À l'automne 2008, le monde a été frappé par une crise financière et bancaire qui a provoqué un effondrement économique majeur. Cette crise a été la plus forte que la planète ait connue depuis la Grande Dépression des années 30. Elle a été si puissante que nous en subissons encore les contrecoups.

Ce grand choc constitue l'événement économique marquant survenu pendant le règne du gouvernement de Stephen Harper, au pouvoir depuis 2006. Il a plongé le Canada en récession, provoqué des centaines de milliers de mises à pied, fait basculer le gouvernement en situation de déficit.

Faut-il vraiment rappeler que le gouvernement conservateur n'en est absolument pas responsable ? Cette crise est venue d'ailleurs et a frappé le Canada comme elle a frappé les autres pays, riches comme pauvres. Voilà pourquoi, en partant, la façon dont ses adversaires critiquent le bilan du gouvernement Harper, et plus particulièrement celle du chef néo-démocrate Thomas Mulcair, qui a un remarquable talent pour les raccourcis démagogiques, ne tient pas la route.

Dire que le gouvernement Harper a « le pire bilan de création d'emplois depuis la Deuxième Guerre mondiale » ou encore « le pire bilan de croissance économique depuis la Grande Dépression » est une insulte à l'intelligence.

La question qu'il faut plutôt poser, c'est si le gouvernement conservateur, dans les circonstances, a bien géré cette crise et s'il l'a mieux fait que les autres pays.

Retournons un peu en arrière. Porté à la tête d'un gouvernement minoritaire en 2006, le premier ministre Stephen Harper a déclenché des élections à l'automne 2008. Les premiers signaux de la crise - effondrement boursier et faillites financières - sont survenus pendant la campagne électorale. C'est par des boutades que le premier ministre les a minimisés.

Une fois réélu, encore minoritaire, quand l'existence de la crise ne faisait plus aucun doute, son gouvernement a déposé fin novembre un énoncé politique qui proposait la stratégie de lutte contre la récession probablement la pire du monde industrialisé, une poursuite des réductions des dépenses pour éviter un déficit. Une véritable aberration, car cela aurait plongé le pays dans une récession encore plus profonde. Le Canada était le seul pays industrialisé à choisir de ne rien faire. C'est l'un des éléments qui ont poussé les trois partis de l'opposition à former une coalition pour remplacer le gouvernement conservateur.

Pour éviter d'être renversé, le gouvernement Harper est revenu à la charge fin janvier avec un nouveau budget, conçu pour être acceptable aux yeux de l'opposition libérale. Ce budget proposait un vigoureux plan de relance - travaux publics, baisses d'impôt, création d'un important déficit. C'était, pour les conservateurs, un virage à 180 degrés, un virage imposé, calqué sur l'idéologie libérale.

Cette stratégie a fonctionné. Le Canada est sorti de la récession rapidement et a retrouvé la croissance dès 2010. Il a réussi à récupérer les 427 900 emplois perdus entre l'automne 2008 et l'été 2009 en à peine un an et demi. Cette reprise a été la plus vigoureuse des pays du G7, comme se plaît à le rappeler M. Harper.

Cette sortie de crise plus rapide s'explique par plusieurs facteurs qui n'ont rien à voir avec la qualité de la stratégie conservatrice. D'abord parce que le choc de la crise a été moins brutal au Canada grâce à trois facteurs : la stabilité de son système financier, l'existence de surplus budgétaires donnant au gouvernement une marge de manoeuvre, ainsi qu'un filet de sécurité sociale qui a réduit les coûts humains de la crise. Ces trois facteurs étaient un héritage du passé. À cela s'est ajouté un quatrième élément, celui-là extérieur, une hausse des prix du pétrole qui a stimulé l'économie canadienne.

À reculons, les conservateurs ont bien géré la crise, mais ils l'ont fait sans originalité, sans leaderhip et sans vision.

Leur stratégie de relance du Canada a été exactement la même que celle des autres pays industrialisés. Elle n'était pas non plus différente de celle que les libéraux auraient déployée s'ils avaient été au pouvoir.