Centre Bell.

Membre d'une équipe composée d'une quinzaine de responsables des patinoires autour de la LNH, François Martindale cajolait cette patinoire depuis le 26 décembre. Pour éviter un «coup de chaleur», elle était couverte de toiles blanches hier midi. Et à chaque arrêt de jeu, tous les membres de l'équipe la prenaient d'assaut pour gratter le surplus de neige tout en s'assurant de colmater les quelques fissures apparues ici et là.

Mais vous savez quoi? Les Rangers ont joué hier sur une surface en bien meilleur état que la patinoire sur laquelle ils patinent au Madison Square Garden. En bien meilleur état que dans trois, cinq peut-être sept, autres amphithéâtres de la LNH...

Pas de quoi se plaindre alors.

Un rendez-vous américain

Bien que la Classique hivernale porterait beaucoup mieux son nom si elle était disputée à Montréal, Ottawa, Toronto, voire Québec, et qu'elle opposait deux des sept - peut-être bientôt huit - clubs canadiens, il est important de comprendre que ce match est d'abord et avant tout un grand coup de marketing pour attirer l'attention des Américains.

À ce titre, la cinquième classique, comme les quatre premières, s'est traduite par un grand succès.

Philadelphie vibrait en fin de semaine au rythme du Nouvel An, bien sûr, mais aussi à celui de la LNH. Du centre-ville jusqu'au complexe sportif où se dressent les domiciles de Flyers, des Eagles et des Phillies et bien sûr à l'intérieur du Citizen Bank Park où 46 967 fans des Flyers, des Rangers ou invités de la LNH se sont entassés.

Gary Bettman a pris un pari risqué en choisissant le premier janvier pour présenter cette classique. Une journée consacrée depuis toujours à la surmultiplication des matchs de championnats au football collégial américain. Il a gagné ce pari. Car la curiosité créée par la présentation du match de la LNH en plein air a permis à ces classiques de se hisser tout en haut du palmarès des matchs de hockey les plus regardés de l'histoire chez nos voisins du sud. D'où l'importance pour la LNH de mettre en vedette les clubs les plus en vues aux États-Unis. Comme c'était le cas hier à Philadelphie. Comme ce sera semble-t-il le cas l'an prochain à Detroit alors que les Red Wings recevront peut-être les Blackhawks, les Bruins ou les Penguins si jamais Sidney Crosby est de retour. Mais pas le Canadien, les Sénateurs, les Leafs les Jets où les autres clubs de l'Ouest. Et pas encore les Nordiques...

Photo: AP

James van Riemsdyk et Henrik Lundqvist ont aidé la LNH à faire de la cinquième Classique hivernale un autre succès.