Encore un palmarès économique. Cette fois-ci, c'est le Conference Board du Canada qui publie une étude sur la performance économique des provinces canadiennes. Et qui nous dit, comme toutes les autres comparaisons, que la performance québécoise, sans être catastrophique, est médiocre.

Cette étude compare les 10 provinces et 16 pays comparables et leur décerne des notes, de A à D, comme à l'école, à partir de huit critères. L'Alberta se mérite un A, comme l'Australie, la Norvège, les États-Unis et l'Irlande. Le Canada, la Suisse, la Suède, l'Allemagne et l'Ontario obtiennent un B. Le Québec est dans le groupe de la note de passage, C, avec le Japon qui en arrache, le Danemark et les Pays-Bas. La France et la Finlande ont un D, comme le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse.

Et la question qui tue: aimez-vous que le Québec soit ordinaire?

Évidemment, les résultats de telles comparaisons dépendront des critères choisis. Mais on peut constater que, peu importe les études, les résultats pour le Québec sont à peu près toujours les mêmes. À l'exception des calculs savants de l'ex-ministre Jean-François Lisée, qui a tout fait pour démontrer que le Québec est une véritable bombe économique.

Je sais que ces études en agacent certains au Québec, surtout ceux qui ont le coeur à gauche, qui voient dans ces comparaisons une forme de compétition futile - l'équivalent économique de qui fera pipi le plus loin - et qui trouvent aussi que ces études proviennent toujours du même bord, celui qu'on décrit un peu trop vite comme néo-libéral.

C'est vrai que les études viennent de milieux plus conservateurs, surtout, hélas, parce que ce sont eux qui se préoccupent le plus de questions économiques qui devraient aussi obséder la gauche. Les efforts pour rendre l'économie québécoise plus performante ont d'abord pour but de réussir à créer plus d'emplois, d'augmenter les revenus des gens et les recettes fiscales, ce que les pays d'Europe du Nord ont mieux compris que nous. Les sociétés généreuses sont celles qui ont les moyens de leur générosité.

Les classements et les comparaisons, ce qu'on appelle en anglais le «benchmarking», sont essentiels pour évaluer l'état des lieux et pour savoir si on va dans la bonne direction, si on peut faire mieux. Ça joue d'ailleurs des deux côtés. C'est grâce à une étude internationale, le PISA, que les Québécois ont découvert que leur système d'éducation était l'un des meilleurs au monde. Le principe de ces comparaisons, c'est qu'au lieu de se regarder le nombril, on doit d'abord se regarder dans le miroir, pour ensuite regarder par la fenêtre comment ça se passe ailleurs.

Le classement du Conference Board tient d'abord compte de la performance de base, le revenu par habitant, où le Québec, en bas de liste, se mérite un D. Ensuite, un critère d'équilibre social, le taux de chômage, où le Québec s'en tire bien avec un B. Enfin, des mesures de la viabilité de cette performance: la croissance du PIB, où le Québec va aussi chercher un B; celle de l'emploi, où il se mérite un A - un succès temporaire si on regarde l'évolution récente de l'emploi -; la croissance de la productivité, où l'on n'obtient qu'un C; l'inflation, encore un B; et les investissements directs étrangers pour de nouvelles activités, tant entrants que sortants, une mesure d'ouverture sur le monde où l'on mérite deux D.

Un tel exercice ne sert pas seulement à nous dire où nous en sommes. Il sert aussi à nous dire où aller, quoi faire pour changer les choses. D'abord, augmenter le revenu par habitant, et pour y parvenir, s'attaquer aux causes de sa faiblesse, la croissance trop faible de la productivité et le niveau insuffisant des investissements.