Il fut un ministre des Finances respecté, doté d'une bonne vision de l'économie du Québec et des finances publiques. Gros travailleur, Raymond Bachand était exigeant pour ses proches comme pour lui-même.

L'ex-ministre libéral, auparavant proche du PQ, méritait amplement son salaire de quelque 150 000 $. N'empêche, comment peut-on justifier qu'on lui verse une indemnité de départ d'environ 150 000 $?

Par définition, une indemnité est un dédommagement versé à quelqu'un en réparation d'un dommage, d'un préjudice. Dans le secteur privé, on la verse à un cadre lorsqu'il est mis à la porte et non lorsque ce dernier choisit librement de démissionner pour aller travailler ailleurs.

Raymond Bachand justifie son intention de toucher l'indemnité en expliquant que « ça fait partie des conditions salariales des députés », précisant qu'il avait personnellement renoncé à une certaine rémunération dans le privé en se lançant en politique.

Pas de doute que les salaires dans le public ne sont pas de nature à inciter bien des gestionnaires du privé à sauter la clôture. Par exemple, Monique Leroux, patronne du Mouvement Desjardins, fait 3,3 millions. Le principe d'une indemnité pour un départ volontaire, toutefois, est indéfendable : elle récompense celui qui quitte une organisation, l'encourage à partir.

La Caisse de dépôt et placement du Québec a aboli une telle indemnité après le départ d'Henri-Paul Rousseau, qui avait touché 378 750 $, même s'il avait quitté de son propre gré pour le privé, en 2008.

Au fédéral, les indemnités versées aux fonctionnaires à la suite d'un départ volontaire ou au moment de la retraite ont été abolies l'an dernier. Tous les fonctionnaires avaient droit à une indemnité, en fonction du nombre d'années de service. Globalement, on estimait que le passif accumulé pour ces indemnités excédait un milliard de dollars. Depuis deux ans, les fonctionnaires fédéraux ont été dédommagés pour les sommes accumulées par le passé et le compteur s'est arrêté l'an dernier.

À Québec, les hauts fonctionnaires à forfait ont droit à une telle indemnité, mais pas les fonctionnaires de carrière. Thierry Vandal, PDG d'Hydro-Québec, y a droit également, de même que Philippe Duval, le patron de la SAQ. Par contre, le président de l'Autorité des marchés financiers, Mario Albert, n'y a pas droit.

Le Canada, les États-Unis et la productivité

Les entreprises canadiennes sont beaucoup moins productives que leurs consoeurs américaines. Le phénomène n'est pas nouveau, mais il inquiète les économistes parce qu'il s'accroît d'année en année.

Cette semaine, Glen Hodgson, économiste en chef du respecté Conference Board, sonnait l'alarme dans un quotidien torontois. « Le problème est pire que prévu », dit-il.

La productivité est mesurée en divisant le produit intérieur brut (PIB) par le nombre total d'heures travaillées. Entre 1980 et 2011, selon les chiffres les plus récents, la productivité a augmenté de 1,4 % par année au Canada, en moyenne, contre 2,2 % aux États-Unis. Si bien que les Américains ont maintenant un revenu par habitant de quelque 7000 $ plus élevé que les Canadiens.

Or, une étude de trois économistes de Statistique Canada qui vient de paraître nous donne un certain éclairage sur la situation. Les chercheurs se demandent si la plus petite taille des entreprises canadiennes ne jouerait pas un rôle dans la plus faible croissance de la productivité.

Les économistes de l'organisme fédéral n'ont pas été encore en mesure de comparer en détail les structures industrielles des deux pays, mais ils ont établi que les grandes entreprises canadiennes sont nettement plus productives que les petites et moyennes entreprises.

Ainsi, le PIB par heure travaillée était de 72 $ pour les grandes entreprises en 2008 (l'année la plus récente disponible à cet égard), comparativement à 42 $ pour les moyennes et 35 $ pour les petites entreprises.

Cet écart n'est pas attribuable au travail moins efficace des PME ou à des travailleurs plus paresseux, mais plutôt au fait que les grandes entreprises disposent de plus de machinerie et d'équipement et qu'ils font davantage de formation et de recherche. La taille n'est qu'un des facteurs, reconnaissent toutefois les auteurs.

De son côté, Hodgson constate que le grand retard du Canada est essentiellement attribuable à son faible niveau d'innovation.