Pour leur affrontement au premier tour du tournoi de Madrid, hier, Félix Auger-Aliassime et Denis Shapovalov étaient habillés pareillement. Même polo orange. Mêmes shorts gris.

Un joli clin d’œil à leur amitié.

C’est connu, les deux joueurs sont copains. Ils ont grandi ensemble. Ils ont échangé des milliers de balles entre eux. Chacun connaît les forces de l’autre. Mais aussi ses faiblesses. Ses zones d’ombre, de doute, d’insécurité.

La ligne entre l’amitié et la rivalité bougera forcément. Comme pour les hockeyeurs qui font leur stage junior ensemble et se retrouvent adversaires dans la LNH. C’est inévitable. Car Félix Auger-Aliassime et Denis Shapovalov sont de la même force. Les deux grimpent les échelons au même âge, en même temps. Et les deux se nourrissent de victoires.

Ils se croisent dans les mêmes tournois, semaine après semaine. Aujourd’hui, c’est au premier tour. Mais demain, ce sera en quart de finale. En demi-finale. En finale. Bientôt, ils ne viseront plus le titre du meilleur joueur canadien, mais celui du numéro un mondial.

Et au tennis, il n’y a qu’un seul champion.

Cette rivalité génère de bonnes histoires. De beaux moments de télévision. Elle rappelle les duels de compatriotes entre Mats Wilander et Stefan Edberg. Entre John McEnroe et Jimmy Connors. Entre Pete Sampras et Andre Agassi. Entre les sœurs Williams. Mais cette fois, ça se passe dans notre cour. On n’en est qu’à la préface. On peut rêver que les prochains chapitres s’écriront à Roland-Garros, à Wimbledon, à Toronto et à Montréal.

C’est rare que deux athlètes canadiens poussent vers le sommet en même temps. Il y a eu Donovan Bailey et Bruny Surin en athlétisme. Lyne Bessette et Geneviève Jeanson en cyclisme. Quelques boxeurs, patineurs et plongeuses.

Mais la rivalité entre Félix Auger-Aliassime et Denis Shapovalov pourrait devenir la plus grande d’entre toutes. Car elle a le potentiel de modifier notre routine hebdomadaire. De nous forcer à nous asseoir devant la télévision les beaux dimanches d’été.

Et le prochain dimanche, ce ne sera pas pour un match de premier tour.

Ce sera pour une finale.

Le territoire de Denis Savard

Comment réagiriez-vous s’il y avait une statue de Dale Hunter devant le Centre Bell ? Ou un aréna Kerry-Fraser à Québec ?

Sûrement mieux que les citoyens de Verdun et Ville-Émard face à ma chronique de mardi dernier. Celle dans laquelle je proposais de renommer des centres sportifs en l’honneur d’athlètes. Je suggérais que le nom de Mario Lemieux soit gravé sur la marquise de l’Auditorium de Verdun. 

Manger un blanchon vivant aurait suscité moins d’indignation.

Sachez que Verdun et Ville-Émard sont des quartiers de Montréal séparés par le canal de l’Aqueduc. Et un mur invisible qui rivalise en hauteur avec celui de Game of Thrones.

« Pour Verdun, Mario Lemieux était un adversaire, m’écrit Michel Lacombe. Il n’a aucune affinité avec Verdun. L’idole des Verdunois, c’est Denis Savard. C’est lui qui a fait vibrer les amateurs de hockey. »

« Verdun, c’est le territoire de Denis Savard, un incontournable », renchérit Daniel Lauzon. Leurs voix s’ajoutent à celles de la chorale de lecteurs qui souhaitent un Auditorium Denis-Savard. Présentement, la glace secondaire de l’aréna porte son nom.

Bernard Bouchard est aussi en faveur d’un Auditorium Denis-Savard. « Mais je l’appelle déjà l’aréna Robert Butch Bouchard. En l’honneur de mon père, qui est décédé durant un tournoi de hockey à l’âge de 52 ans. C’était mon idole. »

De l’autre côté du canal, les citoyens de Ville-Émard souhaitent que Mario Lemieux soit honoré. Mais pas à Verdun. Plusieurs suggèrent de renommer l’aréna Gadbois, qui se trouve sous le spaghetti géant de l’échangeur Turcot. J’y vois un problème : Joseph-Pierre Gadbois n’est pas déméritant. Il a cofondé le Club athlétique canadien, l’ancêtre du Canadien. C’est aussi à lui qu’on doit plusieurs parcs sportifs de Montréal.

Gilles Généreux, qui a grandi dans le quartier, propose l’aréna Saint-Charles. Probablement la meilleure idée. Par ailleurs, des lecteurs de partout au Québec y sont allés de leurs suggestions pour l’aréna de leur patelin. Voici mes préférées.

Les frères Stastny. Michel Jacques propose de renommer un aréna de Québec en l’honneur des frères Peter, Anton et Marian Stastny, qui ont fait les beaux jours des Nordiques dans les années 80. « Idéalement, un centre sportif avec trois glaces », écrit-il. Bien pensé !

Richard Garneau. Des descripteurs et journalistes ont des arénas à leur nom. Notamment Michel Normandin (Montréal et Brossard) et Réjean Tremblay (Saint-David-de-Falardeau). Mais pas Richard Garneau. Gilles Bégin a soumis sa candidature au maire de Québec.

Vincent Damphousse et Luc Robitaille. Ils ont grandi à Anjou, où deux arénas portent des noms qui n’ont rien à voir avec le sport. Chaumont est une ville de la France et Chénier, un poète français. Bonnes propositions de Laurent Lavigne et Normand Newberry.

Michel Bergeron. Pour le nouveau colisée de Trois-Rivières, Pierre Poliquin suggère d’honorer Michel Bergeron, ex-entraîneur-chef des Draveurs, des Nordiques et des Rangers de New York.

Pierre Turgeon. « À Rouyn, nous avons les arénas Jacques-Laperrière, Réjean-Houle et Dave-Keon, m’indique Mathieu Pépin. Mais [rien] pour le plus grand joueur de notre ville, Pierre Turgeon. »

Carol Vadnais. Alain Journault souhaite que l’aréna d’Ahuntsic porte le nom de Carol Vadnais, qui a joué son hockey mineur dans ce quartier. Vadnais a gagné deux fois la Coupe Stanley et participé à six matchs des Étoiles.

Claude Ruel. « Voilà un valeureux soldat du Canadien que l’organisation n’a pas trop chouchouté », note Daniel Gingras. L’ancien entraîneur-chef du Tricolore a dirigé l’équipe à deux reprises, remportant la Coupe Stanley en 1969. 

André Laperrière. Luc Laperrière souligne que son candidat est le premier Québécois médaillé d’or en hockey aux JO (1948). André Laperrière s’est ensuite impliqué dans la vie communautaire à Outremont, où l’aréna s’appelle platement le Centre communautaire intergénérationnel.

Didier Pitre. André Ferland aimerait que les élus de Valleyfield rendent hommage à cet attaquant de la première édition du Canadien. Surnommé Cannonball en raison de la force de son tir, Pitre était un des chouchous des partisans, avec lesquels il buvait parfois une coupe de vin pendant l’entracte !