Les subtilités de la loi sur les élections semblent décidément bien difficiles à saisir... Après que trois ministres libéraux aient affirmé à tort que les dons d'entreprises sont légaux, voilà qu'une chef de parti municipal, Louise Harel, dit avoir cautionné en toute bonne foi un prêt qui excède largement les sommes permises.

Les subtilités de la loi sur les élections semblent décidément bien difficiles à saisir... Après que trois ministres libéraux aient affirmé à tort que les dons d'entreprises sont légaux, voilà qu'une chef de parti municipal, Louise Harel, dit avoir cautionné en toute bonne foi un prêt qui excède largement les sommes permises.

L'insouciance des élus en cause est d'autant plus troublante qu'ils possèdent tous quatre un important bagage politique. Cela dit, faisons la part des choses avant de taxer la chef de Vision Montréal de fraudeuse.

On s'entend, nul ne peut ignorer la loi. En cautionnant un prêt de 240 000$, Louise Harel a clairement enfreint la limite de 10 000$. Elle doit donc, nécessairement, être mise à l'amende.

Mais attention, il ne s'agit pas d'une «manoeuvre frauduleuse» comme telle: personne ne s'est mis d'argent dans les poches, aucune somme n'a transigé par enveloppe brune, il n'y a pas de conflit d'intérêts et aucune entreprise n'a été impliquée.

Bref, il n'y a pas eu de vile transaction monétaire et, en ce sens, la faute de Mme Harel s'apparente davantage à un feu rouge grillé qu'à un détournement de fonds. L'article sur le cautionnement n'est pas un élément fondamental de la loi, comme peut l'être celui qui empêche les entreprises de financer les partis politiques.

Aussi, le jugement que l'on porte collectivement sur cette affaire doit être à la hauteur de l'infraction commise.

Le parti du maire Tremblay, qui a également reçu la visite du DGE dans le passé, aurait donc intérêt à mesurer ses paroles. Laisser entendre qu'il y a eu fraude, comme l'a fait le patron du comité exécutif, Alan de Sousa, est malvenu.

D'autant que rien ne prouve que la chef de l'opposition a sciemment contourné cette loi au millier d'articles. L'aurait-elle voulu, qu'elle aurait probablement cautionné le prêt quelques jours après le 31 décembre, afin que ce tour de passe-passe n'apparaisse pas dans les états financiers de 2009, mais bien dans ceux de 2010. En éloignant la chose du dernier rendez-vous électoral, elle aurait certainement amoindri son impact.

En outre, c'est le parti de Louise Harel qui, après avoir constaté l'infraction, a alerté la banque et le Directeur général des élections en début d'année. Déjà pas mal pour un parti endetté, en pleine reconstruction, qui a changé de chef en pleine bataille électorale.

Comprenons-nous bien: il est désolant de constater autant d'amateurisme. De la part des ministres à Québec, mais aussi de cette ancienne ministre des Affaires municipales, rappelons-le. Il s'agit donc d'un rappel à l'ordre pour l'ensemble de la classe politique.

Mais entre l'amateurisme et la fraude, il y a un énorme pas que les informations disponibles ne nous permettent pas de franchir.