Le Parti québécois n'a pas été secoué par une crise cette semaine. Le PQ est en crise permanente depuis 1995. La démission fracassante de quatre députés n'en est qu'une manifestation de plus. De la même façon, Pauline Marois n'a pas un problème de leadership, elle ne fait que subir le sort qui a été réservé à tous ses prédécesseurs.

Le Parti québécois n'a pas été secoué par une crise cette semaine. Le PQ est en crise permanente depuis 1995. La démission fracassante de quatre députés n'en est qu'une manifestation de plus. De la même façon, Pauline Marois n'a pas un problème de leadership, elle ne fait que subir le sort qui a été réservé à tous ses prédécesseurs.

Ce qui ronge ce parti, et qui le mène à ces épisodes absurdes d'automutilation, c'est une seule et même chose: l'incapacité du PQ de prendre acte du fait que les Québécois ne le suivront pas sur la voie de l'indépendance.

C'est surtout après le référendum de 1995 que le malaise s'est transformé en crise, quand il est devenu de plus en plus évident que cette quasi-victoire n'était pas une répétition générale, mais un accident de parcours qui ne se reproduirait plus. L'idée de la souveraineté n'est pas morte, mais ses appuis stagnent, l'ardeur s'étiole, tant et si bien qu'on cherche en vain un scénario qui permettrait à l'option de recueillir l'appui majoritaire dont elle a besoin.

Mais le parti a choisi le déni. Et c'est ce déni qui alimente un processus d'implosion, ponctué d'épisodes tragi-comiques, comme cette démission de quatre députés sur un enjeu insignifiant.

Ce malaise sans fin, on le voit au sort réservé aux chefs. René Lévesque a été abandonné avec fracas par plusieurs de ses proches parce qu'il envisageait le beau risque. Pierre-Marc Johnson a été banni parce qu'il a osé parler d'affirmation nationale. Jacques Parizeau a démissionné au lendemain de la défaite de 1995. Lucien Bouchard a claqué la porte. Bernard Landry a démissionné, insatisfait de l'appui du parti à son égard. André Boisclair, l'espoir du parti qui a quitté le parti dans la honte de la défaite. Et maintenant, Pauline Marois fait face à une fronde quand le parti vient de lui donner un appui indéfectible.

L'enjeu est toujours le même : la souveraineté ne passe pas. Le chef, qui ne veut pas mener ses troupes au massacre, essaie d'une façon ou d'une autre de mettre la pédale douce. Et se retrouve invariablement pris en sandwich entre une population qui trouve qu'il parle trop de souveraineté, et un parti qui lui reproche sa tiédeur, encouragé en cela par Jacques Parizeau dans son rôle de vieillard malfaisant.

Ce cycle, compréhensible pour un mouvement naissant, devient de plus en plus surréaliste, quand les signaux se multiplient, comme la débâcle du Bloc québécois, et quand on voit bien que l'idée ne fait plus de progrès après 40 ans d'efforts.

On pourrait en rire. Il ne faut pas. Parce que ces convulsions ne sont pas saines. Elles peuvent mener à des gestes imprévisibles, elles gaspillent notre énergie collective et surtout, elles contribuent largement à la désaffection des Québécois pour la politique.

Notre sondage CROP est sans appel. Une majorité écrasante de Québécois, 82%, veulent que le PQ prenne le pouvoir pour former un bon gouvernement, et non pas pour faire la souveraineté. Même les souverainistes, dans une proportion de 68%, sont d'accord.

Le PQ, au lieu d'écouter les citoyens, contemple son nombril, se complait dans ses querelles internes, pense à sa cause plutôt qu'aux aspirations des Québécois. Je ne suis pas populiste. Je ne crois pas qu'un parti doive se borner à proposer ce que souhaitent les gens. Il doit offrir une vision. Mais un projet comme la souveraineté n'a pas de sens s'il n'est pas l'expression d'une volonté populaire.

L'acharnement du PQ, son intention de prendre les gens en otages, en comptant sur une victoire, essentiellement attribuable au désir de remplacer les libéraux, pour leur imposer une démarche dont ils ne veulent pas, est foncièrement antidémocratique.