À l'initiative d'un jeune de secondaire 5, une centaine d'élèves de l'Académie Royal West se rendront à l'école à vélo, mardi. Ils rejoindront Montréal-Ouest sur deux-roues, d'aussi loin qu'Ahuntsic, Baie-D'Urfé et l'Île-Bizard.

L'objectif est de souligner la journée En ville sans ma voiture, mais ce faisant, ces jeunes s'attaquent à un problème qui sévit maintenant à l'année longue : la motorisation grandissante du transport scolaire.

Résumons la chose: plus il y a d'autos autour des écoles, plus les parents craignent que leurs enfants s'y rendent à pied ou à vélo, plus ils choisissent l'auto pour les amener...

Si on met bout à bout les rares recherches sur la question, on constate qu'en 1971, environ 80 % des Canadiens de 7 et 8 ans marchaient pour se rendre à l'école. Dix-sept ans plus tard, au Québec, ils ne sont plus que 34 % (5 à 13 ans). Puis en 2004, le taux dégringole à 14,5 % (6 ans).

Si l'on veut comparer du comparable, il faut alors raccourcir la période d'observation. De 1998 à 2003, dans la région de Montréal, la part des déplacements à pied est passée de 41 % à 34 %, tandis que celle de l'automobile a grimpé de 22 % à 31 %, selon une enquête du Groupe de recherche ville et mobilité, de l'Université de Montréal.

«(Ceci) n'est pas sans conséquence sur le plan environnemental et sur le plan de la santé», se désolent les chercheurs.

Pourquoi donc choisir l'auto? Les raisons sont nombreuses. Que l'on pense à l'insécurité routière, à la réduction de la densité, à notre gestion plus serrée du temps, ou encore, à la popularité des écoles privées et à vocation particulière, qui obligent les élèves à parcourir de plus grandes distances.

Autant de raisons compréhensibles... et difficilement réversibles. Inutile donc de rêver à un retour aux taux des années 1950 (qui devaient frôler les 100 %), mais voyons voir ce qu'il est possible de faire pour réduire, à tout le moins, le monopole de l'auto et ses conséquences : sédentarité, obésité, diabète, perte d'autonomie, etc.

À titre de milieu de vie privilégié des jeunes, l'école devrait par exemple inciter les enfants à prendre la bicyclette ou à marcher. Or au contraire, on constate qu'un nombre croissant d'écoles interdisent carrément les déplacements à vélo, pour des raisons de sécurité. Aberrant!

Du côté des parents, le groupe de recherche note que «la mobilité d'un élève du primaire est fortement dépendante du contrôle parental». Autrement dit, le mode de déplacement de l'adulte est celui de l'enfant.

Les parents peuvent donc donner l'exemple... ou déléguer cette responsabilité. L'idée du pédibus est séduisante. Des voisins se réunissent et organisent une route qui permet à l'un d'eux (en alternance, s'ils le souhaitent) de ramasser les enfants à pied, un à un, pour se rendre à l'école et y revenir.

Pour réduire l'effort, on peut même demander l'aide de retraités ou de jeunes, qui pourraient très bien, dès 11 ans, accompagner les plus petits. La Société canadienne du cancer travaille d'ailleurs à l'implantation de pédibus organisés par ses bénévoles.

Astreignant? Il semble que ce le soit aux yeux de notre société hyper-individualiste. Et pourtant, imaginons les bienfaits engendrés par un si petit effort.

480 mètres

C'est la distance moyenne parcourue par un élève pour se rendre à l'école. Non seulement les élèves du primaire marchent-ils de moins en moins vers l'école, ceux qui choisissent la marche parcourent des distances de plus en plus courtes: la distance moyenne est passée de 550 mètres en 1998 à 480 mètres en 2003.

Photo David Boily, archives La Presse

Le réflexe bois

Il y a certaines choses que l'on prend pour acquis. Le bois, par exemple. Matériau noble par excellence, il est à peu près inutilisé dans la construction commerciale et institutionnelle. Or contrairement au béton, le bois est non seulement réutilisable, il est aussi recyclable, fait valoir un tout nouveau regroupement, la Coalition bois. En outre, il permet d'encapsuler les émissions de CO2, voire de la réduire (quatre fois moins de GES que le ciment, huit fois moins que l'acier). Qui dit mieux?

Photothèque La Presse

L'atmosphère abîmée

«L'important n'est pas ce que vous dites, mais ce que les gens entendent», selon Frank Luntz, auteur de Words that Work. Sondeur républicain, Luntz a littéralement façonné dans le passé le discours de l'administration Bush sur les questions environnementales. Au tour des démocrates de se faire dire la même chose. Un blogueur de la revue L'actualité rapportait cette semaine les conseils d'ecoAmerica, qui suggèrent aux leaders d'opinion d'abandonner les expressions «énergies renouvelables» et «changements climatiques» au profit d'«énergies qui ne brûlent pas» et d'«atmosphère abîmée»... Les mots, décidément, semblent effrayer davantage les Américains que le réchauffement planétaire.

Photo archives AP

Le trou dans la couche d'Ozone a atteint sa taille maximale en 2000.