La crise au Parti québécois s'aggrave. Pas une journée sans un nouvel incident. À un tel point qu'on en vient à se demander si ce parti, après avoir dominé la vie politique québécoise pendant quatre décennies, n'est pas en train de se désintégrer sous nos yeux. Ce scénario est maintenant devenu chose possible.

La crise au Parti québécois s'aggrave. Pas une journée sans un nouvel incident. À un tel point qu'on en vient à se demander si ce parti, après avoir dominé la vie politique québécoise pendant quatre décennies, n'est pas en train de se désintégrer sous nos yeux. Ce scénario est maintenant devenu chose possible.

Les escarmouches qui ont épicé l'actualité depuis quelques semaines ne sont pas des accidents de parcours. Elles sont plutôt les manifestations de tendances lourdes qui, en s'accélérant, menacent de provoquer l'implosion de ce grand parti.

Le PQ, depuis sa fondation, a toujours vécu un débat interne entre durs et modérés. Parce que l'appui à l'option n'était pas majoritaire, deux courants s'affrontaient. Ceux qui voulaient foncer et forcer le jeu dans un quitte ou double référendaire, et ceux qui préféraient une approche prudente et graduelle, quitte à diriger un bon gouvernement en attendant le moment opportun. Ce parti a ainsi toujours été en état de crise larvée et en éternel mécontentement.

Le débat s'est radicalement transformé depuis quelques années, quand il est devenu clair pour la plupart que la victoire de la souveraineté n'était pas seulement difficile, mais plutôt impossible. Ce renversement de tendance a provoqué des effets en cascade.

D'abord l'effritement du ciment qui tenait ensemble une coalition hétérogène. Si le succès de la souveraineté devenait, au mieux, lointain, il n'y avait plus de raisons de rester ensemble. Et c'est ainsi que le PQ perd des morceaux sans que cela ne paraisse trop. Les vrais radicaux ont formé des groupuscules. Des militants de gauche, plus socialistes que souverainistes, sont partis vers Québec solidaire. Certains péquistes de droite ont rejoint l'ADQ. De bons éléments sont allés au Bloc. D'autres sont devenus libéraux. Sans compter les déçus, les fatigués ou ceux qui n'y croient plus, qui ont discrètement tourné la page.

Cela se reflète dans les résultats électoraux. Les appuis au PQ suivent une tendance à la baisse. Ce parti n'a pas réussi à recueillir 40% des voix depuis 1998, et a même perdu son statut d'opposition officielle en 2007.

Le réalisme politique aurait voulu que l'establishment du PQ prenne acte de ce changement majeur, et réoriente le programme pour tenir compte de fait que les Québécois ne les suivront pas. Une thèse que j'ai défendue il y a trois ans dans un essai, À mes amis souverainistes, qui s'est avéré assez prophétique.

Mais le PQ s'est enferré dans sa logique, promettant la souveraineté sans pouvoir la faire. Il a sombré dans la langue de bois et le double discours, réussissant ainsi à la fois à agacer les citoyens et à enrager les militants.

Et comme le PQ n'a pas été capable de se réformer, la réforme est en train de se faire en dehors du parti. C'est François Legault qui a amorcé le processus, avec un succès redoutable. Sa coalition risque d'accélérer le processus de désagrégation, parce qu'il est probable que des militants et des députés moins dogmatiques du PQ seront tentés de le rejoindre.

Dans ce contexte très menaçant, presque critique, les militants péquistes multiplient les comportements suicidaires qui accélèrent le processus de désagrégation. En contestant Pauline Marois huit semaines après l'avoir plébiscitée à 93%, le PQ projette une image d'incohérence qui ne peut que repousser l'électorat. Les interventions des ex-chefs vieillis et aigris ne font qu'empirer les choses.

Le PQ aurait pu survivre à tout cela, en comptant sur la loi implacable de l'alternance et sur l'usure dont souffrent les libéraux pour reprendre malgré tout le pouvoir. Mais si la Coalition pour l'avenir du Québec prend son envol, c'est cette dernière chance qui s'envole.