Les piles de votre iPod ont lâché, la barre bleue de votre brosse à dents a disparu, votre ordinateur vous signale qu'il est temps de changer les cartouches de votre imprimante...

Que faire? Jeter et racheter. Jeter et racheter encore. Et ce, même si l'objet à remplacer n'a pas vraiment atteint la fin de sa vie utile: le iPod fonctionnerait très bien avec une nouvelle pile, la brosse à dents est à peine usée et la cartouche est encore au tiers plein.

Du rasoir Gillette au début du XXe siècle, jusqu'au cellulaires aujourd'hui, l'industrie n'a cessé de s'efforcer de fragiliser ses produits, de les rendre le moins durable possible, perfectionnant toujours plus ce qu'on appelle «l'obsolescence programmée».

Cela remonte au début de l'industrialisation, explique l'auteur américain Giles Slade dans son livre Made to Break, lorsque les entreprises ont rencontré des problèmes de surproduction. Ils avaient alors le choix: moins produire ou vendre plus... The rest is history, comme on dit.

«Lorsque les coûts de recyclage ne sont pas introduits dans le plan d'affaires des fabricants, souligne Recyc-Québec, il est avantageux pour eux d'abaisser la qualité de leurs produits pour en vendre plus à moyen terme.»

Voilà pourquoi un nombre croissant de gouvernements ont décidé de contraindre les entreprises, particulièrement celles qui oeuvrent dans l'électronique, à reprendre puis à recycler les produits qu'elles mettent en marché une fois leur fin de vie utile atteinte.

Dernier en date, avec beaucoup de retard, le Québec, qui devrait déposer un projet de règlement en ce sens «d'ici quelques semaines», selon les informations obtenues par La Presse. Les producteurs devront ainsi mettre sur pied des points de cueillette dans la province, afin que les consommateurs puissent y déposer leurs objets électroniques.

La chose existe déjà dans une quinzaine d'États américains, dans la moitié des provinces canadiennes, en Asie, dans l'Union européenne, et malgré tout, l'industrie se rebiffe....

Elle ne veut pas que le consommateur lui impute la responsabilité des coûts supplémentaires qu'elle lui chargera, inévitablement, pour éponger le coût de la récupération. Elle souhaiterait plutôt qu'une nouvelle taxe apparaisse sur la facture, comme en Colombie-Britannique, afin que ce soit le gouvernement qui devienne la cible des consommateurs mécontents...

«Inscrire les frais sur la facture du client est la manière la plus transparente de faire», précise Recyclage des produits électroniques Canada, organisme qui représente les entreprises visées.

Bref, on parle ici de «responsabilité élargie des producteurs» et la première chose que font les producteurs, c'est se déresponsabiliser encore un peu plus des produits qu'ils mettent eux-mêmes en marché.

Cette position est d'autant plus surprenante que l'intervention des gouvernements est directement liée à leur incapacité de mettre de l'avant des mesures volontaires de récupération des produits.

En témoigne par exemple l'énorme écart qui sépare les États américains qui ont décidé d'agir des autres. Il existe ainsi près de 70 points de collecte dans le Minnesota et seulement deux dans l'État de New York, pourtant plus populeux. Lequel a mis l'industrie au pas?

Plus proche de nous, les statistiques contenues dans le document de réflexion du gouvernement québécois sur la responsabilité élargie des producteurs parlent d'elles-mêmes. On envoie à l'enfouissement 59 % des produits électroniques, 95 % des lampes fluocompactes utilisés à la maison, 93 % des piles, etc.

Au rythme de consommation actuelle, la chose devient donc de plus en plus intenable. Si elle ne l'est pas déjà.

 

Apple accusée d'écoblanchiment

La compagnie Apple a été «reconnue coupable» de greenwashing cette semaine, par la National Advertising Division. À la suite d'une plainte déposée par Dell, l'organisme américain a recommandé qu'Apple modifie la plus récente campagne publicitaire de ses MacBook Pro, jugée «exagérée». On ne fait ainsi plus référence à la «famille d'ordinateurs portables la plus verte au monde», mais plutôt à la «gamme d'ordinateurs portables la plus verte au monde»... Enfin, les consommateurs y voient beaucoup plus clair...

Photo: AP

On n'en sort pas...

En voulant aider la couche d'ozone, la communauté internationale a contribué un peu plus au réchauffement de la planète... Une étude publiée cette semaine dans le Proceedings of the National Academy of Sciences révèle que les HFC (hydrofluorocarbures), un gaz fluoré appelé à remplacer les HCFC (hydrochlorofluorocarbures) dans la lutte aux substances appauvrissant la couche d'ozone, constituent une menace grandissante pour la planète. À tel point que le Programme des Nations unies pour l'environnement a jugé bon réagir: «stabiliser puis réduire ce groupe de gaz fluorés, précise-t-on, permettrait au monde de gagner l'équivalent d'une décennie d'émissions de CO2». La solution est devenue problème.

1 000 000 km

C'est la distance parcourue à ce jour par l'ensemble du parc de vélos en libre-service Bixi, selon André Lavallée, responsable du Transport à la Ville de Montréal. Notons que Stationnement de Montréal vient tout juste de terminer, à toutes fins utiles, de déployer les quelque 300 stations du réseau.