Question quiz sur la rentrée scolaire: de quelle région du monde vient ce contrat d'engagement pour les femmes dans le milieu de l'éducation?

«L'enseignante ne doit pas...

1- être mariée ;

2- se tenir en compagnie d'hommes ;

3- porter des couleurs voyantes ;

4- boire du vin, de la bière et fumer ;

5- se tenir près du restaurant du village ;

6- aller en carriole avec un autre homme que son père ou son frère.»

Vous avez deviné? S'agit-il d'un lointain pays islamiste où le droit des femmes est bafoué? Un indice: ma question est piégée, puisqu'elle n'indique pas la date du contrat.

Ces restrictions, chers lecteurs, étaient appliquées ici même, au Québec, vers 1910. Le document décrivant ces conditions a été retrouvé par ma tante Monique Lessard, qui a longtemps oeuvré dans le milieu de l'éducation. À la fin des années 60, ma tante était l'une des rares femmes directrices d'école secondaire à Montréal.

C'est fou comme les choses ont changé depuis 100 ans. Selon le document, les femmes qui voulaient enseigner devaient porter «au moins deux vêtements supérieurs, dont un châle». De plus, aucune robe ne devait être «plus de 2 pouces au-dessus de la cheville».

Quand ma tante a commencé à enseigner, dans les années 50, les femmes n'avaient toujours pas le droit de pratiquer le métier lorsqu'elles étaient mariées. Et malgré un travail identique, leur salaire était plus bas que celui des hommes. Le bon vieux temps? Pas vraiment.

L'évaluation des profs

Dans un autre ordre d'idées, ma tante a également retrouvé, en faisant son ménage, un carnet daté de 1958 qui décrit en détail la tâche des enseignants de la Commission des écoles catholiques de Montréal (CECM). Ce carnet était notamment un guide pour les directions d'école pour «l'appréciation du personnel enseignant».

Les enseignants étaient alors évalués chaque année par leur directeur. Un rapport d'appréciation était complété en novembre et en février. Puis, en avril, un comité attribuait à chaque enseignant une note pédagogique (sur 100), «dont dépend votre réengagement annuel et dont peut dépendre votre avancement», précise le guide à l'intention du personnel.

Fait à noter, l'évaluation n'avait aucune influence sur le salaire.

Parmi les critères d'appréciation se trouvent des éléments qui seraient impensables aujourd'hui, tels la «jeunesse d'âme» ou le «rayonnement chrétien». «Avoir de la jeunesse d'âme, précise le guide, cela signifie, pour un éducateur, accomplir sa tâche en toutes circonstances avec enthousiasme et sincérité.»

Les autres critères demeurent d'actualité, comme la connaissance du programme, la préparation de classe, la ponctualité, la discipline, le jugement, la maîtrise de soi, la collaboration, etc. De nos jours, il manquerait probablement la gestion de classe et la prise en compte du milieu dans lequel évolue l'école (défavorisé, multi-ethnique, etc.).

Contrairement à ce qu'on pense, la supervision pédagogique du personnel fait encore partie du mandat de la direction des écoles, mais l'évaluation formelle des enseignants est pratiquement inexistante.

«Les directeurs d'école ont plein de feux à éteindre. Et l'évaluation est souvent mal vue par les syndicats. Il reste qu'on a tous besoin de rétroaction pour s'améliorer», fait remarquer Guy Pelletier, professeur au département d'éducation de l'Université de Sherbrooke.

Dans le guide de 30 pages, voici comment concluait l'auteur Jean-Marie Mathieu: «Si cette brochure a bien atteint son objectif, vous comprenez mieux après l'avoir lue que l'appréciation n'a pour véritable but que de vous aider à progresser, aussi bien sur le plan humain et sur le plan chrétien que sur le plan professionnel. Puissiez-vous vous en servir souvent comme d'une boussole, pour faire le point, d'étape en étape, le long de votre ascension vers un épanouissement de plus en plus complet.»

Quoi qu'il en soit, une éducation primaire et secondaire de grande qualité est très importante pour une société. Tous doivent mettre l'épaule à la roue, parents, élèves, enseignants, comme directeurs d'école. Bonne année scolaire à tous!