Dix ans. Le bel âge. Les jeunes hockeyeurs apprennent à lever la rondelle. À lacer leurs patins. À taper leur palette. À chanter l’Ô Canada « dans les deux langues », comme à la télévision.

Ils sont pleins d’énergie. De volonté. D’espoir. Ils rêvent en bleu-blanc-rouge. Ils s’exercent à signer des autographes, « au cas où ».

Leur définition du bonheur ? Une heure de glace supplémentaire. Le dimanche. À sept heures du matin.

PHOTO FOURNIE PAR LE CANADIEN DE MONTRÉAL

Paul Byron à 10 ans

À cet âge, « la LNH est un rêve possible », comme l’a si bien écrit mon collègue Luc Gélinas. Dans ses deux livres, parus en 2008 et 2011, le journaliste de RDS racontait le parcours de plusieurs hockeyeurs professionnels. Des premiers coups de patin à la LNH. Ce que j’ai noté, c’est qu’à 10 ans, tous ces joueurs avaient deux points en commun : 

– une passion démesurée pour le hockey

– un niveau d’excellence très au-dessus de la moyenne

J’ai refait l’exercice avec des joueurs de l’édition actuelle du Canadien. Les résultats sont semblables. Tous les joueurs rencontrés étaient des enfants doués et passionnés. Ce qui m’a étonné, par contre, c’est que plusieurs d’entre eux évoluaient à une position différente lors de leur deuxième saison atome.

Le défenseur Shea Weber – qui venait déjà en format géant – jouait en avant.

« Étais-tu un attaquant de puissance ?

— Oh oui [rires]. Un grand joueur de centre. Style Eric Lindros ! C’est seulement dans les rangs pee-wee que je suis devenu un défenseur. »

L’ailier Paul Byron, lui, jouait à la ligne bleue pour une équipe d’Ottawa. « Mais j’étais très porté vers l’attaque. Genre Erik Karlsson. Dans ce temps-là, il y avait quatre défenseurs dans notre équipe. J’avais beaucoup de temps de jeu. C’est lorsque je me suis ramassé dans un club avec six défenseurs que je suis devenu un attaquant. »

Carey Price ? Il alternait entre deux positions.

Comme nous étions deux gardiens dans notre équipe, je jouais aussi comme défenseur. J’étais un joueur à caractère offensif. Je me souviens que j’avais un gros tir. Ce que je préférais, c’était de compter des buts.

Carey Price

Un autre qui a changé de position à cet âge, c’est Claude Julien. L’entraîneur-chef du Canadien a joué dix ans dans les rangs professionnels comme défenseur, avec les Nordiques, entre autres. Il possédait un certain talent offensif, comme en témoignent ses 60 points amassés avec les Citadelles de Halifax, en 1989.

Mais à 10 ans, quel genre de joueur était-il ? « Je passais du temps à l’aile droite et en défensive. C’est au niveau bantam que j’ai finalement décidé que j’allais rester en défense. À 10 ans, je jouais surtout en attaque. J’étais plus un “power forward” qu’un marqueur de buts. J’avais une bonne vision. J’aimais défendre. J’aimais faire des bonnes premières passes. C’est ce qui m’a convaincu plus tard d’être défenseur. »

Un autre défenseur de carrière, c’est le DG Marc Bergevin. Il a disputé plus de 1250 matchs dans la LNH. Il avait la réputation d’être un arrière à caractère défensif. Tout le contraire du petit gars de 10 ans qui faisait la pluie et le beau temps à Ville-Émard.

« Je jouais à l’aile. Je te dirais que j’étais un peu offensif. Mais je n’étais même pas le meilleur de mon équipe.

— Ah non ?

— Non. Même pas proche. Mario Lemieux était dans mon équipe [rires]. »

Ils n’ont pas changé

Les autres joueurs ? Leur style n’a pas changé. Ou si peu.

À 10 ans, Jonathan Drouin était déjà un joueur étoile dans les Laurentides. « Il n’y avait pas beaucoup de monde dans mon coin de pays, à Sainte-Agathe. Alors j’ai sauté ma deuxième année atome. Je suis allé jouer pee-wee BB, avec les Montagnards. J’étais le même genre de joueur qu’aujourd’hui, porté sur l’offensive. »

Son partenaire de trio, Max Domi, portait les couleurs d’un club de Toronto. Il jouait au centre. Comme aujourd’hui. « J’étais un fabricant de jeu. Je faisais trop de passes [rires]. J’aimais vraiment ça, faire des passes. C’est encore le cas maintenant. »

Brendan Gallagher représentait l’équipe South Delta, en Colombie-Britannique. Une association de hockey mineur réputée, qui compte aussi Brent Seabrook parmi ses anciens joueurs. Déjà, à 10 ans, l’ailier était reconnu comme une petite peste sur la glace. « Les gens me rappellent tout le temps que je tombais sur les gardiens adverses. Alors je te dirais que j’étais le même type de joueur qu’aujourd’hui ! »

Le mot de la fin au sympathique Tomas Tatar, qui se démarquait déjà (comme centre) dans une équipe en Slovaquie. « Je rêvais de devenir un joueur de la LNH. Ce que je préférais, c’était de compter des buts. J’aime encore ça. Alors, les enfants, continuez d’espérer. Suivez vos rêves. Tout peut arriver. »

Les probabilités

En 2018-2019, Hockey Québec a recensé 14 189 garçons et 1053 filles dans la catégorie atome au Québec. Comme les enfants jouent deux saisons dans l’atome, ça fait environ 7500 hockeyeurs par année. Voici leurs chances de jouer dans les niveaux supérieurs, selon les statistiques de l’année dernière :

– 1 sur 50 sera repêché dans la LHJMQ

– 1 sur 235 jouera régulièrement dans la LHJMQ à 16 ans

– 1 sur 750 sera repêché dans la LNH

– Chez les femmes, il y avait trois Québécoises dans l’équipe canadienne aux derniers Championnats du monde. Aucune née après 1992.

À propos de Laurence Vincent-Lapointe

Un petit mot à propos de Laurence Vincent-Lapointe. La canoéiste, qui a échoué à un test antidopage, soupçonne que des suppléments contaminés puissent expliquer la présence de ligandrol dans ses échantillons d’urine.

Jeudi, j’ai rapporté les résultats des premières analyses des suppléments identifiés par Laurence Vincent-Lapointe. Les chercheurs n’ont pas trouvé de ligandrol dans les produits. L’avocat de la canoéiste m’a indiqué que ces tests avaient été menés pour le compte du « centre canadien du sport ». J’ai compris qu’il s’agissait du Centre canadien d’éthique dans le sport, l’organisme responsable des politiques antidopage au pays. C’était plutôt le Centre canadien du sport Atlantique, qui est membre du réseau des Instituts nationaux du sport. Aussi, deux petites notes : 

– La procédure d’appel n’est pas encore amorcée. Laurence Vincent-Lapointe doit d’abord avoir une audience avec la Fédération internationale de canoë ;

– C’est avec cette fédération qu’elle pourrait négocier une entente, et non avec l’Agence mondiale antidopage, me précise son avocat.