Jeudi dernier, les étudiants n'étaient pas seuls dans la rue pour dénoncer la hausse des droits de scolarité. Plusieurs syndicats, une foule de groupes de gauche, Amir Khadir de Québec solidaire, étaient là pour les appuyer dans leur lutte. Tout comme une dizaine de députés du Parti québécois.

Qu'est-ce qu'ils faisaient là?

Cet incident illustre un pattern assez préoccupant dans la façon dont le Parti québécois s'acquitte de son rôle d'Opposition officielle. Ce n'est certes pas facile d'être un parti d'opposition. C'est un rôle ingrat, où l'on critique tout le temps. Mais une opposition doit être capable, à travers cette démarche essentiellement négative, d'esquisser les contours du futur gouvernement qu'elle voudrait former.

C'est ce que le PQ, sous la direction de Pauline Marois, ne réussit pas à faire. L'opposition péquiste est extrêmement agressive, hargneuse même. Mais elle va dans tous les sens, elle manque de jugement, assez pour que bien des Québécois n'aient plus le goût de leur confier le pouvoir. Et je suis pas mal certain que cela contribue, en plus du boulet de l'option, à l'impopularité du Parti québécois.

C'est d'autant plus étonnant que le PQ a dirigé le gouvernement plus de 17 ans depuis 1976. Il l'a fait de façon compétente et responsable. Mme Marois a contribué à ce bilan comme bonne ministre de l'Éducation, de la Santé, des Finances. Il y a cependant une déconnexion entre cette tradition et ce qu'annonce maintenant l'opposition. Je vais en donner trois exemples.

Le PQ, auparavant ouvert à une hausse des droits de scolarité, a maintenant choisi d'appuyer les étudiants sans la moindre réserve. Mme Marois, en Chambre, a qualifié le projet libéral de «totalement odieux», de «carrément et complètement inadmissible.» Les termes sont extrêmement forts. Il faut donc se demander si le PQ, après avoir été dans la rue avec les étudiants, éliminera les hausses des droits des libéraux s'il prend le pouvoir aux prochaines élections.

On a assisté au même processus dans le dossier minier. Le porte-praole du PQ en matière de mines, après avoir vu le documentaire Trou Story, «note une constante frappante: le développement minier en 2011 continue d'être un développement colonialiste comme en 1870. C'est pitoyable de voir le Parti libéral perpétuer ce développement colonialiste à l'avantage des multinationales étrangères.»

Richard Desjardins, dans ce film-pamphlet, a fait son travail, celui de forcer une réflexion. Mais est-il normal que le PQ reprenne son argumentaire militant, qui ne prétend pas à l'objectivité? Surtout que ce régime minier «colonialiste» sévissait sans doute pendant toutes les années où le PQ était au pouvoir.

Même approche pour les gaz de schiste. Le PQ était encore une fois dans la rue, cette fois-ci avec les écolos qui manifestaient à l'extérieur de la conférence annuelle de l'Association pétrolière et gazière. Est-ce raisonnable pour un parti qui veut prendre le pouvoir? «Les citoyens sont actuellement traités comme des rats de laboratoire parce que le gouvernement permet le développement à tâtons des gaz de schiste au Québec, affirme le PQ. Il y a trop d'incertitudes. La France l'a compris, qu'attend Jean Charest pour le comprendre?» Faut-il en déduire que le PQ veut maintenant un moratoire à la française, en fait un gel permanent?

On comprend que le PQ veuille récolter les fruits de l'impopularité du gouvernement Charest en appuyant les mouvements d'opposition. Mais jusqu'où peut-il aller? Le PQ n'est pas censé être Québec solidaire. À force de reprendre à son compte tous les discours militants, il finit par perdre sa cohérence, et compromet la crédibilité dont il a besoin pour former le gouvernement.