Vous pensez que le Québec a connu une période difficile avec ses déficits ? C'est de la petite bière comparé à ce que vit présentement l'Alberta et plus encore, Terre-Neuve.

Toutes proportions gardées, les déficits annuels de ces deux provinces pétrolières sont entre 8 et 11 fois plus importants que la pire année qu'a connue le Québec depuis la crise financière.

Vendredi dernier, le gouvernement albertain a annoncé que son déficit de l'année en cours frisera les 10,4 milliards, ce qui équivaut à 2500 $ par habitant. À Terre-Neuve, le déficit de 1,8 milliard en 2016-2017 représentera plutôt 3400 $ par habitant, selon mes estimations.

En comparaison, les déficits annuels du Québec ont été de quelque 2,4 milliards entre 2009 et 2011. Ces sommes équivalent à... 306 $ par habitant.

Certains pourraient dire que la comparaison est boiteuse, puisque le Québec a eu plusieurs années déficitaires consécutives. Or, c'est justement ce que s'apprêtent à vivre les deux provinces pétrolières. En Alberta, les déficits se répéteront jusqu'en 2024 et à Terre-Neuve, jusqu'en 2022.

Bref, les efforts de redressements budgétaires seront pénibles. L'Alberta s'en tirera mieux, car elle n'a pratiquement pas de dette et que sa capacité fiscale inutilisée est très grande. La province de l'Ouest, faut-il le rappeler, a le plus faible taux d'imposition sur le revenu des provinces canadiennes et sa taxe de vente est nulle. C'est ce qui explique qu'elle n'obtient pas de péréquation. Pour s'en sortir, le gouvernement NPD de l'Alberta a choisi de s'endetter en attendant les beaux jours.

La situation est radicalement différente à Terre-Neuve, où les impôts sont élevés et la dette est lourde. La crise y prend des proportions alarmantes. En 2020, prévoit-on, le taux de chômage y sera de 20 % !

La déconfiture s'explique bien sûr par la chute des prix du pétrole. Le baril se négocie à 42 $US actuellement, contre plus de 90 $US dans le haut du marché, à l'été 2014.

Les redevances pétrolières de ces provinces ont littéralement fondu. Dans les meilleures années, elles représentaient près du tiers des revenus budgétaires de Terre-Neuve et le cinquième de ceux de l'Alberta. Or cette année, cette proportion passe à moins de 3 % en Alberta (1,4 milliard). Ouf !

Quand on se compare...

La minute médicale

Il m'a fallu seulement une minute pour obtenir le dossier, pas plus. J'en suis resté estomaqué. De quessé ?

Je parle des 60 secondes que j'ai dû attendre pour obtenir copie d'un rapport médical de 2012 que j'avais égaré. Attention, je ne me suis pas rendu physiquement à la clinique Medvue, à Laval. J'ai donné un coup de téléphone de mon bureau dans le Vieux-Montréal, à 16 km de distance.

Dans ma tête, médecine égale tortue. 

Les faits ? Pas d'attente au téléphone. Transfert rapide aux archives. Document informatisé. Envoi d'un courriel avec le rapport annexé. Merci M. Vailles et bonne journée ! Tout cela en une minute ! Incroyable.

Le rapport concernait un test d'imagerie par résonance magnétique (IRM) de mon dos. Le radiologiste avait finalement décelé une hernie discale. Quatre ans plus tard, mon dos va beaucoup mieux, merci, mais cette semaine, ma nouvelle physiothérapeute m'a demandé le rapport, cette fois pour mieux documenter les douleurs de jogging de mon genou gauche.

Quand j'ai constaté que j'avais égaré le document, misère de misère, je me suis mis à angoisser. Scénario envisagé ? Appel à la clinique Medvue, qui me renverrait à la clinique familiale. Appel à la clinique familiale, ligne occupée. Rappels multiples à la clinique pour éventuellement tomber sur la secrétaire de mon médecin de famille.

Votre rapport ? Je le cherche, M. Vailles, et vous rappelle demain. Le lendemain, j'aurais manqué son appel, rappelé, me serait encore battu avec les lignes occupées, serait tombé sur la pause-café de la secrétaire et aurait dû rappeler de nouveau. On aurait fini par me dire de venir chercher le rapport à la réception à Laval, parce que non, pas possible par courriel, question de confidentialité des données médicales, bien sûr.

Le lendemain, j'aurais maudit le trafic, pollué l'atmosphère et calculé mon retard au bureau pour finir par avoir le foutu rapport.

Bref, j'envisageais des heures de bataille rangée pour mettre la main sur le document. Mais non, finalement, une minute a suffi. Wow !

Que s'est-il passé ? Vous avez compris, Medvue est une clinique privée. Et elle facture le gros prix pour ses tests IRM du dos, soit 650 $.

Je demeure un fervent partisan de l'universalité des soins de santé, mais Dieu que le privé est efficace pour ce genre de chose. Quand pourrons-nous enfin utiliser les courriels avec nos médecins de famille, plus de 20 ans après l'arrivée de l'internet ?