Avec des surdoués comme Ryan Nugent-Hopkins, Taylor Hall et Jordan Eberle dans leurs rangs, on s'attendait bien sûr à ce que les Oilers d'Edmonton sortent des bas-fonds de la LNH avant longtemps. On était toutefois loin de se douter qu'ils en sortiraient aussi vite et avec autant d'éclat.

Mais voilà! Les jeunes Oilers débarquent au Centre Bell, ce soir, campés au premier rang de la division Nord-Ouest, deux petits points seulement derrière les tout aussi surprenants Stars de Dallas, qui trônent au sommet de l'Association de l'Ouest.

Parce qu'ils sont exceptionnels, les jeunes surdoués sont au centre de l'attention accordée aux Oilers. Les 12 buts et 32 points qu'ils partagent justifient amplement cette attention. Une attention qui porte toutefois ombrage au grand responsable des succès des Oilers cette année: le gardien Nikolai Khabibulin.

Khabibulin pourrait être le père de ses trois jeunes coéquipiers. Ryan Nugent-Hopkins n'avait pas commencé à ramper en 1993, quand le grand gardien russe est arrivé à Winnipeg devant le filet des Jets qui n'avaient pas encore émigré vers Phoenix. Hall et Eberle étaient encore aux couches.

Performances éblouissantes

Bien qu'il aura 39 ans en janvier et qu'il en soit à sa 16e saison dans la LNH, Khabibulin affiche la forme d'un jeune homme. Après huit départs, il n'a pas encore subi de revers en temps réglementaire (6-0-2). Il n'a pas accordé plus de deux buts dans une rencontre. Mieux encore, il affiche autant de jeux blancs (deux) que de matchs de deux buts.

Il trône tout en haut des statistiques réservées aux gardiens grâce à une moyenne de 0,98 et à une efficacité de 96,3%. Martin Biron (0,95) et Josh Harding (96,5%) sont les seuls à le devancer. Biron et Harding ont toutefois disputé quatre et trois matchs de moins que le gardien des Oilers, ce qui les avantage grandement au jeu des comparaisons.

En passant, c'est bien Khabibulin qui affrontera le Canadien ce soir.

Fierté retrouvée

Quand on demande à Khabibulin d'expliquer ce qui lui permet d'effacer petit à petit ses résultats atroces de l'an dernier - 10 victoires, 32 revers, 4 défaites en prolongation ou fusillade, moyenne de 3,40 et efficacité de 89% -, il commence par louanger la qualité du travail fait devant lui par ses coéquipiers.

Mais encore...

Après un été de repos, le gardien russe est maintenant complètement rétabli de l'opération au dos qu'il a subie en janvier dernier.

«Et la chose est maintenant derrière moi», d'ajouter le gardien russe. La chose! Quelle chose?

C'est son arrestation pour conduite avec facultés affaiblies par l'alcool qui lui est tombée dessus en février 2010 en Arizona. Une arrestation qui s'est soldée par une peine d'emprisonnement de 30 jours. Une sentence qui a été écourtée à 15 jours après une procédure d'appel et que le gardien a purgée l'été dernier.

La chose et ses conséquences ont-elles contribué à ses insuccès de l'an passé? «Disons simplement que cela n'a pas aidé», a-t-il convenu avant de demander à parler d'autres choses.

La conviction que les chances de gagner étaient au mieux bien minces, et souvent carrément nulles l'an dernier avant même que la première mise en jeu soit disputée n'a rien fait pour aider la cause de Khabibulin et des Oilers.

«On a vécu une année vraiment difficile. Je ne sais pas à quel point le poids des défaites a contribué à miner notre confiance, mais je sais qu'il est bien plus facile de se motiver cette année en sachant que nos chances de gagner sont aussi bonnes que celles de nos adversaires», a répliqué le gardien russe.

En plus d'être un excellent gardien, Khabibulin est un homme fier. En 1992, aux Jeux olympiques d'Albertville, il s'est fait «voler» sa médaille d'or. Parce qu'il n'était que le troisième gardien de l'équipe, il a été floué de sa médaille qui s'est retrouvée au cou de l'entraîneur-chef Viktor Tikhonov.

Khabibulin a répliqué en refusant de défendre les couleurs de son pays. Le refus a tenu 10 ans. Mais en 2002, aux JO de Salt Lake City, Khabibulin s'est fait remettre sa médaille d'or en plus d'aider l'équipe russe à monter sur la troisième marche du podium.

L'an dernier, à Edmonton, la fierté du gardien a une nouvelle fois été écorchée. Plusieurs observateurs l'ont accusé de se contenter d'accumuler les millions consentis par les Oilers qui lui ont accordé, en 2009, un contrat de quatre ans d'une valeur de 15 millions.

Khabibulin empoche encore 3,75 millions cette année. Mais ce salaire ne fait plus grincer des dents maintenant qu'il est associé à des performances aussi solides de sa part que de celle de l'équipe.

«Pour l'instant, ça va bien. Je me sens bien, je joue bien, l'équipe joue bien et nous gagnons. Mais il est encore bien tôt dans la saison. On a encore beaucoup de choses à accomplir. L'objectif ultime demeure la Coupe Stanley. J'ai eu la chance de la soulever et je sais ce que ça prendra pour s'y rendre à nouveau», a conclu Khabibulin sans avancer de date pour une éventuelle conquête.

La question est de savoir s'il sera toujours devant le filet lorsque les Oilers retourneront tout en haut de la LNH après avoir croupi si longtemps tout en bas...

Photo: Reuters

À 38 ans, Nikolai Khabibulin affiche la forme d'un jeune joueur.