Nous avons tellement été démotivés par les faiblesses du leadership montréalais, ensuite tellement découragés par les révélations sur la corruption municipale, nous sommes tellement habitués à critiquer et à nous plaindre que nous ne nous sommes pas aperçus que le balancier avait changé de direction et que Montréal, après des décennies de déclin, a commencé à amorcer sa remontée depuis un bon nombre d'années.

C'est le succès de « je vois mtl », le grand rassemblement qui a réuni lundi 1500 personnes dans un foisonnement d'idées et de projets, qui m'a inspiré cette réflexion. Certains ont vu dans cet événement l'amorce du processus de changement dont a tant besoin la métropole. J'y vois davantage le symbole du fait que ce processus de changement est déjà bien amorcé. Si Montréal était encore à plat, « je vois mtl » n'aurait pas été un succès.

Dans les lignes qui suivent, je propose de regarder ce qui s'est fait à Montréal depuis quelques années, les outils dont il s'est doté pour assurer sa relance, des réalisations qu'on finit par ne plus voir à force de regarder le mauvais côté des choses.

Du côté politique, après l'électrochoc des révélations sur la corruption dont Montréal et Laval étaient l'épicentre, l'UPAC et la commission Charbonneau ont permis de casser le système et nous aideront à prévenir les dérapages dans l'avenir. Les succès sont assez solides pour que le milieu montréalais puisse mettre les scandales derrière lui.

Aux élections municipales de novembre dernier, les quatre candidats à la mairie nous ont aussi permis de rompre avec le passé. Et le nouveau maire, Denis Coderre, qui gère bien ses dossiers, qui exerce un leadership pour Montréal et la région montréalaise, semble en voie de se révéler comme le meilleur maire que nous avons eu depuis trois décennies. Au niveau provincial, on a assisté à une autre grande rupture, quand le gouvernement Couillard a accepté formellement de reconnaître la spécificité de la métropole.

Ensuite, Montréal a commencé à se doter d'infrastructures majeures, essentielles pour son développement futur. Le CUSM ? C'est un scandale. Le CHUM ? C'est le débat sur les PPP. Mais les deux super-hôpitaux sont sortis du sol et donneront à Montréal, avec le nouveau Sainte-Justine, un réseau hospitalier du XXIe siècle. Le pont Champlain ? C'est le péage et le débat sur le nom à lui donner. Mais on aura un nouveau pont, beaucoup plus beau que le précédent. On refera aussi l'échangeur Turcot. Des travaux majeurs avec des milliards d'investissement. À force de pester contre les cônes orange, on oublie aussi qu'ils sont des témoins du fait que Montréal comble un demi-siècle de retard dans la réfection de ses infrastructures.

Montréal vit également un boom immobilier sans précédent : des espaces commerciaux et des condos dans le centre-ville, la gentrification de quartiers oubliés, le développement, hélas désordonné, de Griffintown. Il n'y a pas eu autant de grues depuis quarante ans et les prix immobiliers restent élevés, ce qui témoigne certainement d'une vitalité nouvelle. Tout cela s'ajoute à d'autres grandes transformations, comme la création du Quartier international ou la renaissance du Vieux-Montréal.

Le milieu de vie montréalais s'est aussi amélioré, avec, par exemple, la création du Quartier des spectacles, et derrière, l'intégration de la culture à la réflexion commune sur la ville. Il y a beaucoup d'autres symboles de cette vitalité : le BIXI, ou encore une cohésion sociale que la catastrophe de la charte n'a pas réussi à ébranler.

Et pour coiffer le tout, Montréal a une foule de projets dans ses cartons : transports en commun, recouvrement de l'autoroute Ville-Marie, développement du Vieux-Port et les célébrations du 375e anniversaire de la ville.

L'exercice est volontairement jovialiste. Mais il montre que la métropole a déjà fait un bon bout de chemin.