Gabriel Dumont refuse de se laisser étouffer par la pression de faire le grand saut dans la LNH dès cette année. Mais lorsqu'on lance au joueur de centre que ses performances pourraient bientôt être récompensées par la manchette «Dumont obtient enfin sa chance avec le Canadien», le Québécois laisse le coeur prendre le dessus sur la raison: «Je rêve à cette manchette depuis que je suis petit.»

Réglons une chose tout de suite: Gabriel Dumont est encore petit. Au sens propre avec ses 5'10 et les 185 livres qu'il doit peser avec un équipement détrempé sur le dos. Il l'est aussi au sens figuré. À son troisième camp d'entraînement, le 5e choix du Tricolore en 2009 (139e sélection) célébrera ses 21 ans le 6 octobre prochain. Dumont est donc encore loin du camp de la dernière chance.

Cadeau d'anniversaire

Les probabilités que le Canadien lui offre de prendre part au match d'ouverture de la saison 2011-2012, le 6 octobre à Toronto, en guise de cadeau d'anniversaire, sont minces. Elles ne sont pas nulles pour autant. Si les blessures continuent de miner le vestiaire, que Ryan White, Lars Eller ou David Desharnais laissent un vide à combler au centre et que les Palushaj, Engqvist, Trotter, Blunden, Willsie, Avtsin et autres candidats au poste de 13e attaquant se contentent de trop peu, Dumont pourrait alors mettre le cap sur Toronto et non sur Hamilton à la fin du camp.

Et Brendan Gallagher? Il est impressionnant. La tentation de lui offrir une promotion hâtive sera grande. Mais il serait plus sage d'y résister.

Cela dit, que Gallagher soit avec le grand club ou non ne devrait pas avoir de répercussion sur Dumont.

Gallagher est un ailier. Un ailier offensif. Dumont évolue au centre. La responsabilité de pivoter un quatrième trio représente d'ailleurs un défi parfait pour lui. Bien qu'il ait terminé sa carrière junior - il évoluait à Drummondville sous les ordres de Guy Boucher - avec une saison de 51 buts et 93 points en 62 matchs, Dumont s'est transformé en joueur de soutien dans les rangs professionnels. Et c'est dans ce rôle qu'il atteindra la LNH. Car il l'atteindra un jour.

Le nez dans l'action

En partie responsable du premier but marqué par les Sénateurs d'Ottawa, qui sont venus battre le Canadien 3-2, samedi au Centre Bell, et victime d'une feinte du défenseur David Runblad qui s'est ensuite rendu jusqu'à Carey Price, Dumont a fait contrepoids à ces bévues avec l'intensité débordante qui caractérise son jeu.

Mieux encore, les quelques erreurs commises sont loin de l'avoir ralenti, encore moins abattu. Un signe évident que la confiance et la conviction d'être en mesure d'évoluer dans la LNH s'installent dans le coeur et la tête de l'attaquant originaire de Dégelis, petite localité sise sur la frontière séparant le Québec du Nouveau-Brunswick.

Au-delà des quelques notes en rouge inscrites en marge de son nom sur la liste des candidats aux postes à pourvoir, Dumont a eu droit à un concert d'éloges de la part de futurs coéquipiers. «Il m'a impressionné du début à la fin du match», a lancé Michael Cammalleri après la rencontre de samedi.

Bien que Gabriel Dumont n'ait récolté aucune mention d'aide sur chacun des filets du franc-tireur, Cammalleri les a en partie imputés à la qualité du travail de son centre.

«La première chose qui saute aux yeux est sa fougue. Il est petit, mais il travaille sans relâche. Plus encore, et je ne sais pas si c'était évident des gradins, il affiche une efficacité fantastique en défense. Avec sa vitesse, sa combativité et sa vision du jeu, il récupère les rondelles et relance l'attaque en quelques secondes. Ça nous permet d'être plus dangereux en zone adverse, car nous y pénétrons rapidement au lieu d'attendre le milieu ou la fin de nos présences. Nous sommes donc plus reposés et incisifs», a assuré Cammalleri.

Autre signe qui ne ment pas: les réprimandes des adversaires. Vendredi, à Ottawa, Dumont s'est attiré les foudres de la supervedette Jason Spezza, qui n'en pouvait plus de se faire «picosser» après chaque mise en jeu.

«Ça ne me surprend pas du tout. Gabriel est sorti de l'école de Guy Boucher. Ça veut dire qu'il joue de façon intelligente et qu'il ne ménage aucun effort sur la glace. Je ne sais pas ce que la direction décidera dans son cas, mais je peux assurer que Dumont est un joueur de hockey. Un vrai et un bon», a souligné Mathieu Darche, qui pourrait bien encadrer Dumont en compagnie de Travis Moen si le jeune centre amorce la saison à Montréal.

Survivre aux coupes

Rentrés de Halifax au cours de la nuit, Pierre Gauthier, Jacques Martin et les autres membres de l'état-major se réuniront aujourd'hui pour lancer une vague de coupes.

Les joueurs retranchés retrouveront alors leur club junior ou seront confiés, dès demain matin, à Clément Jodoin, nouveau professeur à la tête des Bulldogs de Hamilton.

Dumont doit survivre à ces coupes. Le contraire serait décevant et injuste. Car s'il n'a pas la taille des Engqvist, Blunden ou Avtsin, la touche des Brian Willsie, Brock Trotter ou Aaron Palushaj, qui est aussi le plus rapide patineur du groupe, Dumont les domine tous jusqu'à maintenant avec son ardeur au travail. Et la qualité générale du boulot accompli. Est-ce assez pour obtenir une place bien à lui dans le vestiaire du Canadien? Non! Mais c'est certainement assez pour être le premier appelé en cas de besoin. Et tout indique que le Tricolore aura justement besoin de renfort pour amorcer sa saison.

Photo: Bernard Brault, La Presse

Les probabilités que Gabriel Dumont commence la saison avec le Canadien sont minces. Mais elles ne sont pas nulles.