Il y a tout près d'un an, Matthew Lombardi, accroché au moment où il patinait à vive allure, a plongé tête première dans la bande. Du coup, il plongeait dans le long et sombre tunnel où s'entassent les victimes de commotions cérébrales.

C'était le 13 octobre au deuxième match de la saison des Predators de Nashville, qui croisaient Jonathan Toews et les Blackhawks au United Center de Chicago.

«J'ai complété la partie, mais je savais que quelque chose n'allait pas. J'étais confus, étourdi, j'avais mal à la tête. En fait, je n'avais plus toute ma tête», raconte le Montréalais de l'Ouest-de-l'Île.

Après avoir passé une année à s'approcher, puis à s'éloigner, avant de s'approcher de nouveau de la lumière qui scintillait au bout de ce tunnel, Lombardi vient enfin de l'atteindre. Il célébrera d'ailleurs ce soir cette grande sortie en endossant l'uniforme de sa nouvelle équipe, les Maple Leafs de Toronto, pour la première fois dans le cadre d'un vrai match.

«Commencer contre le Canadien, ça ne peut pas mieux tomber. Je suis prêt et vraiment excité à l'idée de renouer avec la compétition. J'ai toute ma tête, mais les jambes ne sont pas encore toutes là. Ça va venir», promet celui qui est passé des Predators aux Leafs en compagnie du défenseur Cody Franson à la date limite des transactions en mars dernier. Une transaction qui sourira à Brian Burke si Lombardi redevient le joueur qu'il était avant de plonger dans le noir. En plus d'obtenir Brett Lebda et Robert Slaney, les Predators recevront toutefois un choix de quatrième ronde en 2013 si Lombardi dispute plus de 60 matchs au fil des deux prochaines saisons.

«Je compte en disputer bien plus que 60», dit Lombardi, qui a récolté 236 points (89 buts) en 446 matchs avec les Flames de Calgary et les Coyotes de Phoenix avant d'être blanchi lors de ses deux seules parties disputées avec les Predators.

Un pied dans l'espoir, l'autre dans le désespoir

Combattre les effets d'une commotion est une guerre d'usure. «Je reviens de très loin», reconnaît d'ailleurs «l'anglo» du West Island, qui a conservé un excellent français malgré ses années d'exil et qui a tenu à ce que l'entretien soit mené en français.

«Être si longtemps dans le noir a été une épreuve très difficile à traverser. Je me suis toujours accroché à l'espoir de vivre ce que je vivrai contre le Canadien. Mais je mentirais si je prétendais ne jamais avoir douté.»

Après une série de petites améliorations et de reculs difficiles à encaisser, le joueur de centre de 31 ans a reçu un élan d'encouragement important lorsqu'il est passé des Predators aux Leafs.

«Le fait qu'une équipe croyait que je jouerais à nouveau a tout déclenché. À compter de ce moment, je n'ai fait que des pas en avant. Des petits, mais toujours dans le bon sens.»

Le dernier pas est venu en fin de semaine dernière lorsqu'il a obtenu le feu vert des médecins des Leafs. Il a ensuite disputé un premier match préparatoire et réalisé qu'il était sorti du tunnel pour de bon.

«J'étais vraiment content, mais aussi un peu craintif. Je ne voulais tellement pas reculer. J'ai reçu l'autorisation de faire venir mon physiothérapeute - le Québécois Maxime Gauthier qui compte Vincent Lecavalier, Simon Gagné et Maxime Talbot sur sa liste de patients dans la LNH - pour qu'il me prodigue un dernier traitement. J'avais besoin d'être rassuré», admet candidement l'ancien porte-couleurs des Tigres de Victoriaville, dans la LHJMQ.

Au-delà de ce traitement préventif, Lombardi a obtenu un vote de confiance plus que réconfortant au cours du match: après que Tim Connolly eut quitté la rencontre en raison d'une blessure à une épaule, c'est vers lui que Ron Wilson s'est tourné pour piloter le premier trio entre Phil Kessel et Joffrey Lupul.

Contre le Canadien, Lombardi sera confiné au centre du quatrième trio. Et il sera très heureux d'y être. «Aie! Je vais jouer au hockey. C'est déjà beaucoup.»

Dupuis se rapproche

Matthew Lombardi ne sera pas le seul Québécois dans le vestiaire des Leafs cette année. Il pourra maintenir son français en échangeant avec le Lavallois Philippe Dupuis.

Embauché à titre de joueur autonome en juillet, Dupuis pilotera un troisième trio complété par David Steckel et Colby Armstrong. Pour l'instant. «Je suis très heureux de m'être entendu avec les Leafs [contrat d'un an d'une valeur de 650 000$], mais je devrai me battre tous les jours pour obtenir du temps d'utilisation», a indiqué le joueur de centre de 26 ans.

Évoluant dans l'Association de l'Ouest depuis son repêchage - sélectionné par les Blue Jackets de Columbus, il a fait le saut dans la LNH avec l'Avalanche du Colorado -, Dupuis est très heureux de se rapprocher de la maison.

«C'est le fun pour moi, ma blonde et nos familles. Mais si je me rapproche de Montréal, je devrai m'éloigner du Canadien. Le CH a toujours été mon équipe préférée. Même dans l'Ouest, je pouvais les suivre. Mais là, ils deviennent des ennemis.»

Un match ne fait pas une carrière, mais le 19 décembre dernier, à Denver, Dupuis a disputé un match du tonnerre dans une victoire de 3-2 de l'Avalanche aux dépens du Canadien. «On les croise six fois par année. J'espère que ce premier match donnera le ton...»

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Photo: PC

Matthew Lombardi revient de très loin.