Réduire bêtement les dépenses, hausser les taxes ou s'endetter ne sont pas les seules solutions aux problèmes financiers du gouvernement du Québec. Trouver des façons plus intelligentes de rendre les mêmes services doit aussi faire partie de l'équation.

La chronique de samedi «La solution magique», écrite dans la foulée du rapport Godbout-Montmarquette, m'a valu de très nombreux courriels. J'y démontrais méthodiquement, chiffres à l'appui, qu'il n'y a pas de solutions magiques à nos problèmes. Que de cibler les riches, l'évasion fiscale, les entreprises, la corruption ou les conditions des fonctionnaires n'en réglerait hypothétiquement qu'une partie. Qu'il faut se résigner à recevoir moins de services ou à payer davantage pour les mêmes services, car le Québec vit au-dessus de ses moyens.

Plusieurs lecteurs se sont réjouis de la lucidité de la démonstration. D'autres en ont été démoralisés. Enfin, il y a toujours ce même noyau dur qui refuse de croire que nous sommes tous un peu responsables de nos problèmes et pour qui le chroniqueur est au service d'intérêts occultes cherchant notamment à étrangler la classe moyenne... Le cynisme qui suit la commission Charbonneau est palpable.

Au lieu de se battre à nier les multiples études sur le sujet, ne serait-il pas préférable de chercher des solutions, à gauche comme à droite? Et de mettre à profit les milliers de cerveaux que le Québec a produits depuis 50 ans, parmi les plus allumés de la planète?

Des solutions?

Le secteur de la santé est particulièrement propice aux améliorations. La mauvaise nouvelle avec la santé, c'est qu'il s'agit du poste budgétaire le plus important (32 milliards et 43% du budget), en croissance constante avec le vieillissement de la population. La bonne, c'est qu'il s'agit de la plus importance source d'économies potentielles.

Des exemples? Une récente étude de l'Université McGill conclut que le système de santé pourrait économiser des dizaines de millions par année dans le traitement du cancer de la prostate. Le milieu médical a constaté que des opérations coûteuses sont souvent inutiles et ne changent pas le taux de décès, selon Radio-Canada. Le même constat pourrait être fait pour d'autres cancers, selon le reportage qui cite la chercheuse Alice Dragomir.

La question est évidemment très délicate et doit être bien analysée, mais selon l'étude, le traitement différent de certains cancers lents donne le même résultat qu'une chirurgie.

Récemment, un groupe d'experts a par ailleurs constaté que le système pouvait faire d'importantes économies en finançant les établissements en fonction du volume de patients, plutôt qu'en regard du budget de l'année précédente. Par exemple, une opération chirurgicale d'un jour coûte en moyenne 3224$ dans les 74 établissements du Québec. Or, 55% des hôpitaux ont un coût supérieur.

D'ici cinq ans, le gouvernement péquiste prévoyait détailler les coûts de chaque type d'intervention chirurgicale et financer les hôpitaux sur cette base, entre autres. Ça vous coûte plus cher? Désolé, c'est ce qu'on vous donne désormais. Tout indique que les libéraux poursuivront la démarche.

Toujours dans la santé, de grandes économies sont attendues en déléguant plus de responsabilités aux infirmières. Vous vous présentez aux urgences pour ce qui semble être une banale foulure? L'infirmière. Vous avez besoin d'ajustements de médicaments pour votre diabète? L'infirmière. Au suivant. Et on désengorge le système. L'Ontario s'est déjà solidement engagé sur cette voie, avec succès.

Parmi les lecteurs, certains m'ont fait part d'expériences malheureuses avec le système de santé. D'acharnement thérapeutique. «Est-il normal qu'une personne agonisante de 85 ans soit contrainte de subir un test d'imagerie par résonance magnétique deux heures avant sa mort? Contre le gré de la famille?»

Dans la santé comme ailleurs, l'État pourrait utiliser bien davantage l'internet pour améliorer ses services et réduire ses coûts. N'est-il pas possible d'informer les patients, par exemple, sur le temps d'attente en temps réel de chaque urgence, question de leur permettre de se diriger vers l'urgence la moins engorgée? Par ailleurs, va-t-on finir par aboutir avec le fameux dossier patient informatisé?

L'augmentation des revenus de l'État, sans hausse d'impôt, est aussi possible. Pour ce faire, il faut que l'économie du Québec soit plus productive, que nos entrepreneurs innovent, exportent et que l'État leur donne un environnement d'affaires favorable. Le Québec forme 26% des ingénieurs au Canada, il y a sûrement quelques bollés dans le lot capables de nous faire faire un bond en avant.

Bref, les compressions sont inévitables, mais il y a aussi d'autres solutions. Quatre éléments sont néanmoins fondamentaux pour enclencher ces changements. Il faut dissiper le climat de méfiance qui sévit, une responsabilité qui incombe aux gens d'affaires et aux politiciens. Il faut que tous soient mis à contribution. Il faut être ouvert aux nouvelles idées. Et il faut oser.

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APPEL À TOUS 

Avez-vous des solutions originales à proposer pour améliorer la situation financière du gouvernement du Québec sur un horizon de trois ans ? Attention, nous cherchons des idées qui sortent des sentiers battus que sont les hausses de taxes, l'endettement ou les compressions simplistes dans la fonction publique. Des exemples concrets de gain d'efficacité sont bienvenus. Inscrivez vos commentaires ci-dessous ou envoyez un courriel à lpa@lapresse.ca.