Prendre des vacances, c'est décrocher, changer d'air. Bien souvent, c'est aussi voyager, prendre l'avion ou se déplacer en voiture sur une grande distance.

Bien que ces voyages soient mérités et nécessaires, ils se traduisent par l'émission d'une grande quantité de dioxyde de carbone (CO2), ennemi numéro un du réchauffement de la planète. Certains s'en balancent ou contestent les évidences des plus grands chercheurs dans le monde. Pour eux, la terre est encore plate.

Toutefois, pour une catégorie grandissante de gens, le réchauffement de la planète est une réalité incontournable qu'il faut combattre. Comme il n'est pas question de bousiller les voyages, quoi de mieux qu'investir dans des projets pour compenser le carbone émis par les déplacements.

Le geste est simple et peu coûteux. Et il concerne particulièrement les gens d'affaires, les entrepreneurs et les professionnels, bref les riches. En effet, plus on est riche, plus on pollue. Les riches voyagent davantage, possèdent 2-3 véhicules, souvent plus énergivores, ont une maison plus spacieuse à chauffer, une résidence secondaire, etc.

Les riches ont donc une part de responsabilités plus grande dans le réchauffement de la planète et ça tombe bien, ils ont amplement les moyens de compenser.

Plusieurs de ces riches connaissent le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Ils savent que les plus récentes prévisions d'experts du GIEC jugent très probables que la température augmentera non pas de 2 °C d'ici la fin du siècle, mais de 4 à 5 °C, en moyenne.

Ils comprennent qu'alors, les incendies de forêt dans le Nord, comme ceux qui ont privé d'électricité le métro et La Ronde récemment, ravageront une superficie de forêt deux fois plus grande qu'aujourd'hui. Ils conviennent que les îlots de chaleur seront plus intenses en ville, que les tempêtes seront plus nombreuses et plus violentes, et tout le reste. Bref, être riche ne signifie pas être inconscient.

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Effacer les traces de gaz à effet de serre de son voyage à Paris ne coûte pas très cher. On parle de 166$ pour une famille de quatre personnes. Quand on fait 70 000$, 100 000$ ou 200 000$ par an, c'est une «pinotte».

Des organismes certifiés, qui respectent des normes sévères, recueillent des dons destinés à des projets verts. Ils vous livrent un certificat de compensation de carbone en bonne et due forme.

Essentiellement, deux types de projets sont disponibles. Il y a d'abord des projets qui font carrément disparaître des activités fortement émettrices de CO2. C'est le cas du remplacement du charbon par la biomasse comme source d'énergie pour une production d'agrumes en Afrique du Sud ou par le solaire pour un four à Madagascar.

Dans cette catégorie, il y a des organismes comme Less (www.less.ca), CarbonZero (www.carbonzero.ca) ou Planetair (www.planetair.ca). Ces organismes ont la certification Gold Standard (VGS), Climate Action Registry (CAR) ou Voluntary Carbon Standard (VCS).

Planter des arbres

L'autre catégorie de projets vise non pas le remplacement d'un projet polluant, mais la compensation d'une activité polluante. C'est le cas du reboisement. Au Québec, une des sociétés les plus crédibles dans le secteur s'appelle Carbone Boréal (carboneboreal.uqac.ca). Elle est codirigée par Jean-François Boucher, professeur et chercheur à l'Université du Québec à Chicoutimi (UQAC).

Carbone Boréal compense les gaz à effet de serre en plantant des arbres. Les plantations sont réparties à différents endroits du Québec. Elles sont vérifiées selon la norme ISO 14 064-3 par le Bureau de normalisation du Québec (BNQ), une tierce partie indépendante et reconnue.

Une des difficultés que présente le reboisement est la question de la permanence de la compensation de CO2. En effet, la compensation d'un voyage à Paris est perdue si les arbres commandités ne survivent pas 100 ans en raison d'une maladie ou d'un incendie. Pour couvrir ce risque, Carbone Boréal prévoit la plantation d'une deuxième série d'arbres dans un autre secteur du Québec (un «backup»).

Selon la calculette du site de Carbone Boréal, une famille de quatre qui fait l'aller-retour Montréal-Paris émet l'équivalent de six tonnes de CO2. Pour compenser, il lui faut planter 42 arbres, ce qui coûte 166$. Une transaction est facilement réalisable par internet. Et ce don est entièrement déductible d'impôts.

Depuis 2008, Carbone Boréal a recueilli 385 900$ pour la commandite de 253 671 arbres, ce qui a eu pour effet de compenser l'équivalent de 13 660 tonnes de CO2 émis.

La liste des donateurs est affichée. Elle comprend la Fondation des Cowboys fringants et le réalisateur Frédérick Back, par exemple. Le milieu des affaires y est malheureusement peu présent, à part des organismes comme la Fédération des chambres de commerce du Québec.

Toutefois, maintenant que les moyens sont simples, accessibles et certifiés, on devrait s'attendre à voir s'ajouter à la liste les noms de présidents de grandes banques, d'entrepreneurs connus et d'autres fortunés qui sont conscients des problèmes climatiques.

Après tout, les changements climatiques n'ont-ils pas été qualifiés d'un des plus grands défis de l'humanité par le Forum économique mondial de Davos?