Pierre Gauthier se faisait rassurant en octobre quand son équipe accumulait les défaites et qu'Andrei Markov prolongeait sa convalescence en Floride.

«Monsieur Markov va bien. Son genou est fort. Il est stable. L'opération a très bien fonctionné et nous sommes très optimistes de le revoir avec nous prochainement», assurait le directeur général du Canadien.

Samedi, à Los Angeles, le même Pierre Gauthier a annoncé que «Monsieur Markov» devait se soumettre à une autre intervention pour réparer un genou qui n'est pas encore guéri. Cela fera un an jeudi que Markov a subi l'opération visant à reconstruire l'articulation de son genou. Un an!

Et bien que monsieur le directeur général affichait, samedi, un optimisme qui frisait le jovialisme - un peu plus et il tentait de nous faire avaler que cette arthroscopie était une bénédiction ou une étape normale dans son processus de guérison - «Monsieur Markov» manquera à l'appel jusqu'au début de l'année 2012.

Au moins!

Car au point où l'on est rendu dans cet feuilleton médical, qui peut dire avec certitude que «monsieur Markov» sera vraiment de retour au lendemain du réveillon du jour de l'An? Et surtout, qui peut prétendre, à défaut de pouvoir l'assurer, que «Monsieur Markov» sera le défenseur qu'il était avant de retomber au combat le 13 novembre 2010?

Andrei Markov a disputé un grand total de 50 matchs - incluant huit parties de séries éliminatoires - depuis le début de la saison 2009.

À titre de comparaison, Max Pacioretty, malgré deux longs séjours dans les mineures, en a disputé 116, Lars Eller vient d'atteindre le plateau des 100 rencontres et David Desharnais en a disputé 81. Même le défenseur Yannick Weber (76) a été plus occupé que le vétéran défenseur russe depuis 2009.

Rien pour mousser la confiance des partisans quant à ses chances de revenir en forme et en force.

Un autre Wisniewski

Il serait trop facile de profiter de cette autre prolongation de la convalescence de «Monsieur Markov» pour dénoncer la décision du Canadien d'investir 17,25 millions en lui offrant un contrat de trois ans.

Si la tendance se maintient, l'histoire s'en chargera.

Mais d'ici là, le Canadien doit bouger. Il ne peut attendre bétement le retour de son meilleur défenseur ou l'annonce d'une autre tuile. Oui, les jeunes Diaz et Emelin s'améliorent pendant que Weber régresse un brin. Oui, Frédéric St-Denis impressionne. Oui, Spacek et Campoli seront bientôt de retour. Du moins, on l'espère!

Mais il faudra plus pour que le Canadien maximise ses chances d'accéder aux séries.

L'an dernier, lorsque Josh Gorges a suivi Markov sur la table d'opération du chirurgien orthopédiste James Andrews, Pierre Gauthier a eu la brillante idée de faire l'acquisition de James Wisniewski.

Parce qu'il a misé sur «Monsieur Markov» et Hal Gill l'été dernier, le Canadien a perdu Wisniewski et Roman Hamrlik. Avec ce que l'on sait maintenant, le pari inverse aurait rapporté davantage.

Mais ce qui est fait est fait.

Pour racheter ce pari risqué, à défaut de pouvoir le faire oublier, Pierre Gauthier doit maintenant s'imposer comme il l'a fait il y a un an.

Et si Andrei Markov revient au jeu rapidement? S'il est aussi bon qu'il l'était avant? Le Canadien pourra renvoyer les jeunes à Hamilton en attendant qu'une autre blessure ne frappe sa brigade défensive...

Photo: André Pichette, La Presse

Andrei Markov manquera à l'appel jusqu'au début de l'année 2012.

On se calme!

À tous ceux - et ils sont nombreux - qui croyaient qu'une défaite à Los Angeles confirmerait l'exclusion du Tricolore des séries, il serait important de rappeler quelques statistiques intéressantes.

Avec 27 points, le Canadien est à cheval sur les séries éliminatoires, à égalité avec les Capitals de Washington et les Sénateurs d'Ottawa.

Les optimistes diront que leurs favoris ne sont qu'à six points des Bruins de Boston et du premier rang de la division Nord-Est. Ce qui est vrai.

Les pessimistes souligneront que le Canadien a disputé un, deux, trois, voire quatre matchs de plus que tous ses rivaux de l'Association de l'Est, qui pourront ainsi le rejoindre et le dépasser au fil du calendrier. Ce qui est tout aussi vrai.

Les réalistes tiennent à rappeler qu'après 27 matchs en 2009-2010, Le Canadien (12-13-2) affichait 26 points au classement. Il s'est hissé en série par la peau des dents (88 points) c'est vrai, mais s'est rendu jusqu'au carré d'as de la LNH. L'an dernier? Après 27 matchs, le Tricolore (17-8-2) filait le parfait bonheur en route vers une saison de 96 points. Il n'a pas passé la première ronde...

Pas question de dire que le Canadien est assuré d'une place en séries. Déjà qu'elle était difficile avec un club en santé, cette quête sera plus qu'ardue avec une équipe aussi amochée. Mais à moins de souhaiter une débandade au classement pour assurer une refonte de l'état-major au grand complet, il est bien trop tôt pour garantir que le Tricolore sera exclu des séries.

Leblanc ou Palushaj?

Après un premier match timide à Anaheim, où ses coéquipiers sont loin de l'avoir aidé, Louis Leblanc a disputé une meilleure partie à San Jose et une meilleure encore à Los Angeles. Parce que Leblanc a démontré de meilleures aptitudes qu'Aaron Palushaj (rétrogradé aux Bulldogs d'Hamilton hier), on serait porté à vouloir garder le Québécois à Montréal. Si c'est pour jouer sur l'un des trois premiers trios, je suis d'accord. Sinon, qu'on le retourne à Hamilton pour qu'il poursuive sa formation. Cette philosophie a très bien servi Max Pacioretty. Elle servira tout aussi bien Leblanc.