Caché derrière les primes, contributions et hausses de tarifs du dernier budget, le virage du Québec en matière de transport électrique n'a pas reçu l'attention qu'il mérite.

Caché derrière les primes, contributions et hausses de tarifs du dernier budget, le virage du Québec en matière de transport électrique n'a pas reçu l'attention qu'il mérite.

Dans son discours, le ministre Bachand annonçait la volonté du gouvernement d'élaborer, d'ici l'automne, une «politique industrielle» visant le développement des véhicules électriques ainsi qu'un plan d'action pour y arriver.

Du coup, les voeux exprimés dans le passé recevaient enfin le sceau officiel du grand argentier.

N'était-ce qu'un bonbon vert ajouté à un budget dur à avaler? Les premières informations qui circulent, dont celles révélées par Le Devoir hier, laissent croire que cette fois, après le faux-départ du moteur-roue dans les années 90, le Québec est prêt à se retrousser les manches et à investir avec énergie cette industrie en plein essor.

Le gouvernement prévoit notamment l'octroi d'une enveloppe d'une centaine de millions de dollars, une aide à l'industrie québécoise des constructeurs et des fabricants de pièces, et une vaste campagne de promotion des autos électriques (modèles tout électriques, dotés de prolongateur d'autonomie et hybrides rechargeables).

Objectif: que le quart de tous les véhicules vendus en 2020 soit propulsé par l'électron.

Ambitieux! Et c'est tant mieux. Car d'un côté, 97% du transport carbure à l'essence au Québec et de l'autre, 97% de l'électricité provient de source renouvelable. L'un doit absolument se substituer à l'autre, pour des raisons environnementales évidentes, mais aussi économiques.

En effet, la province étant une importatrice de pétrole, elle est grandement dépendante, vulnérable... et dans le rouge! Chaque année, la balance commerciale du secteur énergétique se creuse de plusieurs milliards de dollars.

Le Québec n'a donc aucun intérêt à attendre l'éventuel plan d'action canadien en pareille matière, d'autant que la Chine, depuis un bon moment déjà, s'est fixée l'objectif de contrôler cette industrie. Tout comme la Silicon Valley, d'ailleurs.

Il faut donc saluer la volonté d'Hydro-Québec d'embarquer pleinement dans l'aventure. Elle semble convaincue du potentiel de l'auto électrique, contrairement à celui de l'énergie éolienne, à une autre époque, qu'il a fallu lui enfoncer dans la gorge.

La société d'État est certainement la mieux placée pour s'occuper de l'infrastructure de recharge, l'intégrer à son réseau et ainsi, accélérer le déploiement des véhicules électriques.

Hydro-Québec a donc maintenant le fardeau de la preuve. Elle doit participer à l'électrification du transport collectif (bus, trains, tramways, trolleybus), pas seulement aux études de faisabilité. Elle doit tailler sa place parmi les grands noms de l'industrie de l'automobile, et pas que pour les essais routiers nordiques. Et surtout, elle doit montrer qu'elle est capable de faire passer du laboratoire au marché les innovations technologiques de son institut de recherche.

Bref, elle doit montrer qu'elle a appris de l'échec de son moteur-roue.