Le Canadien a apaisé le vent de panique qui commençait à lui fouetter le visage en battant le Lightning de Tampa Bay de façon plus que convaincante samedi.

Avec un brin de mauvaise foi, il serait facile de minimiser cette victoire de 5-1 en soulignant que les joueurs du Lightning n'affichaient pas la moitié de l'entrain et du désir de vaincre qu'ils affichaient jeudi, au Centre Bell, où ils ont blanchi le Canadien 4-0. Habitués aux charmes de Montréal, les joueurs du Lightning semblaient avoir découvert pourquoi Québec est une si belle ville...

Malgré la faible opposition offerte par les Lecavalier, Stamkos et compagnie, malgré le fait que la défense du Lightning sera encore son talon d'Achille cette année, le Canadien a démontré de belles choses samedi.

Passive, pour ne pas dire inerte, depuis le début du calendrier préparatoire, l'attaque à cinq a été active, voire incisive. Une excellente nouvelle pour Jacques Martin, dont la tranquillité d'esprit encore cette saison sera directement proportionnelle aux succès de son gardien et des unités spéciales.

La mutation d'Erik Cole et d'Andrei Kostitsyn au sein des deuxième et troisième trios a confirmé que l'entraîneur-chef pourra compter sur trois premiers trios capables de contribuer. Et que les membres de ces trois premiers trios pourront être permutés en cas de relâchement ou de non-production. Le message semble d'ailleurs avoir été bien saisi par Scott Gomez qui, n'en déplaise à ses nombreux détracteurs, a été le meilleur vétéran en matchs préparatoires.

Manque de profondeur

Bien que leurs joueurs commentaient avec satisfaction la victoire de samedi et la conclusion sur une bonne note d'un camp d'entraînement qui jusque-là sonnait vraiment faux, Jacques Martin et son patron Pierre Gauthier étaient loin de pavoiser.

Ce matin, dans le centre de villégiature au nord de Toronto où le Tricolore amorce une retraite fermée visant à le propulser vers un bon début de saison, Jacques Martin affichera son air sévère pour rappeler ses joueurs à l'ordre s'ils considèrent la victoire de samedi comme un gage de réussite en saison régulière.

Gardant un oeil sur la patinoire, Pierre Gauthier devra aussi épier les autres clubs et scruter la liste des joueurs disponibles. Car il doit améliorer son équipe.

Au-delà des succès des trois premiers trios, le Canadien a besoin d'aide pour pallier les absences d'Andrei Markov, Lars Eller, Travis Moen et Ryan White. Du groupe, seul Moen pourrait être en uniforme à Toronto. On ne parle pas vraiment ici d'un sauveur...

Ça veut dire qu'Engqvist, Palushaj et Weber, qui composaient le quatrième trio samedi, pourraient être encore réunis jeudi. C'est mince. Et ce n'est pas Michael Blunden qui mettra du muscle autour de l'os. Imaginez s'il fallait en plus qu'un attaquant de premier plan glisse sur un savon égaré dans la douche d'ici à jeudi!

Ce n'est guère mieux à la ligne bleue.

L'embauche de Chris Campoli devrait colmater une partie de la brèche provoquée par l'absence de Markov. Mais la défense menace encore de céder. Va encore avec les duos Gill-Subban et Gorges-Campoli. Des duos honnêtes qui sont toutefois surclassés d'un rang en raison de l'absence de Markov.

Malgré des aptitudes offensives évidentes, le fait qu'il semble déjà meilleur que Yannick Weber en défense et qu'il ait devancé Alexei Yemelin, une des grosses déceptions jusqu'ici, Raphael Diaz ne peut être considéré comme un défenseur régulier dans la LNH. Jaroslav Spacek, loin d'être mauvais en matchs préparatoires, l'aidera comme il peut. Mais peu importe qu'on retrouve Diaz, Yemelin ou Woywitka avec Spacek au sein du troisième duo d'arrières, Carey Price aura besoin d'être sur ses gardes et les attaquants devront penser défense si le Tricolore veut éviter le pire.

Le Canadien présente une bonne équipe. Mais pour rivaliser avec les meilleures et viser les premières places plutôt que le centre du peloton, il doit encore s'améliorer. Le renfort ne tombera pas du ciel. Il faudra aussi jongler avec le plafond salarial. Mais un vrai centre de quatrième trio et un défenseur de la LNH - surtout si l'absence de Markov se prolonge - seraient bienvenus. Voire nécessaires.

Malone: de trois à cinq matchs!

Jambes lourdes? Souffle court? Nuit trop courte? Allez savoir! Mais Ryan Malone cherchait tellement le trouble samedi qu'on peut facilement conclure qu'il voulait être n'importe où sauf sur la patinoire du Colisée. Le coup à la tête asséné à Chris Campoli lui a finalement permis d'obtenir le congé qu'il reluquait. Un congé qui pourrait être plus long que prévu. À la lumière des sanctions imposées par Brendan Shanahan depuis le début du calendrier préparatoire, on peut s'attendre à ce que Malone écope de trois à cinq matchs.

Certains diront que Campoli a été totalement imprudent en sortant de l'arrière du filet de Carey Price la tête basse. C'est tout à fait vrai. Mais Campoli avait la tête baissée bien avant l'impact. Malone n'a donc pas été pris de court par un adversaire qui s'est baissé ou lui a tourné le dos au dernier instant. Il avait ainsi tout le temps pour éviter l'impact ou en minimiser les conséquences. C'est tout le contraire qui s'est produit. Malone a même fait un saut avant la collision. Ça devrait donc lui coûter quelques matchs et quelques dizaines de milliers de dollars. Et c'est tant mieux! La question à 1000$ maintenant: combien de suspensions et de millions retenus sur les salaires Brendan Shanahan devra-t-il imposer avant que les joueurs ne saisissent que la politique du tout laisser faire dans la LNH est révolue?

Photo: Bernard Brault, La Presse

Scott Gomez a été le meilleur parmi les vétérans du Canadien dans les matchs préparatoires.