Tout bon observateur urbain aura noté l'augmentation du nombre de cyclistes dans les rues de Montréal, cet hiver. La pratique est toujours réservée aux irréductibles, mais les rangs de ces derniers se garnissent d'année en année.

En attendant les statistiques de L'état du vélo 2010, prévu l'an prochain, rabattons-nous sur quelques indices éloquents pour s'en convaincre. Vélo Québec dit enregistrer cet hiver plus d'appels que jamais au sujet des pistes cyclables déneigées. Habituellement abandonnés en cette période de l'année, les stationnements de vélos sont utilisés, comme celui de la tour de la Bourse, où l'on retrouve chaque jour trois à quatre bicyclettes, alors qu'il n'y en avait qu'une ces dernières années. Et surtout, les pistes cyclables sont empruntées malgré le froid, le grésil, le vent et la neige.

«Il y a beaucoup plus de cyclistes qui se lancent sur la route cette année, c'est évident, confirme François Démontagne, un cycliste hivernal depuis trois ans qui a lancé un groupe pour ses pairs sur Facebook. Je ne dirais pas que le nombre a doublé, mais il a passablement augmenté.»

Ce qui n'est pas rien, quand on sait qu'en 2006, environ 50 000 Montréalais enfourchaient leur bicyclette à l'année.

Une des raisons derrière cet engouement tranquille: le déneigement des pistes cyclables, ce que la Ville appelle le «réseau blanc». Depuis l'an dernier, 30 kilomètres de chaussées réservées aux vélos sont déneigées après chaque tempête, un peu plus si on inclut les bandes cyclables. On souhaite atteindre les 60 kilomètres d'ici l'hiver 2013-2014.

Mais la principale explication est ailleurs. «Il y a un effet boule de neige, explique Gabriel Béland, auteur du blogue Vélomane (et collègue de La Presse). Plus de gens en font, plus il y a de gens susceptibles d'en faire, puisque c'est souvent par les connaissances que le goût de pédaler l'hiver te vient.»

Il est en effet bien rare qu'on se lève un beau matin avec l'envie irrésistible d'aller rouler dans la gadoue, même si la Ville promet de la nettoyer. Le bouche à oreille, les discussions entre amis, l'exemple venant de connaissances, voilà les véritables incitatifs à la pratique hivernale du vélo.

Le déneigement des pistes cyclables aide beaucoup, c'est certain, mais il ne faut pas croire que l'existence du réseau blanc attire à elle seule plus de monde. C'est plutôt l'inverse: il y a plus de cyclistes, DONC il y a le réseau blanc.

La Ville de Montréal a ainsi tout intérêt à continuer à développer le réseau pour satisfaire ceux qui, en nombre grandissant, profitent des infrastructures en place. Il s'agit d'une tendance lourde qui ne se dément pas, ici comme ailleurs: les cyclistes se multiplient et continueront de le faire.

Voilà aussi pourquoi les villes et arrondissements réticents auront intérêt à s'ajuster, comme Westmount, par exemple, qui refuse de déneiger sa portion de la piste cyclable de Maisonneuve, ou encore les villes de la Rive-Sud, qui en font bien peu pour créer un lien cyclable - actuellement cruellement manquant - vers l'île, l'hiver.

Montréal n'est peut-être pas Copenhague, où un navetteur sur deux se déplace sur deux roues, mais elle n'en reste pas moins l'une des villes du continent où le vélo est le plus prisé. Même quand il neige.

Photo: archives La Presse

Conseils pour non-initiés...

Cycliste d'hiver pendant plusieurs années, j'ai pu apprécier les grandes différences qui existent entre les déplacements à vélo en juin et en janvier. Voici certains conseils puisés de mon expérience: il vaut mieux ne pas rentrer le vélo au chaud dans la maison l'hiver, pour éviter les bris de matériel; un vélo sans dérailleur pose moins de problèmes mécaniques, sinon vaut mieux ne pas changer de vitesse; tourner la serrure du cadenas vers le bas fin d'éviter que la neige ou l'eau y pénètre; les pneus à clous, plutôt dispendieux, ne sont pas indispensables; les lumières sont encore plus importantes que le casque!

Pour en savoir plus: Velo.qc.ca

 

 

Photo: archives La Presse

Montréal, ville peu froide

Exercice intéressant : Environnement Canada a analysé plus de 30 années de données météorologiques pour les 100 plus grandes villes canadiennes, afin de dresser un portrait de chacune d'entre elles. On y apprend, par exemple, que Montréal se classe au 50e rang quant aux hivers les plus froids au pays, mais au 22e rang pour le nombre de jour de pluie verglaçante. Val d'Or, avec 103 jours de précipitation de neige, se classe toute première au pays. Et Québec est la ville canadienne où l'épaisseur moyenne de neige en janvier est la plus importante.

 

 

Courrier du bac

Question : J'ai visité un St-Hubert express, fin novembre. J'y ai bu dans des verres de plastique, en plus d'y manger, avec des ustensiles de plastique, une salade de chou dans un contenant de styromousse! Dois-je boycotter? (Mélinda Wilson, Racine.)

Réponse : Vérifications faites, les mauvaises pratiques de 2009 ont disparu ces derniers jours, avec le tout nouveau virage vert des rôtisseries. Les succursales express ont emboîté le pas à la livraison, avec de tout nouveaux contenants. Certains sont en plastique recyclables, voire réutilisables, d'autres sont en carton. Mêmes souillés, dit-on, ces derniers peuvent être déposés dans le bac de récupération, étant conçus précisément à cette fin.