Il faut rendre à César ce qui appartient à César. Or, César a obtenu des rendements impressionnants avec les fonds de retraite des Québécois, en dépit des marchés financiers turbulents.

Je lève donc mon chapeau à la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec pour son travail remarquable. Bien sûr, rien n'est parfait, mais on est loin, très loin de la catastrophe de 2008, alors que la Caisse avait perdu près de 40 milliards de dollars, soit 25 % de son portefeuille. Et les résultats de 2015 sont très bons, tant à court terme qu'à long terme.

La meilleure façon d'évaluer le travail des dirigeants de la Caisse, c'est de comparer le rendement de ses 13 portefeuilles avec les indices respectifs de référence. Il s'agit d'indices composés des mêmes caractéristiques de placement que les portefeuilles de la Caisse. On compare donc des pommes avec des pommes.

Or, sur les 13 portefeuilles de la Caisse, seulement deux font moins bien que leurs indices de référence annuels de 2015 et trois sont moins bons sur quatre ans.

Les portefeuilles obligations, dette immobilière et actions canadiennes, entre autres, ont tous battu leurs comparables de l'industrie. L'écart n'est pas toujours très important. Par exemple, la Caisse a obtenu un rendement de 3,8 % avec ses obligations en 2015, contre 3,7 % pour l'indice. Toutefois, il faut savoir qu'il est très difficile de battre l'indice dans ce secteur. Et qu'un écart de 0,1 point équivaut tout de même à 63 millions de dollars.

Autre exemple : les actions canadiennes. La Caisse fait mieux que la référence sur un an et sur quatre ans. Certes, son rendement est négatif en 2015 (- 3,9 %), mais pendant cette période, l'indice comparatif reculait de 7,3 %, et la Caisse a donc un écart favorable de 3,4 points de pourcentage, ce qui est impressionnant.

Le portefeuille qui se démarque le plus est celui que la Caisse a baptisé Actions Qualité mondiale. Au début de 2013, quand ce portefeuille a été créé, la direction de la Caisse avait rencontré les journalistes pour leur présenter son nouveau bébé. La Caisse cherchait à imiter le gourou Warren Buffett, en quelque sorte, en tentant non pas de battre l'indice quotidien des marchés, mais en achetant des titres boursiers de très grande qualité qui feraient mieux à long terme.

Trois ans plus tard, on peut dire mission accomplie. En 2015, le rendement de ce portefeuille a été de 21,5 %, soit 6,9 points de plus que l'indice. Sur trois ans, le rendement annuel a été de 24 %, soit 6,7 points de plus que l'indice. Cette plus-value a ajouté environ 1,9 milliard de dollars à l'actif de la Caisse en 2015.

Quand on combine l'ensemble des 13 portefeuilles, le rendement global de la Caisse a été de 9,1 % en 2015, soit 2,4 points de plus que l'indice. Pour la Caisse, cette performance vient au deuxième rang des plus importants écarts avec l'indice global de référence depuis 20 ans, ce qui correspond à une plus-value d'environ 5,3 milliards en 2015.

Oui, mais le dollar ? Quoi, le dollar ? Le dollar canadien a fortement reculé depuis un an. Par exemple, il a chuté de 19 % en 2015 par rapport au dollar des États-Unis, où la Caisse a beaucoup investi. Cette baisse devrait doper les rendements étrangers de la Caisse lorsque convertie en dollar canadien, non ?

En effet, la chute du dollar a joué un rôle important dans les bons rendements de la Caisse, mais le chef des placements, Roland Lescure, ne veut pas en dévoiler l'impact et soutient qu'il s'agit d'un élément parmi tant d'autres, comme le pétrole et les taux d'intérêt.

Après la crise de 2008, faut-il rappeler, la Caisse avait décidé de ne plus couvrir le risque de change sur les placements liquides, comme les actions en Bourse, et il faut reconnaître que cette décision porte ses fruits. Aujourd'hui, la Caisse a 54 % de son actif à l'étranger, et les deux tiers ne sont pas couverts contre les risques de change. Ces dernières semaines, la Caisse est toutefois en train de réévaluer sa gestion des devises, dans le contexte des grandes fluctuations.

Mais surtout, il faut dire que la baisse du dollar ne change rien aux comparaisons avec les indices de référence, rappelle M. Lescure. En effet, les indices de référence ont le même genre de couverture (ou non) que les 13 portefeuilles de la Caisse. Des pommes avec des pommes. Autrement dit, le dollar n'a rien à voir avec la plus-value de 2,4 points de pourcentage en 2015 et l'écart s'expliquerait vraiment par la gestion des employés de l'institution.

Quand le succès est au rendez-vous au Québec, ce qui n'est pas très fréquent par les temps qui courent, rendons donc à César ce qui lui appartient...

Photo Martin Chamberland, Archives La Presse

Sur les 13 portefeuilles de la Caisse, seulement deux font moins bien que leurs indices de référence annuels de 2015 et trois sont moins bons sur quatre ans.

Photo Alain Roberge,La Presse

Sur les 13 portefeuilles de la Caisse, seulement deux font moins bien que leurs indices de référence annuels de 2015 et trois sont moins bons sur quatre ans.