Un des facteurs qui contribue à la désillusion des citoyens à l'égard de leur classe politique, ce sont les pratiques partisanes, notamment les débats de l'Assemblée nationale, avec leurs excès, leur simplisme et leurs demi-vérités.

On en encore a eu bel exemple jeudi dans les échanges sur la mise à jour économique et financière, déposée par le ministre des Finances, Nicolas Marceau. Quand les parlementaires exagèrent, c'est leur crédibilité qui en prend un coup.

En substance, Nicolas Marceau revoit les chiffres de son budget de novembre dernier, pour constater que la croissance économique sera plus faible que prévu, ce qui affectera négativement ses équilibres budgétaires. Mais malgré ces inconvénients, il maintient son objectif d'éliminer le déficit en 2013-2014, soit l'année financière qui commence lundi prochain. Une constance et une détermination qui sont tout à son honneur.

Le ministre Marceau s'est fait reprocher par les libéraux d'avoir révisé ses prévisions à la baisse quatre mois après son budget. Il s'est fait reprocher par les caquistes d'annoncer une croissance inférieure à celle de l'Ontario et du Canada. Tout cela est bien injuste.

Le ralentissement de l'économie à la fin de 2012 est un phénomène mondial, qui dépasse largement le Québec et qui a forcé tout le monde à réviser ses prévisions à la baisse. L'Organisation de coopération et de développement économiques l'avait fait. Le ministre canadien des Finances Jim Flaherty aussi, dans son budget de la semaine dernière, où il a rabaissé de 2,0% à 1,6% sa prévision de croissance du PIB de 2,0% pour 2013, en se fiant aux pronostics eux aussi à la baisse de la plupart des organismes de prévision au Canada.

On ne peut donc pas reprocher à Nicolas Marceau de revoir lui aussi ses prévisions à la baisse, de 1,5% à 1,3%. On ne peut pas non plus lui reprocher le fait que l'économie québécoise croisse moins vite que prévu, un phénomène largement lié à un contexte mondial sur lequel il n'a aucun contrôle, d'autant plus que le gouvernement dont il est membre est en poste depuis trop peu longtemps pour être responsable de ce qui se passe.

L'autre critique, celle de François Legault, porte sur le fait que la croissance québécoise soit inférieure à celle du Canada - 1,8% contre 1,0% en 2012, 1,6% contre 1,3% en 2013, et 2,5% contre 1,8% en 2014. Le chef caquiste a raison de parler de cet écart. Mais on ne peut pas en attribuer la responsabilité à un nouveau gouvernement, d'autant plus que ce retard du Québec par rapport au Canada est hélas la norme depuis des décennies. Le problème est fondamental, mais il doit dépasser le débat partisan.

On doit cependant noter que le ministre Marceau répond à l'indignation factice de l'opposition par un autre travers partisan. Au lieu de s'inquiéter de cette faible croissance, il a une tendance à la nier, en affirmant que «la croissance économique se poursuit», ou que «la croissance au Québec devrait s'accélérer» quand un piteux passage de 1,0% à 1,3% ne mérite pas d'être qualifié d'accélération.

D'autant plus que les dernières prévisions de l'OCDE semblent indiquer la présence d'une certaine reprise mondiale dont le Canada est un peu exclu, et le Québec encore davantage. Un peu plus de transparence aiderait à ce que l'on reconnaisse le problème et qu'on s'y attaque avec fermeté. Et qu'on ne l'oublie pas en cours de route comme on semble le faire dans certains dossiers, par exemple le développement minier.

N'oublions pas que si la croissance québécoise était plus vigoureuse, et que si le Québec n'était pas presque toujours en retard sur le reste du Canada, la lutte au déficit ne prendrait pas les accents brutaux qu'elle connaît actuellement.