Pendant que le Québec tout entier décortique le rapport Robillard et ses solutions musclées, un autre rapport laissé dans l'ombre apporte des nouvelles enfin positives pour nos finances publiques.

Des nouvelles positives, est-ce possible? C'est en tout cas ce qui ressort du plus récent rapport mensuel des opérations financières du ministère des Finances, rendu public vendredi. Ce rapport dresse le portrait des finances publiques entre avril et août, soit après cinq mois d'exercice financier.

Selon le document, non seulement les revenus du gouvernement sont en hausse, mais encore les dépenses augmentent moins vite que prévu. Résultat: après cinq mois, le déficit est en baisse de 43%, alors que la cible annuelle de réduction est de 24%. Bref, le déficit baisse plus vite que prévu.

Jetons d'abord un coup d'oeil aux dépenses. Année après année, le gouvernement a des cibles ambitieuses de contrôle des dépenses, mais rarement les atteint-il. Or, depuis le début de l'année, il y parvient.

En cinq mois, le gouvernement du Québec a dépensé au total 29,7 milliards de dollars. Il s'agit d'une hausse de 1,7% par rapport à la même période de l'an dernier, ce qui, ô! miracle, est plus faible que la cible de 1,8% inscrite au budget de juin.

Certes, le gouvernement a été aidé par le recul des paiements d'intérêt sur la dette (- 1,1%), grâce aux conditions de financement avantageuses. Néanmoins, l'ensemble des autres dépenses, qu'on appelle les dépenses de programmes, sont également mieux contrôlées depuis le budget de juin.

Avant juillet, les dépenses de programmes avaient augmenté de 2,9% par rapport à la période correspondante de l'année précédente. La tendance s'est inversée au cours des deux mois suivants, avec une hausse de seulement 0,4%, si bien que la combinaison des cinq mois donne une hausse de 2,0%.

Cette augmentation de 2,0% est supérieure à la cible de 1,8% pour les dépenses de programmes, mais au rythme où vont les choses, la cible est à portée de main avec les sept derniers mois de l'exercice annuel.

Le portrait n'était pas du tout le même l'an dernier, quand les péquistes étaient au pouvoir. Après cinq mois, la croissance des dépenses totales s'était chiffrée à 3,7%. L'écart entre ce 3,7% de l'an dernier et le 2% de cette année peut sembler petit, mais il équivaut à une différence d'environ 100 millions par mois, soit le tiers du déficit mensuel moyen.

Plus de recettes fiscales

Qu'en est-il des revenus maintenant? À ce chapitre, il y a aussi de bonnes nouvelles, contrairement à ce qu'on aurait pu redouter. Plusieurs économistes craignent en effet que les mesures mises de l'avant par le gouvernement pour équilibrer son budget aient des effets néfastes sur la confiance des consommateurs et des entreprises, qui pourraient faire ralentir l'économie et diminuer les rentrées fiscales.

Or, cet impact ne s'est pas fait sentir au cours des cinq premiers mois de l'exercice. Selon le rapport, les revenus autonomes du gouvernement (excluant les transferts fédéraux) sont en hausse de 3,4% par rapport à la période correspondante de l'an dernier.

Cette poussée des revenus est un peu plus faible que la cible de 3,6%, mais bien plus importante que la croissance des revenus autonomes de l'an dernier (0,8%). Elle s'explique par une progression intéressante de l'impôt des entreprises (+ 8,7%) et des taxes à la consommation (+ 4,6%).

Autrement dit, le redressement du secteur manufacturier et des exportations se serait fait sentir sur les finances publiques.

Au bout du compte, les cinq premiers mois de l'exercice se sont soldés par un déficit de 618 millions, ce qui constitue une amélioration de 43% par rapport au déficit de 1,09 milliard de la même période l'an dernier. Au rythme actuel, le Québec se dirige donc cette année vers un déficit annuel de 1,5 milliard, sous la cible de 2,35 milliards.

Évidemment, ce rapport ne touche que 5 des 12 mois de l'année. Les effets des récentes pertes d'emplois au Québec sur les rentrées fiscales ne sont pas inclus dans ce bilan, pas plus que celui des nouvelles compressions. Ces données illustrent toutefois que l'atteinte du déficit zéro n'est pas irréaliste.

Il ne fait pas de doute que les manoeuvres seront plus difficiles pour les deux derniers milliards de déficit à combler. Le rapport Robillard nous donne d'ailleurs un aperçu des choix difficiles à faire et du mécontentement qu'ils créeront.

Chose certaine, pour parvenir au déficit zéro, le gouvernement Couillard doit faire preuve de fermeté, mais aussi d'écoute. Certaines mesures sont bien intentionnées, mais en pratique, elles pourraient engendrer davantage de problèmes qu'elles n'en règlent. Le gouvernement doit discerner les critiques qui s'apparentent à de la résistance systémique au changement de celles qui sont réellement justifiées.

[Variation après 5 mois | Objectif du budget]

Revenus totaux : +3% | +2,7%

Dépenses totales : +1,7% | +1,8%

Déficit : -43% | -24%