Le président des États-Unis, Barack Obama, a remporté la bataille électorale, après une lutte extrêmement serrée. Une victoire à l'arraché qui laissera le pays profondément divisé.

Cette campagne présidentielle américaine a porté principalement sur les questions économiques, parce que les Américains sont marqués par le taux de chômage et la faiblesse de la reprise, et parce que le gouvernement américain, avec l'endettement et le déficit, n'est pas loin de frapper un mur.

Le véritable enjeu de cette élection, c'était donc de déterminer qui, de Barack Obama ou de Mitt Romney, proposait la stratégie qui était la plus à même de ramener les États-Unis sur la voie de la prospérité. Et pour cette raison, les défis que devra relever le président pour son deuxième mandat seront d'abord et avant tout de nature économique.

Disons tout de suite qu'on peut pousser un soupir de soulagement. Parce que sur la foi de la feuille de route des deux hommes, de ce qu'ils ont proposé dans cette course intense, c'est le président Obama dont les propositions sont le plus à même de résoudre les problèmes auxquels les États-Unis sont confrontés.

Le choix de Barack Obama, les Québécois et les Canadiens le font spontanément, parce qu'ils sont plus près des valeurs démocrates, et qu'ils se méfient de l'idéologie républicaine. Mais il y avait une autre raison pour les Canadiens de souhaiter une victoire d'Obama.

L'élément de la politique américaine qui aura le plus d'incidence sur le Canada, ce ne sont pas les politiques de santé ou l'environnement, mais la capacité des États-Unis de retrouver une croissance dont le Canada a absolument besoin pour sa propre santé économique.

Pourquoi Obama pourra faire mieux? Parce que le passé peut être garant de l'avenir. Le bilan économique du président a été bien en deçà des énormes attentes qu'il avait suscitées. Les États-Unis n'ont pas récupéré les emplois perdus pendant la récession. Mais il faut se souvenir que M. Obama avait hérité d'une situation catastrophique.

Il a probablement réussi à empêcher son pays de s'enfoncer dans la dépression, grâce aux centaines de milliards qu'il a injectés dans l'économie et grâce à des politiques contestées, comme le soutien à l'industrie automobile.

Mais les États-Unis sont maintenant confrontés à un double problème: maintenir le stimulus économique tout en commençant à réduire le déficit. L'approche que propose Barack Obama, avec un savant dosage de politiques de relance, de réductions de dépenses et de hausses d'impôt, est équilibrée.

On ne retrouvait pas cet équilibre chez Mitt Romney, dont les propositions étaient à la fois vagues et dogmatiques. Des compressions brutales, mais d'importantes dépenses militaires. Des baisses d'impôt, surtout pour les riches, au nom d'une théorie économique en vogue chez les républicains les plus conservateurs qui relève de la pensée magique.

Il est vrai que le président Obama a déçu, notamment par son incapacité de s'imposer ou de composer avec une Chambre des représentants qui lui était devenue hostile, avec une certaine absence qui s'est encore manifestée dans cette élection présidentielle où il a laissé filer une victoire qui semblait certaine.

Ce problème se posera à nouveau, car malgré sa victoire, Barack Obama n'aura toujours pas les mains libres, puisque les républicains contrôlent encore la Chambre des représentants, même si les démocrates semblent réussir à conserver leur majorité au Sénat.

Le président sera donc aux prises avec la même polarisation idéologique. Réussira-t-il, cette fois-ci, à travailler avec un Congrès républicain où l'influence du Tea Party sera toutefois amoindrie? Est-ce que cette seconde victoire lui donnera l'autorité morale dont il avait besoin pour briser l'impasse? C'est ce qui fera la différence entre le succès et l'échec.