La stratégie du premier ministre Jean Charest de lancer une nouvelle session parlementaire avec un discours inaugural a, de façon générale, suscité deux types de commentaires. On y a d'abord vu une manoeuvre pour relancer un gouvernement malmené. On a ensuite douté du fait que cette stratégie puisse restaurer le lien de confiance.

La stratégie du premier ministre Jean Charest de lancer une nouvelle session parlementaire avec un discours inaugural a, de façon générale, suscité deux types de commentaires. On y a d'abord vu une manoeuvre pour relancer un gouvernement malmené. On a ensuite douté du fait que cette stratégie puisse restaurer le lien de confiance.

Sur le premier point, pas de discussion possible. C'est assez évident que les libéraux, au plus bas dans les sondages, essaient de retrouver un second souffle. Mais on n'a aucune raison de s'en scandaliser. Quand les choses ne vont pas bien, que ce soit dans le cas d'un gouvernement, d'une entreprise, d'une équipe de hockey, la chose à faire, c'est de rebrasser les cartes pour rebondir.

Sur le second point, on sait qu'il serait difficile pour un gouvernement, quel qu'il soit, de remporter des élections après une si longue présence au pouvoir. Cependant, c'est mal poser le problème. Les spéculations sur les chances de survie des libéraux fascineront les analystes politiques, et les politiciens eux-mêmes.

Mais il y a une autre façon de voir les choses, qui sera celle de bien des citoyens. Puisque le gouvernement libéral sera en poste pour encore deux ans, est-ce que ce second souffle lui permettra, indépendamment de l'issue électorale, de faire mieux, de mieux gérer la chose publique?

C'est possible. À un premier niveau, en raison de la nature de ce gouvernement. J'ai écrit à plusieurs reprises qu'on a l'impression qu'il y a deux Jean Charest. Le premier, assez absent, maladroit, qui a du mal à imprimer une cohérence à son équipe. Et le second, énergique et fonceur, qui se manifeste surtout dans l'adversité. L'amorce de cette nouvelle session donnera peut-être l'occasion à cet autre Jean Charest de se manifester.

À un second niveau, on sait que la première moitié de ce mandat a été dominé par deux enjeux: la corruption dans la construction et ensuite le gaz de schiste. Ces deux dossiers, où la performance du gouvernement a été plus que médiocre, ont pris toute la place, et ont largement contribué à la chute de popularité des libéraux. Comme si la mission d'un gouvernement se limitait à deux mots magiques, «commission» et «moratoire».

Cela a fait oublier que dans une foule de dossiers, les choses vont bien et que le gouvernement libéral fait fort bien son travail. Notamment en économie. Ou encore dans les négociations largement réussies avec les employés de l'État.

Mais est-ce qu'un discours inaugural, et quelques initiatives, réussiront à remettre le gouvernement sur ses rails? Ce n'est pas le discours inaugural en lui-même qui nous le dira, parce que ce document, comme tous les discours inauguraux, est un texte vague, riche en bonnes intentions et pauvre en détail.

Un discours, aussi intéressant soit-il, ne nous dit pas non plus si le gouvernement aura le souffle pour mener à bien les projets qu'il annonce, ou s'il ne s'agit que d'un sursaut éphémère.

Ce qu'on peut en dire, au-delà de quelques éléments capables de frapper l'imagination, comme l'apprentissage intensif de l'anglais en sixième année, c'est qu'il redonne un «focus» au gouvernement, avec cinq enjeux - éducation, santé, emploi, développement durable, ressources - qui sont bien ciblés. Qu'il envoie plusieurs de bons messages, en mettant l'accent sur l'éducation, ou en posant les questions de l'emploi de la bonne façon, en insistant sur les besoins en main-d'oeuvre.

De toute façon, on sait que les véritables tests arriveront très vites. On verra rapidement, dans les prochaines semaines, s'il y a de la substance derrière les bonnes intentions, quand le gouvernement accouchera de son Plan Nord, quand il déposera son budget, quand il imposera un cadre à l'industrie du gaz.