Au Québec, on aime patenter. Gosser. Innover. Avec un certain succès. Le biberon sans air, le combiné de téléphone, la souffleuse à neige et le beurre d’arachides ont tous été inventés ici.

Cette créativité a aussi bien servi le monde du sport.

Où le premier match de hockey dans un aréna couvert a-t-il eu lieu ? Ici.

Où Allan Roth, le père des statistiques avancées, est-il né ? À Montréal.

Où James Naismith, l’inventeur du basketball, a-t-il été formé ? À McGill.

Quelle université a-t-elle affronté Harvard dans le premier match de l’histoire du football américain ? Encore McGill.

On aime sortir des sentiers battus. Faire les choses à notre manière. Avec originalité. D’accord, des fois, c’est un peu tout croche. Ça manque de décorum. Prenez les clubs montréalais de baseball, au début du XXe siècle. Les gérants rivalisaient d’audace pour remplir leurs stades. Plus les joueurs étaient étranges, plus les promoteurs vendaient des billets. Jusqu’à ce qu’un jour, un club fasse jouer un unijambiste…

Mais la plupart du temps, les idées furent porteuses. Une course de vélo de six jours au Forum. Un tournoi international de hockey pee-wee à Québec. Des parties de minigolf à la télévision.

Aujourd’hui ? Ces excentricités sont rares. On prend moins de risques qu’avant. C’est dommage.

Alors voici cinq concepts – élaborés ici ou ailleurs – qui mériteraient une deuxième vie. Et qui seraient assurément plus excitants à regarder à la télévision qu’un match présaison entre les Canucks et les Sénateurs.

The Superstars

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Gilles Villeneuve a participé à la version canadienne de The Superstars

Des athlètes de différents sports rivalisent dans des épreuves variées : nage, quilles, tennis, vélo, haltérophilie… Comme dans un décathlon, les points sont additionnés pour déterminer un vainqueur. O.J. Simpson et Hermann Maier font partie des champions de cette compétition télédiffusée des années 70 jusqu’au début des années 2000.

Le Canada a eu droit à sa propre version, présentée pendant la mi-temps des matchs de la Ligue canadienne de football. Gilles Villeneuve, Wayne Gretzky, Marcel Dionne, Larry Robinson, Mike Bossy et Réjean Genois y ont participé. Gaétan Boucher a même été sacré champion en 1980.

Imaginez une nouvelle version avec Carey Price, « Nacho » Piatti et Félix Auger-Aliassime !

Le Tour du Saint-Laurent

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE

En 1954, un Breton établi à Québec, Yvon Guillou, a fondé le Tour du Saint-Laurent. À la première édition, la course ne comprenait que quatre étapes.

Le Québec offre des terrains de jeu intéressants pour les tours cyclistes. Il y en a un en Beauce, un autre en Abitibi, en plus des Grands Prix cyclistes de Québec et de Montréal. Sauf que tout est morcelé. Pourquoi pas une seule grande compétition, d’une semaine, qui traverserait quelques régions ?

Ça a déjà existé. En 1954, un Breton établi à Québec, Yvon Guillou, a fondé le Tour du Saint-Laurent. À la première édition, la course ne comprenait que quatre étapes. Dans la décennie suivante, elle en comptera jusqu’à 18. Certains des meilleurs cyclistes au monde sont venus rouler partout en province. À tenter de nouveau. Idéalement à la fin de l’été, le temps de remplir tous les nids-de-poule.

Rendez-vous 87

PHOTO ROBERT MAILLOUX, ARCHIVES LA PRESSE

L’événement Rendez-vous 87 a été un grand succès. 

En février 1987, la ville de Québec a accueilli l’élite du hockey pour une série de deux matchs entre l’équipe de l’Union soviétique et une sélection des étoiles de la LNH. Un gros succès. Évidemment, le contexte a changé. Le mur de fer est tombé. Les meilleurs Russes évoluent maintenant dans la LNH. N’empêche, le concept d’une courte série au milieu de la saison me semble gagnant. Un 2 de 3 entre les Canadiens et les Russes ? Entre les Canadiens et les Américains ? Entre les Nord-Américains et les Européens ?

Au hockey féminin, les Canadiennes et les Américaines s’affrontent déjà dans le cadre d’une série, mais les matchs sont éparpillés dans le calendrier et sur la mappemonde. Pourquoi pas une série 3 de 5, sur une semaine, au Centre Vidéotron ?

Un lancer à 1 million de dollars

PHOTO DOUG BENC, ARCHIVES GETTY IMAGES

L’Indien Rinku Singh a signé un contrat avec les Pirates de Pittsburgh après avoir participé à une émission de téléréalité en Inde pour convertir des joueurs de cricket en lanceurs de baseball.

En 2007, l’agent du baseballeur Barry Bonds cherchait désespérément de nouveaux talents. Aux grands maux, les grands moyens : il a produit une émission de téléréalité en Inde pour convertir des joueurs de cricket en lanceurs de baseball. Deux d’entre eux ont signé des contrats avec les Pirates de Pittsburgh. L’histoire a été racontée dans le film Million Dollar Arm.

Bon, ça m’étonnerait que le prochain gagnant du trophée Cy-Young soit caché dans un hameau du Québec. Mais le concept pourrait s’appliquer à des sports moins pratiqués ici. Le handball ou le hockey sur gazon, par exemple. Le gagnant obtiendrait un essai au sein de l’équipe nationale du Canada ou un contrat professionnel à l’étranger.

Concours d’hommes forts

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE

Étienne Desmarteau

Nostalgie. Sports. Téléréalité. Mélangez les trois concepts. Ça donne un concours d’hommes forts avec les règles d’antan. Qui battra Louis Cyr, l’homme capable de « soulever à un pouce du sol, avec un seul doigt, sans gant, un haltère de 552 livres et demie ? » Ou le médaillé d’or des Jeux de St. Louis, Étienne Desmarteau, et son lancer de 10,50 m avec un poids de… 56 livres ? On veut déjà partager les vidéos !

Quelle autre compétition du passé devrait être rediffusée aujourd’hui ? Envoyez-moi vos suggestions !