Ce qui semblait s'annoncer lors du scrutin du 7 avril dernier est en train de se produire. L'effondrement du Parti québécois se poursuit et c'est la Coalition avenir Québec de François Legault qui est en train de s'installer comme alternative au pouvoir et comme la véritable opposition à l'Assemblée nationale.

Le sondage CROP-La Presse publié hier montre que les libéraux restent bien en avance, avec 39% des intentions de vote après répartition, une légère baisse qui peut s'expliquer par les réactions aux politiques d'austérité. Mais leur position reste solide, avec un taux de satisfaction de 47%, élevé dans les circonstances.

La CAQ poursuit son ascension, avec 29% des appuis, une avance de 10 points sur le PQ qui, avec 19% des intentions de vote, poursuit sa descente aux enfers. Et il est clair que les gains du parti de M. Legault se font au détriment de celui que dirigeait Mme Marois.

Reste à voir si les déboires du PQ, affaibli par une dure défaite et maintenant sans chef, sont de nature temporaire, et donc si le succès de la CAQ risque d'être éphémère. La victoire de Mario Beaulieu à la direction du Bloc québécois, que l'on peut qualifier de souverainiste hargneux, semble indiquer un réflexe de sectarisation au sein des forces souverainistes qui n'est pas de bon augure pour son avenir.

La seule vraie menace pour M. Legault, à mon humble avis, ce serait que le PQ abandonne son option pour se recentrer sur ses idées sociales-démocrates, ce qui créerait une nouvelle configuration politique où le PLQ et la CAQ seraient un peu à l'étroit sur le territoire du centre-droit. Mais ce n'est pas le scénario le plus probable.

Ces progrès font en sorte que la CAQ est devenue le premier parti chez les francophones, une donnée importante de notre arithmétique électorale, avec 35% des appuis, contre 27% pour le PLQ et 24% pour le PQ. Si la CAQ écrase ses adversaires dans la région de Québec et les domine nettement dans le reste de la province, il lui reste énormément de travail à faire dans la région métropolitaine. Sur l'île de Montréal, avec 14% des appuis, la CAQ est en quatrième position, derrière Québec solidaire! Et dans la couronne, ses appuis de 25% lui permettent de devancer le PQ, qui récolte 21%, mais le placent loin derrière les 44% des libéraux.

Mais il est important de souligner que ce succès ne s'explique pas seulement par les déboires du PQ. Ils tiennent beaucoup au travail de la CAQ. On le voit entre autres au succès personnel de François Legault. 27% des répondants estiment qu'il ferait le meilleur premier ministre, pas loin derrière les 30% que recueille Philippe Couillard.

Ce succès s'explique aussi par une bonne campagne électorale, par une vision qui reflète celle de nombreux Québécois, notamment la responsabilité fiscale et le refus du débat constitutionnel. Il tient aussi au fait que le gouvernement Couillard s'est inspiré de plusieurs de ses idées, ce qui a certainement contribué à la crédibilité du parti.

Il tient enfin à son rôle à l'Assemblée nationale. Sans autant de députés que le PQ, sans les privilèges dont dispose l'Opposition officielle, la CAQ a été solide dans cette courte session parlementaire, notamment dans le principal dossier que les parlementaires ont abordé, le budget Leitao. Ce n'était pas une position facile, d'appuyer certains éléments de ce budget tout en restant critique. Mais je suis persuadé que ce genre d'opposition, ferme, constructive, qui ne tombe pas dans la partisanerie primaire, plait aux citoyens qui sont tannés du cirque parlementaire.

Quatre ans nous séparent des prochaines élections. Quatre ans, c'est long. Mais on peut dire que le cheminement de la Coalition avenir Québec est bien a amorcé.